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Michel Barnier, l'album de famille d'un homme politique surprenant
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Michel Barnier, l'album de famille d'un homme politique surprenant

En 2021, Michel Barnier avec sa femme, Isabelle, au jardin des Tuileries, à Paris.
En 2021, Michel Barnier avec sa femme, Isabelle, au jardin des Tuileries, à Paris. © Alvaro Canovas / Paris Match
Florent Buisson, Lou Fritel, Florian Tardif , Mis à jour le

La famille et les amis d’enfance du nouveau Premier ministre témoignent dans Paris Match et dévoilent un homme politique qui pourrait surprendre.

​C’est un refuge plus qu’une maison familiale, au cœur de la Sologne. À l’écart de la petite ville de La Ferté-Saint-Aubin et de son château du XVIIe siècle, la propriété se découvre derrière deux grands arbres, arche naturelle au-dessus d’un portail discret. En briques rouges et colombages, plantée au milieu d’un parc et bordée de sentiers forestiers, elle est dans la belle-­famille du nouveau Premier ministre Michel Barnier depuis des décennies. Sa femme, Isabelle, et lui s’y sont mariés en janvier 1982, leur fille Lætitia, il y a quelques années. « C’est un lieu où les petits-enfants courent dans les bois, où l’on va aux champignons quand c’est la saison, où l’on fait des apéros l’été, raconte Nicolas, le fils aîné de Michel Barnier. On est une trentaine de cousins, très soudés, à s’y retrouver régulièrement malgré nos différences d’âge. C’est assez rare d’être aussi unis. »

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En Sologne, Michel Barnier peut ainsi faire ce qu’il préfère : réunir autour d’une grande table des gens d’horizons différents. On oserait lui conseiller d’y inviter les représentants des blocs politiques de l’Assemblée nationale, la quiétude du site pouvant aider – sait-on jamais – à trouver une voie pour gouverner après deux mois d’impasse politique. Plus de cinquante jours à voir les noms des prétendants pour Matignon s’égrener sur les bandeaux des chaînes d’info sans que le sien y figure une seule fois. Un tour de force. « On en a parlé cet été pourtant, raconte Nicolas. J’ai été sensible qu’il écoute mes arguments pour aller voir au bon moment les bonnes personnes. Tout ça sans faire d’écume, en toute discrétion. C’est dans sa nature. »

Michel Barnier en Sologne, où se trouve la maison de famille, avec Nicolas, en 1987.
Michel Barnier en Sologne, où se trouve la maison de famille, avec Nicolas, en 1987. Paris Match / © DR

« Élargir à droite »

« C’était l’évidence dissimulée », admet-on aisément dans l’entourage d’Emmanuel Macron. Michel Barnier n’était pas le premier choix. « Ce sont les “no go” du Parti socialiste sur l’hypothèse ­Bernard ­Cazeneuve et du Rassemblement national sur Xavier Bertrand qui ont obligé le chef de l’État à envisager une troisième option. » Le 4 septembre, alors que le jour faiblit, Michel Barnier franchit la grille du Coq – une porte discrète à l’extrémité du jardin de ­l’Élysée – pour rencontrer Alexis Kohler, le secrétaire général de la présidence. À cette heure-là, le nom du président des Hauts-de-France « tient la corde », lit-on encore dans la presse. Il n’en est rien. Les deux hommes se connaissent. Ils se sont vus une première fois courant juillet et ont continué d’échanger. Raccrocher le satellite Barnier à la galaxie Macron – pour « élargir à droite », dixit l’entourage du président – est une idée qui trotte dans la tête du chef de l’État et de ses proches depuis plusieurs mois. Sans qu’il y ait eu de proposition formelle, son nom est un temps envisagé pour mener la liste Renaissance aux européennes. Puis, de nouveau, fin juin, lors de l’attribution des top jobs – les plus hauts postes de l’Union européenne. Ce sera finalement Matignon.

