LES ÉMAUX DE GRANDMONT
(Suite.)
Comment se présentait, en définitive, cet autel?
A l'antependium, le Christ, certainement en majesté, entre les quatre Évangé- listes et les douze Apôtres. Au-dessus, un retable à gradins (1), orné des scènes de la vie d,'Étienne de Muret et du cycle christologique, avec sans doute des préfigures tirées « du Vieux Testament ». Étagécs sur les gradins, sept châsses, celle de saint Etienne trônant « au plus éminent lieu du dict autel », « par dessus le tabernacle ».
Étudions successivement les trois parties de cet ensemble, assurément gigantesque, puisque, étant donnée la taille des châsses que supportait le retable, il devait mesurer de 5 à 6 mètres de largeur.
I. — Le devant d'autel
Son iconographie n'a rien qui puisse surprendre, car elle est fréquente au xne siècle (2). Et, pour nous en tenir au domaine de l'émaillerie, l'antependium de Grandmont évoque irrésistiblement des œuvres telles que le revêtement de tombeau de Silos, aujourd'hui au Musée de Burgos, ou l'autel de San Miguel in Excelsis, malgré la présence, dans l'œuvre conservée en Navarre, d'une Vierge en majesté à la place du Christ. Ces deux ouvrages ont été longtemps considérés comme faits à Limoges au xine siècle, en vertu du principe qu'à cette époque tout ce qui était émaillé ne pouvait
(1) Pardoux de Lagarde l'appelle « contretable », ce qui a conduit Texier, suivi par Rohault de Fleury [ouvr. cité, I, p. 215), à y voir la « face postérieure » de l'autel {Autels émaillés [art. cité), p. 288). Guibert avait déjà relevé cette erreur (L'école... (art. cité), p. 17, note 1).
(2) Rohault de Fleury, ouvr. cité, I, p. 214 et suiv. ; et surtout, Joseph Braun, Der Christliche Altar in seiner geschichtlichen Entwicklung, Munich, t. Il, 1924, p. 90-106 et 123-132.
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