Le "meilleur d'entre nous", selon les propres termes du président de la République, Alain Juppé est de nouveau éligible à partir de mardi 6 décembre. Dès lundi, l'ancien premier ministre s'est empressé pourtant de réaffirmer sur son blog qu'il ne veut se "mêler en aucune manière de la compétition des hommes et des femmes politiques". Or depuis l'annonce de la fin de son inéligibilité, le monde de la politique française ne cesse d'envisager son retour, avec toutes les conséquences que cela implique en pleine guerre de succession entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy.
Et lui de marteler dans son blog "tant que je suis au Québec, c'est-à-dire jusqu'à l'été 2006, je ne souhaite pas prendre position ni faire de commentaires sur la vie politique intérieure française". Alain Juppé enseigne en effet depuis la rentrée à l'Ecole nationale d'administration publique du Québec (ENAP). "Je continuerai certes à donner mon opinion sur les grands sujets qui intéressent l'avenir de la France et de la planète", affirme-t-il. "L'échéance du 6 décembre ne change rien à ma détermination", ajoutant tout de même que "le moment venu, je dirai ce que je pense. Mais d'ici là, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts de Paris, et de Bordeaux, beaucoup de neige sera tombée sur le Mont Royal".
Le retour en politique de l'un des plus fidèles soutiens du président de la République a déjà été annoncé, de façon quelque peu prématurée, par la députée de Gironde Marie-Hélène des Esgaulx, secrétaire nationale de l'UMP aux élections. Celle-ci avait assuré fin octobre qu'Alain Juppé serait "candidat dans la deuxième circonscription de la Gironde" aux élections législatives de 2007. L'ancien chef du gouvernement avait aussitôt répliqué, toujours sur son blog, qu'il annoncerait lui-même ses intentions,"le moment venu". "Et dans mon esprit, ce moment n'est pas venu", écrivait-il.
"UN SECRET DE POLICHINELLE"
Mais les dés sont lancés et les paris vont bon train. Pour le successeur d'Alain Juppé, Hughes Martin, député-maire de Bordeaux, ce retour est "un secret de polichinelle". "Revenir comme acteur ou comme observateur, il a laissé les choses ouvertes", avait pour sa part commenté un de ses proches, Eric Woerth, député UMP de l'Oise.
Luc Chatel, porte-parole de l'UMP, a déclaré lundi "nous avons toujours dit à l'UMP qu'Alain Juppé était utile à notre mouvement, à notre famille politique et à notre pays". "Simplement, il lui appartiendra, à lui et à lui seul, de déterminer à la fois le moment et la place qu'il souhaite reprendre dans notre vie publique."
"JE LE SOUHAITE"
Le ministre de l'intérieur et président de l'UMP n'a apparemment rien contre ce retour, déclarant même au grand jury RTL-LCI-Le Figaro : "En ce qui me concerne, je le souhaite." "Le retour d'Alain Juppé, il est bienvenu, ce sera une bonne nouvelle", a-t-il ajouté, précisant que son ambition est la diversité au sein de l'UMP, et de faire en sorte que le mouvement "ressemble à la diversité de la France".
Le 1er décembre 2004, l'ancien premier ministre avait été condamné en appel à quatorze mois de prison avec sursis et une année d'inéligibilité – au lieu de dix ans en première instance – dans l'affaire des emplois fictifs du RPR. Alain Juppé, qui avait déjà quitté la présidence de l'UMP et son siège de député, avait alors démissionné de ses derniers mandats, ceux de maire de Bordeaux et président de la communauté urbaine. Sa période d'inéligibilité prend fin le 6 décembre, car elle est calculée à partir du moment où la peine est définitive, après un délai de recours de cinq jours.
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