Réunion de travail à Matignon avec ses collaborateurs pour former le futur gouvernement. Face à Michel Barnier, son directeur de cabinet, Jérôme Fournel.
Réunion de travail à Matignon avec ses collaborateurs pour former le futur gouvernement. Face à Michel Barnier, son directeur de cabinet, Jérôme Fournel. Paris Match / © Alvaro Canovas

Après un entretien fructueux avec Alexis Kohler, Michel Barnier est rappelé à l’Élysée pour un premier tête-à-tête informel avec ­Emmanuel Macron autour du rôle qu’aura le futur Premier ministre. Le chef de l’État souhaite une « coopération exigeante ». Pas de quatrième cohabitation sous la Ve République. La majorité sortante – « même si elle a perdu », estime l’un de ses proches – reste dans le bloc central. Barnier aura néanmoins les mains libres. Promesse élyséenne ! « Nous débranchons les fils avec Matignon », a prévenu, le lendemain, Alexis Kohler aux collaborateurs du Château. Les conseillers partagés entre les deux têtes de l’exécutif – pratique mise en place dès 2017 – disparaissent. Et les réunions interministérielles où sont rendus les arbitrages se dérouleront sans les proches du chef de l’État. « Il fallait montrer la rupture », témoigne un conseiller. Ce qui n’a pas empêché Michel Barnier de choisir pour directeur de cabinet celui de Bruno Le Maire : Jérôme Fournel, spécialiste des questions budgétaires. La rupture… dans la continuité.

Le doyen des Premiers ministres a longtemps enchaîné des records de précocité

Ironie des destins politiques, celui qui, à 73 ans, devient le doyen des Premiers ministres a longtemps enchaîné des records de précocité. La raie sur le côté déjà impeccable, cravate éternellement nouée autour du col d’une chemise blanche, le jeune Savoyard est encarté au RPR. Plus jeune conseiller général de France en 1973 et benjamin des députés en 1978, l’étiquette lui colle à la peau. Il a d’ailleurs conservé un précieux courrier, signé du président Georges Pompidou, commençant par ses mots : « Cher jeune homme… »

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Michel Barnier, député de la Savoie et sa fiancée Isabelle, avocate de formation. Ils se marieront le 14 janvier 1982.
Michel Barnier, député de la Savoie et sa fiancée Isabelle, avocate de formation. Ils se marieront le 14 janvier 1982. Paris Match / © DR

Michel Barnier mène alors son premier mandat et ses études de front. En témoigne son ancien condisciple à l’École supérieure de commerce de Paris et ami de cinquante ans, Jean-Pierre Raffarin, dont il fut le ministre. « Il était sérieux et plutôt bon élève, se souvient l’ex-Premier ministre. Spontané, beau gosse, mais pas chahuteur. Michel est devenu gaulliste à 14 ans et a été élu à 22 ans. C’était rare à l’époque de voir un conseiller général sur les bancs d’un amphithéâtre d’étudiants. Il passait sa vie entre Paris et Chambéry tandis que nous faisions des soirées qui n’étaient pas toutes studieuses. Lui arrivait le lundi matin après avoir passé la nuit dans le train. Il fallait attendre le déjeuner pour obtenir de grandes considérations de sa part. »

Les deux hommes se livrent alors une rivalité feutrée, Barnier engagé chez les jeunes gaullistes lorsque Raffarin fraye avec les jeunes giscardiens ; devenue, depuis, le ciment de leur amitié : « Nous avons, avec Jacques Barrot et Dominique Perben, fondé le club “Dialogue et initiative” qui a préfiguré l’UMP. Michel a cette flamme personnelle, ce goût pour l’Histoire et ses grands personnages transmis par sa mère, pour laquelle il nourrit une grande affection. »

Sa mère, féministe et chrétienne de gauche, d’une grande force et d’une grande liberté, est la personnalité qui l’a le plus marqué

