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Programme ANR RIMNES | Parc amazonien de Guyane
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Programme ANR RIMNES

Le programme RIMNES* débuté en 2012, est un projet scientifique coordonné par le laboratoire GET (Géosciences Environnement Toulouse) permettant de comprendre le lien entre les sources de mercure et leur impact sur les organismes vivants.
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RIMNES (Rapports isotopiques du Mercure et biomarqueurs Noch/apotose : de nouveaux outils à l’interface Environnement-Santé) s’inscrit en Guyane dans un contexte de pollutions mercurielles liées en grande partie aux activités d’orpaillage illégal actuelles, mais aussi aux pratiques d’orpaillage anciennes ainsi qu’au mercure naturellement présent dans les sols. En grande partie financé par l’Agence nationale de la recherche, RIMNES a permis de mettre en place de nouveaux outils qui permettant de différencier les origines du mercure.

L’étude faisait suite à des travaux menés par le GET sur le mercure du Haut-Oyapock en 2009. Ces travaux avaient montré que les populations de Trois-Sauts, épargnées par l’orpaillage illégal, présentent des taux de mercure dans le sang plus élevés que sur celles du bourg de Camopi, où l’orpaillage illégal était en pleine explosion. RIMNES a apporté un éclairage nouveau.

Un parallèle entre la Guyane et la Chine

L’étude s’est concentrée sur deux zones polluées au mercure : en Chine dans la province de Guizhou et en Guyane, sur l’Oyapock, sur la commune de Camopi. Le cas de l’Oyapock était intéressant car il présentait sur le même cours d’eau des zones impactées par l’orpaillage illégal et des zones non-impactées par l’orpaillage illégal.

 

Un programme participatif

Au cours du projet, le mercure a été étudié à tous les niveaux, de l’air aux roches, en passant par les sédiments, les algues et les poissons dans le bassin de vie de Trois Sauts et au bourg de Camopi.

Des habitants volontaires participent au programme en fournissant des cheveux pour analyse et en permettant un suivi de leur alimentation. En parallèle, d’autres villageois volontaires sont impliqués dans la collecte des poissons.

Les études sur le terrain ont été complétées en laboratoire : les taux de mercure dans le foie, le cerveau et les muscles de poissons nourris avec les deux types de mercure seront analysés.

La toxicité du mercure sur les cellules humaines et animales (poissons), en particulier sur le génome, a été analysée afin de pouvoir mettre en place des marqueurs biologiques de la toxicité du mercure.

Une phase de restitution particulière

Lorsque les résultats ont été obtenus en 2015, quatre moments d’échange ont été organisés au bourg de Camopi, dans les villages Saint-Paul, Roger et Zidoc. Les échanges entre les scientifiques et les habitants ont été très riches A noter également la présence des médecins des centres de santé.

Cet ambitieux programme de recherche avait pour objectif principal de tracer les différentes sources de mercure (naturellement présent dans les sols ou d’origine humaine) le long de la chaîne trophique, depuis les sédiments jusqu’à l’homme.

En amont de cette vaste opération de restitution, le parc amazonien a proposé aux scientifiques de réaliser des supports de communication grand public pour faciliter la compréhension de ce sujet complexe.  Ils ont été édités spécialement pour cette restitution. « C’est le fruit de 6 mois de travail concerté entre les scientifiques et la délégation territoriale de l’Oyapock pour une adaptation optimale des supports de vulgarisation, ainsi que l’appropriation des éléments de langage. C’est aussi un aboutissement d’un travail d’acquisition d’un langage commun autour de la science », souligne Raphaëlle Rinaldo, responsable scientifique au PAG.

En effet, en 2014, les agents de la délégation territoriale de l’Oyapock avaient participé à une formation à la démarche scientifique. En tant que médiateurs les agents du PAG basés à Camopi et Trois-Sauts sont désormais à même de présenter les principaux résultats du programme RIMNES aux habitants des différents villages.

Cette phase de restitution sur le terrain a été suivie d’un séminaire scientifique sur le mercure en Guyane le 25 juin 2015 à l’Université de Guyane.

Quelques résultats

Les résultats l’étude montrent clairement l’influence de l’orpaillage dans l’imprégnation de mercurielle depuis les sédiments jusqu’aux hommes en passant par les poissons. L’analyse du taux de mercure[1] dans les cheveux des Wayãpis et Tékos de Camopi et Trois-Sauts a permis de montrer une différence dans le mode de vie et des habitudes alimentaires des riverains en fonction du genre (homme/femme) et de la localisation des villages. Ceci explique que les habitants de Trois-Sauts avec un mode de vie très dépendant de la pêche soient plus imprégnés que ceux du Bourg de alors que c’est l’inverse pour les poissons  notamment en raison des activités d’orpaillage illégal. A titre de comparaison, les taux observés chez les Wayanas (populations autochtones du Maroni), sont 3 à 10 fois plus élevées.

Dans la chair des poissons prédateurs adultes (aïmaras) du bassin de l’Oyapock, une augmentation de 62% des concentrations en mercure par rapport aux zones non orpaillés a été observée. Elle peut aller jusqu’à 200% chez les poissons périphytophages (gorets) des criques orpaillées de la Camopi. Il a également été montré que l’accumulation du mercure dans les organes des poissons diffère en fonction du régime alimentaire. Un périphytophage accumule plus le mercure dans le foie alors qu’un carnivore le fera dans le cerveau.

Dans les sédiments de berge, on observe un apport significatif de mercure liquide lié à l’orpaillage qui atteint de 30% à 50% du mercure total dans les criques orpaillées. Ce pourcentage est largement supérieur à ce qui a déjà pu être mesuré sur le bassin Amazonien.

[1] Il s’agit de méthylmercure, seule forme du mercure biodisponible (assimilable par l’organisme)

"Imprégnation mercurielle" de Ti' Iwan Couchili

Ti’iwan COUCHILI, plasticienne amérindienne a peint une série de deux tableaux, sa contribution artistique répondant aux protestations généralisées que les nations wayana et teko n’ont cessé d’émettre depuis l’envahissement, dans les années 90, de leur aire de subsistance par les orpailleurs clandestins. Le μみゅー g/g est l’unité utilisée par l’INSERM et L’IVS (institut national de la santé et de la recherche médicale ; institut de veille sanitaire) pour mesurer le taux de mercure organique (methylmercure) dans les cheveux des Amérindiens du sud-ouest guyanais (Haut Maroni, Tampok).

Ici, la chaîne alimentaire, initialement contaminée à un bout transmet sa toxicité (physique mais aussi mentale) aux mondes visibles et invisibles.