Immobilier Crise du marché de la location : jusqu’à quand va durer la galère ?

Le marché immobilier de la location est à saturation : peu de biens disponibles, un roulement de locataires très faible et des prix qui grimpent... Louer un appartement se transforme en parcours du combattant. Mauvaise nouvelle : cette situation risque de durer.

Audrey Vermorel - 18 juin 2024 à 07:45 - Temps de lecture :
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Le nombre de biens à louer a chuté de 60 % par rapport à la période avant Covid. Photo d'illustration Sipa/Romain Doucelin

Le nombre de biens à louer a chuté de 60 % par rapport à la période avant Covid. Photo d'illustration Sipa/Romain Doucelin

La période estivale, propice aux déménagements, est très souvent chargée pour les agences immobilières. Mais depuis 2021, le marché de la location est sous haute tension : le nombre de biens disponibles baisse alors que les demandes ne cessent d’augmenter. Le nombre d’annonces de biens à louer a chuté de 60 % par rapport à la période d’avant crise sanitaire.

« Cela s’explique en partie par les réglementations pour les bailleurs à propos des normes DPE (Diagnostic de performance énergétique), notamment l’interdiction de louer des passoires thermiques. Certains propriétaires ont préféré mettre en vente leur bien plutôt que de le rénover, ou ils les ont sortis du marché pour les rénover », nous explique Régis Sébille, responsable des analyses chez Bien’ici.

Le nombre de demandes multiplié par cinq

Cette crise de la location découle également de la crise d’achats de biens immobiliers. Les conditions contraignantes des crédits et les taux encore élevés découragent ceux souhaitant passer le cap de la propriété. « Faute de pouvoir acheter, des primo-accédants restent locataires et, de ce fait, ne libèrent pas leur logement, ce qui accentue le manque d’offres, en particulier dans les grandes villes de plus de 100 000 habitants », complète Régis Sébille. Un cercle vicieux. La rotation estivale des offres due au pic de déménagements à cette période ne suffira pas à relancer le marché, le nombre de demandes ayant été multiplié par cinq.

À cela s’ajoute une hausse des locations meublées saisonnières à destination des touristes. « Le saisonnier a pris beaucoup de parts sur l’offre disponible », confirme le responsable des analyses chez Bien’ici.

Une situation tendue dans les grandes villes : Lyon, Annecy, Strasbourg

Une crise qui se répercute sur le prix des loyers : sur l’ensemble de la France, le loyer médian affiché sur les annonces de T1/T2 a progressé de 35 à 50 euros depuis 2022. Une situation particulièrement visible dans les grandes villes, le marché de la location étant plus représentatif au niveau urbain.

La région Auvergne-Rhône-Alpes suit la tendance nationale : le nombre de biens en location a été divisé par deux. Selon les chiffres fournis par Bien’ici, il y aurait environ 15 000 annonces de biens à louer, pour déjà plus de 80 000 demandes de locations enregistrées le mois dernier. La situation est particulièrement critique dans le Rhône, avec un marché très tendu à Lyon et une hausse des demandes, et en Haute-Savoie, notamment à Annecy, où le nombre d’annonces de biens à louer est au plus bas : environ 150 annonces de location diffusées sur le mois, et seulement une vingtaine d’annonces de T1/T2 pour plus de 130 000 habitants.

Une situation moins critique en Bourgogne-Franche-Comté

En Bourgogne-Franche-Comté, si les demandes de location ont été multipliées par 6, tout comme au niveau national, cette région fait partie des moins tendues dans l’Hexagone, avec un ratio offre/demande actuellement deux fois moins élevé que sur la moyenne du pays.

Exception pour Dijon, qui fait partie des grandes villes touchées par cette crise : on compte une baisse de 60 % des biens en location.

Dans la région Grand Est, le nombre de biens à louer a, lui aussi, été divisé par deux. La part de biens en location était d’environ 45 % avant l’été 2021 et est aujourd’hui tombée à 21 %. Les départements du Bas-Rhin et de la Moselle sont particulièrement touchés. Cependant, la tension locative dans cette région est un petit peu moins élevée que la moyenne nationale.

Strasbourg et Metz souffrent particulièrement de ce manque de biens : l’offre de logements en location a été divisée par deux pour une forte demande.

Légère baisse des taux d’intérêt

La crise du logement n’est malheureusement pas encore derrière nous et la situation ne devrait pas s’améliorer tout de suite. « Le système est encore grippé, il faut faciliter la sortie des candidats en location pour qu’ils puissent acheter et encourager les propriétaires à mettre leur bien en location traditionnelle et non en location saisonnière », note notre interlocuteur. Si vous êtes en recherche d’un logement en location, Régis Sébille conseille d’élargir son périmètre de recherches : « Nous sommes souvent tentés d’être proches de lieux d’intérêts comme notre travail, mais en s’éloignant un peu tout en restant dans un secteur accessible, on maximise nos chances. »

Seule éclaircie : depuis le début d’année, les taux d’intérêt pour emprunter de l’argent ont commencé à diminuer : de 4,21 % fin 2023 à 3,90 % en mars 2024, et encore entre -0,10 % à -0,20 % en mai. Enfin une lueur d’espoir pour les futurs acheteurs… et donc les locataires ?

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