À cette époque, dans les rues d’Albertville, il n’est pas rare d’apercevoir derrière sa grande silhouette (1,89 mètre) celle de la matriarche, Denise. « C’est la personnalité qui l’a le plus marqué, abonde son fils ­Nicolas. Une petite femme – mes grands-parents, bizarrement, n’étaient pas grands – véritable point d’ancrage de mon père. Elle avait une grande force et une grande liberté. » Il marque un temps d’arrêt, amusé d’avance par l’anecdote qui suit. « Un soir de 1977 où Jacques Chirac est venu soutenir mon père en campagne, on lève la main, au fond de la salle, à la fin de la réunion publique. Une dame demande alors à Chirac pourquoi il a évincé une candidate investie dans une autre circonscription au profit d’un homme. Chirac répond poliment, se rassoit et demande : “C’est qui cette emmerdeuse ?” – “C’est ma mère”, répond mon père. »

Noël 2005 avec Denise, sa mère, chez son frère Jean-Paul, médecin généraliste à Saint-Jean-de-Sixt (Haute-Savoie).
Noël 2005 avec Denise, sa mère, chez son frère Jean-Paul, médecin généraliste à Saint-Jean-de-Sixt (Haute-Savoie). Paris Match / © DR

Denise Durand a épousé Jean Barnier, artiste amateur qui a repris la fabrique artisanale de boîtes en bois familiale. Féministe et chrétienne de gauche, « elle transformait tous les problèmes qu’elle rencontrait, dans sa vie personnelle, en cause publique », a raconté Michel Barnier lors de la passation des pouvoirs avec Gabriel Attal, le 5 septembre. « Ainsi, quand l’un de mes oncles a perdu une fille dans un accident de voiture, ma grand-mère a fait de la sécurité routière la grande cause de sa vie, raconte Nicolas. À son échelle, en respectant tout le monde. Mon père est aussi comme ça. De la secrétaire au directeur de cabinet, il veut être au courant des drames vécus par chacun pour avoir une attention particulière. »

Sa plus grande fierté, l’organisation des JO d’Albertville: «Dix ans de travail pour quinze jours de fête»

À 31 ans, Michel Barnier prend la présidence du conseil général de Savoie. Dix ans plus tard, en 1992, il copréside le Comité d’organisation des Jeux olympiques avec son ami Jean-Claude Killy, champion de ski. Il transforme Albertville en cité olympique. « Dix ans de travail pour quinze jours de fête », répète-t-il souvent. Et la plus grande fierté de sa carrière. Coïncidence, c’est à cette passion sportive qu’il a consacré son deuxième déplacement officiel de Premier ministre.

Michel Barnier aux côtés de Jean-Claude Killy, avec qui il copréside le Comité d’organisation des Jeux d’Albertville de 1992.
Michel Barnier aux côtés de Jean-Claude Killy, avec qui il copréside le Comité d’organisation des Jeux d’Albertville de 1992. Paris Match / © DR
Rencontre avec les forces de sécurité et de secours mobilisées pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques. Au Stade de France, le 8 septembre.
Rencontre avec les forces de sécurité et de secours mobilisées pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques. Au Stade de France, le 8 septembre. Paris Match / © Alvaro Canovas

Dimanche 8 septembre, Barnier remonte sous un ciel de plomb l’allée menant au Stade de France, où se tient la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques. Le Premier ministre passe en revue les escadrons de sécurité, de policiers et de sapeurs-pompiers au garde-à-vous et les bataillons de bénévoles engagés sur le terrain depuis juillet. Ceux-là mêmes qu’il prenait soin d’honorer lors de sa prise de fonctions, trois jours plus tôt. Dans la foule amassée autour de lui, une femme blonde, discrète mais attentive, le couve d’un regard tendre, presque inquiet. La nomination de son époux a pris Isabelle Altmayer de court. Cet été, le couple randonnait lorsque bruissait le nom du négociateur du Brexit dans le Landerneau parisien. « Ça va être très difficile », laisse-t-elle échapper, un pas derrière son mari.

