REMARQUES
SUR
LES MOUVEMENTS DE POPULATION
EN CHAMPAGNE MÉRIDIONALE
La dépression démographique occupe une place essentielle dans la série des bouleversements qui ont ébranlé l'Europe occidentale aux xive et xve siècles. Sans qu'on puisse toujours y voir une cause de la stagnation démographique ou, au contraire, une conséquence des guerres, des disettes et des épidémies, on n'en conteste pas l'importance. Les pays de l'Europe chrétienne ont connu une reprise de peuplement d'autant plus précoce qu'ils avaient été moins touchés par ces fléaux, mais qui ne paraît, en aucun cas, antérieure au milieu du xve siècle : pendant cent ans au moins, l'affaissement démographique a été net et général1.
Malheureusement et en dépit des nombreux travaux qui ont suivi, depuis douze années, le rapport du IXe Congrès international des sciences historiques, il n'est pas possible de se faire une idée précise des mouvements de population, de leur ampleur, de leurs étapes, de leurs accidents ; certaines régions sont encore totalement dépourvues d'études de détail éclairant quelque peu la question, lacune fâcheuse lorsqu'elles se sont trouvées, comme la Champagne, au cœur même des guerres, et sur les voies de la peste2. Il nous
1. Une bibliographie commode de la question pourra être trouvée soit dans J. Heers, L'Occident aux XIVe et XVe siècles : aspects économiques et sociaux, Paris, 1963, p. 264 et sq. ; soit dans G. Duby, L'économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval, Paris, 1962, t. I, p. 42 et sq.
2. La question a été reprise au XIe Congrès international, cf. Résumé des communications, Göteborg-Stockholm, 1960, l'article de J. GKnisson, Étude de recensement et d'interprétation des sources de l'histoire démographique en
BIBL. ÉC. CHARTES. 1964 12
