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Fusillade à la station de Beer-Sheva

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La fusillade à la station de Beer-Sheva est un attentat ayant eu lieu le 18 octobre 2015 dans une station de bus à Beer-Sheva. Ce jour là, un tireur tue Omri Levy, un soldat israélien de 19 ans puis après, il s'empare de son fusil automatique et tire dans la foule. Lorsque d'autres agents de sécurité arrivent, le tireur prend la fuite, mais est abattu par le personnel de sécurité.

Un demandeur d'asile érythréen de 29 ans, Haftom Zarhum, est pris à tort pour un deuxième attaquant. Il est atteint de huit balles tirées par la police et est ensuite frappé et battu par quatre Israéliens alors qu'il est déjà blessé, tandis que des spectateurs crient des insultes à son égard[1],[2]. Des images choquantes de ce lynchage sont filmées par un passant et diffusées sur les réseaux sociaux[3].

Au moins onze personnes, dont Zarhum, qui succombe à ses blessures quelques heures plus tard, et quatre policiers, sont hospitalisées. Le tireur devient le premier Bédouin israélien impliqué dans une attaque contre des Israéliens[4].

En réponse à ce lynchage, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou met en garde les citoyens contre la tentation de se faire justice eux-mêmes[5].

L'attaque[modifier | modifier le code]

Le tireur, armé d'un couteau et d'un pistolet, utilise le pistolet pour tirer sur un policier, puis s'empare du fusil d'assaut de l'agent et continue de tirer, blessant plusieurs autres policiers, soldats et civils[6],[7],[8]. Il tente ensuite de fuir mais est tué dans une fusillade avec la police[9].

Pendant l'attaque, les forces de sécurité tirent sur Haftom Zarhum à huit reprises[10], le prenant à tort pour un deuxième tireur[8],[11],[12],[13]. Les passants le prennent également pour un attaquant, le frappent et lui crient des insultes alors qu'il est blessé[14]. Un agent pénitentiaire, participant à la bastonnade, explique aux médias qu'il a vu Zarhum lever les mains vers sa tête et l'a attaqué en croyant qu'il s'agissait d'un terroriste qui n'avait pas été "neutralisé" et qu'il pouvait être en train de chercher une arme[15].

Les victimes[modifier | modifier le code]

Haftom Zarhum, pris à tort pour un deuxième tireur, est tué dans l'attaque après avoir été abattu par la police et agressé par des passants israéliens. Une autopsie détermine que Zarhum est mort de ses blessures par balles, et non des blessures infligées par la foule[16].

Douze personnes, dont Zarhum, qui succombe à ses blessures quelques heures plus tard, et quatre policiers, sont hospitalisées. Au moins un des soldats israéliens blessés, Daniel Harush, âgé de 19 ans, est abattu et gravement blessé par un autre agent de sécurité qui le prend pour un terroriste[17]. Au moins quatre des blessés sont des policiers[18].

L'assaillant[modifier | modifier le code]

Au début, les autorités israéliennes pensent que l'attaquant avait des complices[19],[20]. Les premiers rapports des médias palestiniens identifient à tort le tireur comme étant Asam al-Araj de Shuafat[6].

Les autorités identifient le tireur comme étant Muhand al-Okabi (Mohind al-Okbi, Muhannad al-Aqabi), un Israélien de 21 ans originaire de la ville bédouine de Hura (en) dans le Néguev[7]. Sa mère est une immigrante de Gaza qui a obtenu la citoyenneté en vertu de la loi israélienne sur la réunification familiale après avoir épousé un citoyen israélien[7]. Le New York Times décrit l'implication des Bédouins israéliens dans le terrorisme comme "inhabituelle"[21].

Le téléphone portable de l'attaquant contient des photographies d'armes, de militants du Hamas et du matériel lié à son plan d'attaque de la station de bus[22]. Selon des collègues, le coupable avait exprimé sa conviction que l'État islamique conquérirait bientôt Israël[23].

Le frère du tireur, Omar al-Okabi, âgé de 20 ans, savait apparemment que Muhand avait acquis une arme et qu'il avait des croyances de plus en plus radicales[24]. Il est inculpé par le tribunal de première instance de Beer-Sheva pour ne pas avoir empêché son frère de mener l'attaque[25].

L'enquête[modifier | modifier le code]

L'enquête de la police sur l'attaque révèle que l'entrepreneur exploitant la station de bus n'a pas fourni une sécurité adéquate. L'entreprise était tenue d'avoir onze gardes, mais seulement sept étaient en service, et ces gardes n'ont pas correctement contrôlé les personnes entrant dans la station de bus[26].

Lynchage et procès[modifier | modifier le code]

Les autorités ont détenu quatre Israéliens, David Moyal, Evyatar Damari, Yaakov Shamba et Ronen Cohen[27], impliqués dans le passage à tabac de Haftom Zarhum[16],[28]. Selon les images de l'incident, alors que Zarhum gisait impuissant au sol, Moyal s'approche et lui lance un banc dessus. Moyal est ensuite écarté par la foule qui entoure Zarhum. Deux autres hommes interviennent et donnent de violents coups de pied à Zarhum à la tête et au haut du corps. Un quatrième homme lance à nouveau un banc sur Zarhum[2].