La scène des «Bronzés font du ski» où ils boivent de l’eau-de-vie le fait toujours autant rigoler

Avec Michel Barnier, Emmanuel Macron appelle à la rescousse cet ancien monde qu’il a voulu effacer en 2017. Quatre fois ministre entre 1993 et 2009 sous trois présidents différents, il a tissé un puissant réseau d’élus et soigné sa stature internationale comme commissaire européen puis négociateur en chef du Brexit. En dépit de positions plus radicales lors de la primaire des ­Républicains de 2021 – appelant notamment à un moratoire sur l’immigration – son sens du compromis est loué. « En privé aussi, il a le désir de trouver des points communs chez les gens, plaide l’un de ses amis, ­Christian Sainte-Rose, ancien chef du service de neurochirurgie pédiatrique à Necker. C’est un vrai gaulliste social, jusque dans l’intimité. Un homme simple qui s’intéresse aux autres et s’adapte à tous les milieux. Il a fait de la Martinique, mon île, son troisième point de repère avec la Sologne et la Savoie. »

Michel Barnier, alors ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, avec le ministre des Transports, Gilles de Robien, dans le métro de Shanghai, en Chine, en 2004.
Michel Barnier, alors ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, avec le ministre des Transports, Gilles de Robien, dans le métro de Shanghai, en Chine, en 2004. ABACA / © Mousse
Michel Barnier en 2009, alors ministre de l’Agriculture, en visite au Salon.
Michel Barnier en 2009, alors ministre de l’Agriculture, en visite au Salon. ABACA / © Alain Guizard

« S’il n’a jamais perdu une élection au suffrage universel direct [la primaire de la droite à la dernière présidentielle n’en était pas une], c’est parce qu’il écoute, travaille et va au bout des dossiers, ajoute un soutien. Michel, c’est une machine de guerre. » Revers de la médaille, il traîne une réputation d’homme sévère. « Austère, sûrement pas, timide, absolument, rétorque Sainte-Rose. Mais c’est surtout quelqu’un de très prévenant, qui a peur de blesser l’autre. » « Il a un humour très anglais, que l’on a pu apercevoir lors de la passation des pouvoirs [il a égratigné, à fleurets mouchetés, son ­prédécesseur], ajoute son fils aîné. Il a beaucoup progressé là-dessus. Il aime se marrer : on peut lui mettre dix fois la scène des “Bronzés font du ski”, celle où ils boivent de l’eau-de-vie, ça le fait toujours autant rigoler ! »

Son épouse Isabelle l’a ouvert à d’autres univers, à la culture, au cinéma

Voici donc venu le nouveau Michel Barnier, capable de rompre la glace ? « Ma mère l’a ouvert à d’autres univers, à la culture, au cinéma, affirme Nicolas. Avant, il ne prenait pas le temps pour ça. » Avocate de profession reconvertie dans la communication, Isabelle, sœur des producteurs de cinéma Éric et Nicolas Altmayer, se tient auprès de lui depuis plus de quarante ans. « Ils sont toujours très amoureux et quand on sait la difficulté de durer pour un couple en politique…, confie encore l’aîné. Le plus dur, c’était peut-être lorsque nous étions petits et qu’il cumulait les fonctions de député, de président du conseil général de Savoie et parfois de ministre. Mais il a toujours tenu son rôle de père, capital pour la famille. Ça a dû être complexe à gérer pour ma mère et il lui en est très reconnaissant. »

Michel Barnier avec Isabelle, sa femme, et leurs enfants : Nicolas (à dr.) et les jumeaux Lætitia et Benjamin. En vacances à l’île de Ré, aux débuts des années 1990.
Michel Barnier avec Isabelle, sa femme, et leurs enfants : Nicolas (à dr.) et les jumeaux Lætitia et Benjamin. En vacances à l’île de Ré, aux débuts des années 1990. Paris Match / © DR
Michel Barnier connaît l’art de la politique, Isabelle lui en fait découvrir d’autres. Dans l’appartement du quai d’Orsay, en 2004.
Michel Barnier connaît l’art de la politique, Isabelle lui en fait découvrir d’autres. Dans l’appartement du quai d’Orsay, en 2004. Paris Match / © Sébastien Micke

