Couverture fascicule

Abélard entre chien et loup

[article]

Année 1977 20-80 pp. 307-322
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 307

Jean JOLIVET

Abélard entre chien et loup*

L'image d'Abélard a mis longtemps à se stabiliser. Déjà ses contemporains le voyaient de façons très différentes : nous savons qu'il a été deux fois condamné, mais défendu avec une grande vivacité satirique par Bérenger ; loué par ses étudiants de ce qu'il aurait pénétré jusqu'au fond le mystère de la Trinité — et Gautier de Mortagne s'en étonne et s'en inquiète avec déférence ; insulté par Roscelin ; écouté par Jean de Salisbury ; vitupéré par Bernard de Clairvaux ; réfuté par Guillaume de Saint-Thierry et Thomas de Morigny ; fraternellement accueilli, après sa seconde condamnation, par Pierre le Vénérable, qui fait son éloge dans la belle lettre qu'il envoie après sa mort à Héloïse. Laissant ici de côté son influence directe ou indirecte, notamment en matière théologique, les mentions sporadiques qui sont faites de son nom dans la suite du moyen âge, l'histoire des manuscrits de ses œuvres — toutes recherches attachantes et difficiles, bien loin d'être achevées, et qui nous entraîneraient trop loin de notre propos — , nous noterons que depuis le xvne s. plusieurs Abélards ont successivement apparu ; et cette histoire est liée à celle des éditions de ses œuvres.

En 1616 sont publiées à Paris des œuvres d'Abélard et d'Héloïse dans les deux éditions jumelles d'André Duchesne et de François d'Amboise. Elles comprennent essentiellement la correspondance des deux époux, un certain nombre de lettres et opuscules dus à Abélard et à d'autres, et quelques œuvres théologiques d'Abélard : principalement son Commentaire de l'Êpître aux Romains, des sermons, et V Inlroduclio ad iheologiam, qu'on appelle maintenant plus volontiers Theologia « Scolarium »1. C'est à partir de là que se constitue, d'une façon que sans doute les éditeurs ne prévoyaient pas, le premier Abélard des temps modernes, l'Abélard d'Héloïse en somme, l'un de ces deux amants malheureux dont le dialogue intime est comme cristallisé pour l'éternité dans quelques pages inoubliables de la Correspondance — et qui sont d'ailleurs rapportées à Héloïse, non à lui. Cet Abélard-là, le plus largement connu maintenant encore, le plus durablement célèbre, ce héros de l'univers sentimental, n'est guère en

* Ceci est. la reprise de trois leçons données au cours de la vingt-troisième session d'été du Centre d'Études supérieures de Civilisation médiévale de l'Université de Poitiers (juillet 1976). On n'y trouvera pas une notice complète sur Abélard, mais plutôt l'inverse : un résultat des recherches abelardienncs récentes a été de compliquer une silhouette que l'on croyait bien tracée et d'ajouter ainsi aux ambiguïtés qu'on lui connaissait déjà. Les pages qui suivent ont pour objet principal de faire apparaître en quelques points cet effet de brouillage, ou de pénombre.

1. Sur cette éd., voir Abélard, Historia calamilatum, texte critique avec introd. publ. J. Monfrin, Paris, 2e éd., 1962, p. 31-46.

307

î

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw