DE L'ACTION DILATRICE DU YOD

EN GALLO-ROMAN

Dans la première partie de cette étude, parue dans la Revue des Langues Romanes, t. LXVIII, pp. 1-64, il a été question de l'action conservatrice de y sur ü latin en gallo-roman.

Nous croyons avoir montré que le non-passage de ù à q dans les continuateurs de püteu, büxeu, cüpreu, etc., ne saurait s'expliquer simplement par un phénomène de dilation ou d' «Umlaut », c'est-à-dire par l'action d'un yod à distance. Pour que ú conserve son timbre, il faut que l'action dilatrice du yod se double d'une autre action, assimilatrice celle-là ; autrement dit, la présence de deux yod est nécessaire : l'un au contact (issu d'une transposition) agit par assimilation ; l'autre (origi¬ naire) agit à distance par dilation. De plus, une condition est indispensable : l'action de ce dernier yod ne doit pas être neu¬ tralisée par la séquence d'un -a.

Outre fr. puits , buis, cuivre , etc., cette «loi phonétique» permet d'expliquer une forme qui a longtemps embarrassé les romanistes, celle de la ire pers. sing, indic. prés, du verbe être en français et en provençal : v. fr., v. prov. sui, fr. mod. suis.

Passons d'abord en revue les explications proposées jusqu'ici. Elles se réduisent à trois principales. Kr. Nyrop, tout en recon¬ naissant que la forme sui attend sa solution, admet avec réserves une réfection de sùm sur le parfait fui; cf. Gr. hist, de la 1. fr., II, § 119, 6. L. Clédat part au contraire d'un type latin *sïo qui aurait donné naissance à siu et, par métathèse de iu en ui, à sui; ci. Man. de phon. et de morphol. fr., §40. Cepen¬ dant l'hypothèse qui semble la plus communément admise est celle qui suppose une base *söyo <C *so (c.-à-d. *söm,

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