Philippe SOULIER avec la collaboration de Gwenaëlle WILHELM-BAILLOUD et des extraits de textes inédits de Gérard BAILLOUD † Gérard Bailloud (4 décembre 1919/ 30 août 2010)
Introduction
Gérard Bailloud, spécialiste mondialement connu du Néolithique, un des grands préhistoriens français de la seconde moitié du siècle dernier, fut aussi le secrétaire général de la SPF de 1964 à 1983, son président en 1970 et son vice-président en 1976. Sa vie et
son activité scientifiques, qui s’orientent aussi bien vers
le Néolithique européen que vers la Préhistoire récente
de l’Afrique, peuvent se répartir en quelques grandes
séquences. Après une scolarité parisienne brillante et
des études de lettres, il s’oriente vite vers l’ethnologie
africaine, puis vers la Préhistoire française. Travaillant
tout d’abord aussi bien sur le terrain en Paléolithique (Arcy-sur-Cure, dans l’Yonne, avec Leroi-Gourhan) qu’en érudition bibliographique pour le Néolithique (ouvrage de synthèse européenne dès 1955), il part
également en mission au Tchad et en Éthiopie pour des prospections archéologiques et des relevés pariétaux.
Le Néolithique, de France ou d’Europe occidentale,
deviendra cependant sa spécialité majeure et, outre les fouilles des Mournouards, de Conquette ou de Basi, il participe et anime de très nombreux colloques, et publie articles et ouvrages de synthèse. Il mena sa carrière au CNRS, la terminant à la direction de
l’URA12 du CRA jusqu’à sa retraite fin 1983. Ensuite,
il vécut en Bretagne, se passionnant pour la culture régionale et réalisant des travaux savants sur les textes
en langue celtique. Il s’éteint en août 2010 à Carnac. Sous la forme d’une chronique, cet article est un survol de l’itinéraire de sa vie et non une étude sur le Néolithique. C’est pourquoi, pour respecter au plus près ses idées et en restituer l’expression, nous avons choisi de
laisser une place importante aux citations, placées en italique dans le texte(1).
(1) Cette biographie a été abondamment établie à partir des «pièces annexes des rapports annuels d’activité au CNRS » , dont il avait conservé
un double et qui concernent la période de 1958 à 1983, ainsi que par les différentes versions de son curriculum vitae. De larges extraits des rapports annuels, mais aussi de ses publications, sont présentés ici car ils sont exemplaires de la manière dont travaillait Gérard Bailloud (lecture systématique des ouvrages et articles, avec prises de notes et
dessins d’objets dans les collections publiques et privées, constitution d’une base documentaire tendant à l’exhaustivité, succession de synthèses sans cesse mises à jour) et du regard qu’il portait sur ses propres travaux (projets de recherche et déclarations d’intention, tant pour les
fouilles, les études de séries que pour les publications, intérêt documentaire
collectif et diffusion des connaissances). Par ailleurs, ces extraits sont riches d’enseignement pour l’étude de la dynamique des recherches et du renouvellement des connaissances de la seconde partie du 20e siècle. Ils sont aussi, pour nous, l’occasion de lui redonner ici directement la parole, tout autant que d’y rester fidèle.
Notre contribution a également été largement complétée par deux apports
différents : d’une part les archives personnelles et professionnelles de
Gérard Bailloud, conservées à Carnac et à Paris, mises à disposition et
commentées par l’une d’entre nous (G. W.-B.), d’autre part un long entretien, inédit, conduit avec l’autre (P. S.) à Carnac le 28 mai 2001, au
cours duquel avaient été évoqués aussi bien sa propre carrière que ses liens avec André Leroi-Gourhan.
D’autres sources et fonds d’archives ont également été consultées : fonds de la bibliothèque centrale du Muséum (MNHN -cotes 2AM1
Enfance et études
Gérard Ludovic Bailloud naît le 4 décembre 1919 à Paris 16e, et décède à Carnac le 30 août 2010. Son
père, ingénieur des Arts et Manufactures (Joseph André
Bailloud), et sa mère (Gabrielle Marie Constance
I3a et I3b, 2AM 1K), Archives centrales du CNRS (910025 DPAA pour 1957-74 et cotes 910024 DPC pour 1975-84), du musée des Arts décoratifs (cote DI/ 386) et de la SPF (fonds – encore non coté – conservés au MNHN), de l’URA 12 et du fonds Leroi-Gourhan conservés à la MAE René-Ginouvès de Nanterre, de l’association Cora à Saint-Moré (89), de la période 1940-1945 à la médiathèque de Clichy, de l’École du Louvre. Malgré le soin apporté à collecter les documents nécessaires, les délais de réalisation (deux mois en tout) et la difficulté
à retrouver certains documents font que cette contribution est
souvent lacunaire et déséquilibrée (voir note 66). Nous comptons sur
la compréhension des lecteurs. Des entretiens ponctuels avec Claude Constantin, Jean-Claude Liger, Daniel Mordant, Jacques Tarrête et
Marie-José Tubiana (ainsi que nos propres souvenirs personnels) ont
permis de compléter certains aspects. Pierre Claustre nous a communiqué les documents en sa possession sur les travaux de Françoise Treinen-Claustre menés en collaboration avec Gérard Bailloud, en
Afrique ou en France. Edmond Magnifique (CNRS, ArScAn) a réalisé la numérisation des documents et Daniel Mordant (SPF) le montage des figures.
Que tous en soient remerciés ici. Sauf mention contraire, les illustrations proviennent des archives de Gérard Bailloud et les citations de ses rapports annuels au CNRS. Celles issues de ses publications sont accompagnées par des appels en bibliographie. Une liste des publications de Gérard Bailloud, complétée par
Claude Constantin à partir de celle publiée dans l’ouvrage d’hommage de 1986, figure à la fin de ce volume.
Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 3, p. 415-469