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«Alors qu’il me faut présenter la démission de mon gouvernement», quand Borne fait du Rocard (et pas pour les 49.3)

Le gouvernement d'Elisabeth Bornedossier
Dans sa lettre de démission à Emmanuel Macron ce lundi 8 janvier, la désormais ex-Première ministre a repris une formule déjà employée par Michel Rocard, évincé de Matignon par François Mitterrand en 91.
par LIBERATION
publié le 8 janvier 2024 à 20h20

Après plusieurs jours de suspense, le couperet est tombé. Elisabeth Borne n’est plus Première ministre. Nommée à Matignon le 16 mai 2022, l’ancienne préfète a présenté la démission de son gouvernement à Emmanuel Macron ce lundi 8 octobre. «Depuis près de vingt mois, j’ai eu l’honneur de diriger une équipe gouvernementale qui a conduit avec détermination des réformes essentielles pour notre pays et nos concitoyens», a écrit l’ex socialiste dans sa lettre de démission au président de la République, rendue publique par la presse. Du grand classique.

Vers la fin de la missive toutefois, Borne prend soin de préciser qu’«il [lui] faut présenter la démission de [son] Gouvernement». Une formulation qui laisse entendre qu’elle n’aurait pas été contre poursuivre l’aventure à Matignon. Mais surtout une formulation empruntée à Michel Rocard, comme elle démissionnaire contre son gré en 1991.

A cette époque-là, Michel Rocard est Premier ministre de François Mitterrand depuis près de trois ans. C’est bien lui, malgré leur détestation mutuelle, que le président de la République a choisi pour mener l’action de son gouvernement dans la foulée de sa réélection en 1988.

A Matignon, le chef de file de la «deuxième gauche», doit gouverner sans majorité à l’Assemblée. Il utilise à 28 reprises l’article 49-3 (un record que menaçait Elisabeth Borne) pour faire passer 13 textes au Parlement. Il instaure le Revenu minimum d’insertion (RMI), la Contribution sociale généralisée (CGS), fait signer les accords de Matignon entérinant les droits de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination.

Mais en 1991, la situation économique se dégrade. Mitterrand veut donner un second souffle à son septennat. Le 15 mai, le Président convoque Rocard à l’Elysée à neuf heures de matin pour lui demander sa démission. L’entrevue est rapide. «Comme nous n’éprouvions pas un vif plaisir à être ensemble, nos entretiens étaient rapides. Celui-ci n’a pas dérogé à la règle», avait expliqué bien plus tard Michel Rocard. Quelques heures après, la lettre est sur le bureau du chef d’Etat. «Je l’ai soignée un peu de manière qu’il soit clair que l’on me l’a demandé cette démission», avait-il précisé à BFM en 2014.

Elisabeth Borne semble donc en avoir fait de même. Elle que beaucoup avaient déjà annoncée sur le départ en juillet 2022 mais qui avait finalement été maintenue en dépit de l’appétit de Gérald Darmanin. Dès le début, l’ancienne socialiste n’était pas le premier choix d’Emmanuel Macron, qui voulait nommer l’ex-LR Catherine Vautrin. Sans être le grand amour, les relations entre le chef d’Etat et sa désormais ancienne cheffe du gouvernement n’auront jamais été aussi crispées que celles de Rocard et Mitterrand. Mais leur collaboration se sera terminée de la même façon.

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