Ensemble ils ont eu trois enfants : Nicolas, 39 ans, directeur de l’Agence Île-de-France - Ruralité, et les jumeaux Lætitia et ­Benjamin, 37 ans. Elle est psychologue au centre de crise du ministère de ­l’Europe et des Affaires étrangères. Lui est agent littéraire. Six petits-enfants viennent compléter le tableau familial. Amateur de grandes tablées, le locataire de Matignon raffole de poissons et de fruits de mer arrosés d’huile d’olive et ne boude pas un bon verre de vin. « Une aile de raie, des câpres, des épinards et c’est le plus heureux ! » confie un proche. C’est aussi un amoureux des arbres et de la nature, qui, en 1990, publiait « Chacun pour tous. Le défi écologique », avant de devenir ministre de l’Environnement d’Édouard Balladur, trois ans plus tard. « Il a fait classer des milliers d’hectares en parcs naturels, a créé le fonds Barnier de prévention des risques naturels majeurs, loue Nicolas. Il a affiché sur X son soutien à Paul Watson, le fondateur de l’ONG Sea Shepherd emprisonné au ­Groenland. Alors quand j’entends Marine Tondelier parler de “vide écologique”… Qu’elle fasse donc le quart du quart de ce qu’il a fait ! »

« Plus le PS rechigne, plus ça laisse de la place au RN »

La rencontre avec les composantes du Nouveau Front populaire s’annonce tendue. Qu’importe que Michel Barnier ait déclaré vouloir travailler « avec des gens de gauche ». Olivier Faure, secrétaire national du Parti socialiste, a d’ores et déjà fait savoir qu’« aucune personnalité du PS n’entrera[it] dans ce gouvernement » et qu’une motion de censure serait déposée à l’ouverture de la session parlementaire, le 1er octobre au plus tard. Forçant, mécaniquement, le chef du gouvernement à considérer la droite de l’Hémicycle. En réunion de groupe, la semaine dernière, Laurent Wauquiez levait le tabou d’une participation devant ses 46 députés, dont certains s’y verraient bien. « Chaque chose en son temps, leur a-t-il commandé. Michel est l’un des nôtres et il n’a jamais trahi sa famille politique. Nous en reparlerons. »

Michel Barnier dans son bureau à Matignon, le 9 septembre.
Michel Barnier dans son bureau à Matignon, le 9 septembre. Paris Match / © Alvaro Canovas

Marine Le Pen, elle, ne censurera pas d’emblée le Savoyard. Mais elle se tient prête à appuyer sur le bouton nucléaire en cas de besoin. Les 126 députés du parti à la flamme comptent ainsi peser sur la composition de l’exécutif – pas attendue avant la fin de semaine prochaine – comme sur la politique menée. Un conseiller de Matignon grince : « Le Premier ministre a ouvert la porte au PS et plus le PS rechigne, plus ça laisse de la place au Rassemblement national. »

L'ancien commissaire européen va devoir présenter à Bruxelles son plan pour lutter contre le déficit excessif de la France

À moins qu’assumer un programme ancré à droite – hypothèse non privilégiée par l’exécutif – ne lui assure, en même temps, une majorité et le siphonnage d’une partie des voix du RN au profit de LR aux prochaines élections. « Il n’aura pas d’autres choix que d’aller loin sur la question régalienne », juge un député de droite. Ce qui pourrait lui permettre de survivre à l’examen du budget attendu pour l’automne et impérativement voté avant la fin de l’année. « S’il passe ce stade, il peut tenir jusqu’en juin », poursuit le même interlocuteur, pariant sur une possible dissolution en 2025.

Autre échéance délicate : le 20 septembre, la France, visée par une procédure européenne pour déficit excessif – 5,6 % cette année –, doit présenter sa feuille de route pour assainir ses comptes. À moins que la Commission européenne n’accorde le report réclamé par Paris. Dans ce bras de fer ô combien périlleux, l’aura d’un Michel Barnier, plusieurs fois commissaire, devrait peser dans la balance… malgré des relations distendues avec sa présidente, Ursula von der Leyen, et le mauvais souvenir laissé à Bruxelles par ses diatribes eurocritiques durant la primaire LR. Face à l’empilement des défis, cet homme de la « vieille école » veut croire au « dialogue avec l’ensemble des forces politiques », privilégier « le terrain », « moins de communication et plus d’action ». La politique pas à pas, comme on gravit les sommets.  

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