Législatives « Un grave danger » : les défenseurs de l'environnement craignent une victoire du RN

Le manque de propositions en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité dans les priorités du RN inquiète les scientifiques et ONG, défenseurs de l'environnement.

Ju. M. - 21 juin 2024 à 14:15 - Temps de lecture :
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Jordan Bardella, président du Rassemblement national. Photo Sipa

Jordan Bardella, président du Rassemblement national. Photo Sipa

Éducation, droits des femmes… Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, plusieurs secteurs s’alarment quant à l’application d’un programme d’extrême droite en cas de victoire du Rassemblement national aux élections législatives. L’inquiétude monte notamment au sein de la communauté scientifique et des ONG de défense de l’environnement, qui redoutent des retours en arrière en matière de lutte contre le réchauffement climatique si le RN obtient une majorité dans l’hémicycle le 7 juillet.

Peu de propositions sur l'environnement

Le programme du RN pour les élections législatives n’a toujours pas été publié. Mais les quelques déclarations faites par ses responsables ces derniers jours montrent que l’environnement et l’écologie ne sont pas une priorité pour le parti d’extrême droite.

Le RN, qui critique régulièrement les normes environnementales et répète être contre ce qu'il qualifie « d'écologie punitive », est notamment opposé à l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves en 2035 ou à la mise en place de zones à faibles émissions. « Je veux arrêter les énergies renouvelables parce que ce n'est pas propre, et en plus c'est alternatif », avait par ailleurs déclaré le 5 juin dernier Marine Le Pen, disant vouloir démonter certaines éoliennes « qui abîment le plus les paysages ». Le RN est également en faveur de nouvelles centrales nucléaires. Quant à la protection de la biodiversité, elle semble absente des priorités du parti, détaillées lundi par Jordan Bardella auprès du Parisien.

« Le pire choix possible pour la protection du climat et de la biodiversité »

Autant de propositions - ou d’absences de propositions - qui laissent craindre le pire aux ONG. « L’extrême droite représente le pire choix possible pour la protection du climat et de la biodiversité », a déclaré le 12 juin dernier Greenpeace France. « Ce parti s’est aussi donné pour cheval de bataille la lutte contre « l’écologie punitive » et revendique une écologie « nationale » basée sur le localisme et le protectionnisme. Cette stratégie de diabolisation cache avant tout une absence totale d’ambition climatique », selon l’association.

Même son de cloche du côté de la fédération d’associations France nature environnement (FNE). « Il n’y a aucun programme environnemental chez le Rassemblement national. Le climat n’est même pas un sujet. Pour eux, c’est à l’environnement de s’adapter, et non l’inverse. Sur l’énergie et l’agriculture, il n’y a pas de bonnes idées. Et pour le reste, la biodiversité n’existe pas, les mobilités n’existent pas, les océans n’existent pas… », a dénoncé son président, Antoine Gatet, dans un entretien à Libération. « L’extrême droite est également un grave danger pour l’environnement et le climat. Elle soutient les industries les plus polluantes, des OGM aux gaz de schiste », ont quant à eux déclaré les Amis de la Terre sur X, appelant à « la mobilisation » contre l’extrême droite.

« Aucune chance » de respecter l'Accord de Paris

« Si le plan du RN c’est de se passer des énergies renouvelables et de la voiture électrique, il n’y a aucune chance d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris, c’est aussi simple que ça », a estimé dans un entretien accordé à l’AFP le chercheur belge, président du conseil scientifique de la Fondation pour la nature et l'homme et membre du Giec François Gemenne.

Moratoire sur l'éolien et le solaire, pas d'interdiction de vente des véhicules thermiques… « On a absolument besoin des énergies renouvelables dans le mix énergétique français [...] et les émissions liées au transport routier c'est 30 % du bilan carbone de la France », a-t-il fait valoir, disant craindre « un risque réel que la transition puisse être ralentie voire même qu’elle déraille ». Pour le Réseau Action Climat, les propositions du RN ne vont donc « ni dans le sens de la transition écologique ni dans celui de l’amélioration de la qualité de vie et du pouvoir d’achat des ménages ». Pourtant, en mars dernier, un sondage Ipsos montrait que le changement climatique restait la troisième préoccupation des Français, derrière l’inflation.

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