Avec ses chaussons un peu vieillots aux pieds, c’est vrai qu’il ne paie pas de mine, le grand-duc de Flandrensis. Citoyen belge de 33 ans, le dignitaire de pacotille a revêtu son uniforme noir d’apparat pour nous accueillir chez lui mais, au fond, Niels Vermeersch se moque du décorum. Alors va pour les chaussons, autant être à l’aise. Lui, ce qui l’intéresse, c’est de livrer combat pour sauver la planète. Flandrensis, la micronation qu’il a fondée tout seul devant son ordinateur à l’été 2008, n’est que la vitrine costumée de son ONG environnementale consacrée à la lutte contre le dérèglement climatique.
En ce mardi 20 juillet, la Belgique porte le deuil après les inondations catastrophiques qui ont dévasté l’est du pays et provoqué la mort de 36 personnes. Niels Vermeersch le rappelle juste d’une phrase. Il n’est pas du genre à faire dans le mélo.
Marié à une infirmière et père de deux petits garçons, le fonctionnaire territorial habite avec sa famille dans le village de Sint-Juliaan en Flandre-Occidentale. Dans le lotissement où ils résident, personne ne roule sur l’or. Niels a dû négocier avec son épouse avant de dresser dans leur modeste jardin l’étendard de Flandrensis, très inspiré du premier drapeau belge, celui brandi lors de l’indépendance de 1830, après la révolte contre les Pays-Bas. « J’ai remplacé la bande jaune par une bande blanche afin de symboliser un nouveau départ mais j’ai gardé les deux lions, signes de bravoure. »
Devant les yeux ébahis de ses voisins, la maison est devenue l’ambassade officielle du Grand-Duché au sein du Royaume de Belgique. Une plaque vissée à la main au-dessus de la boîte aux lettres familiale en témoigne officiellement. Niels Vermeersch fait feu de tout bois et visiblement, ça marche. Malgré les faibles moyens dont elle dispose, Flandrensis est aujourd’hui l’une des micronations les plus connues au monde et l’une des plus respectées aussi.
Croisade pour la nature
Oubliés les chaussons, le jeune papa est un guerrier. Certes, il n’a pas la carrure de Rambo mais son regard déterminé en dit plus qu’assez. Face à nous se dresse Son Altesse royale Nicholas de Mersch d’Oyenberghe. Passionné d’histoire et de généalogie, l’homme n’a pas choisi son noble patronyme au hasard. « J’ai fait des recherches sur mes ancêtres et, au XIIe siècle, la branche des Oyenberghe a donné naissance à de preux chevaliers partis se battre en Terre sainte », raconte avec fierté ce soldat des temps modernes en croisade pour la nature.
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