Le parquet rejette la revendication de légitime défense des accusés : « Les accusés ont commis des actes de violence graves envers le citoyen défunt Haftom Zarhum, qui avait déjà été abattu, blessé et saignait abondamment, par vengeance et pour soulager leur colère, et non, comme l'ont prétendu les accusés, par légitime défense. » En 2018, le parquet propose aux accusés une négociation de plaidoyer, réduisant les charges de « causer des blessures avec intention grave », passible de 20 ans de prison, à « abus envers une personne sans défense »[1]. Moyal et Damari acceptent l'offre. En juillet de cette année, Moyal est condamné à 100 jours de service communautaire, huit mois de probation et à payer 2 000 shekels en compensation[29],[27]. En décembre, Damari est condamné à quatre mois de prison.

Les deux autres, Yaakov Shamba et Ronen Cohen, décident de porter l'affaire en justice. Ils sont jugés devant le tribunal de district de Beer-Sheva pour avoir causé des blessures avec intention grave. En juillet 2020, ils sont acquittés. Le tribunal juge que leur affirmation selon laquelle ils pensaient que l'homme était un terroriste suffit à créer un doute raisonnable justifiant leur acquittement[30].

Les premiers rapports indiquent que Zarhum possédait un visa de travail[9], mais il est ensuite déterminé qu'il était demandeur d'asile sans permis de résidence[31]. Bien que Zarhum n'ait pas eu de permis de résidence, ce qui rend sa famille inéligible à l'aide gouvernementale versée aux familles des victimes du terrorisme, le procureur général Yehuda Weinstein (en) recommande que la famille reçoive une assistance[31]. Cependant, l'Agence nationale d'assurance israélienne rejette la demande de compensation de la famille de Zarhum parce qu'il est entré illégalement dans le pays[2].

Les réactions[modifier | modifier le code]

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou accuse les dirigeants palestiniens de sponsoriser des incitations sur les réseaux sociaux encourageant les jeunes Arabes à attaquer des Israéliens, et met en garde les Israéliens témoins d'attaques de ne pas se faire justice eux-mêmes : « Quelqu'un qui est témoin d'une attaque doit quitter les lieux et laisser les forces de sécurité et de secours travailler... Nous sommes une nation de lois. Personne ne peut se faire justice lui-même. »[32],[33]

Les dirigeants de la communauté bédouine israélienne condamnent l'attaque. Le maire de Hura, Mohammed Alnabati, déclare : « Nous condamnons totalement et sans réserve cet acte méprisable et rejetons toute forme de violence... Nous condamnons cet acte au nom de toute la société bédouine et tenons à préciser que vous ne pouvez pas être à la fois un terroriste et un citoyen du pays ; les deux sont fondamentalement contradictoires. »[21]

L'État islamique publie une série de vidéos louant le tireur, avec des titres tels que « Projet de décapiter les Juifs », « Message aux moudjahidines à Jérusalem » et incitant les musulmans à mener ce djihad contre les Juifs[23].

Taleb Abu Arar, membre de la Knesset pour la Liste arabe unie, affirme l'innocence d'al-Okbi et demande que la fusillade soit « enquêtée encore et encore jusqu'à ce que la vérité soit découverte »[34].

L'Autorité palestinienne honore l'attaquant comme un « Chahid »[35].

Impact[modifier | modifier le code]

Après l'attaque, les Érythréens en Israël déclarent que le meurtre de l'Érythréen innocent est un exemple de racisme[36].

Deux aspects de l'attaque mènent à une longue conversation publique : les agents de sécurité vus en train de fuir le tireur actif, et les passants vus en train de frapper et d'insulter Zarhum, pris à tort pour un deuxième attaquant après qu'il ait déjà été abattu. Une vidéo montrant Zarhum se faisant battre alors qu'il est allongé au sol, saignant de ses blessures par balle, choque les Israéliens[37].

La fusillade est le sujet du film documentaire de 2016, Death in the Terminal (en), réalisé par Tali Shemesh (en) et Asaf Sudril. Le film remporte des prix au Festival international du film documentaire d'Amsterdam et aux Ophirs du cinéma[38], ainsi que le prix du Meilleur film à Docaviv (en)[39].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « article » (voir la liste des auteurs).
  1. a et b Jonathan Ofir, « Revenge against Palestinians is understandable, Israeli judge says in acquitting two security officers who attacked innocent man », sur Mondoweiss,
  2. a b et c (en-US) Raoul Wootliff, « Man gets community service over lynching of migrant mistaken for terrorist », sur Times of Israel, (consulté le )
  3. « Israel mob lynches Eritrean after bus station attack », Aljazeera,‎ (lire en ligne)
  4. « Bedouin Israeli indicted for aiding Kiryat Gat terrorist », The Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Joe Dyke, AFP, « Netanyahu warns against vigilantism after Eritrean killed », Yahoo! News,‎ (lire en ligne [archive du ])
  6. a et b « Israeli soldier killed in bus station gun attack », France24,‎ (lire en ligne)
  7. a b et c Yaakov Lappin, « Israeli Beduin identified as gunman in Beersheba shooting attack, Shin Bet says », The Jerusalem Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. a et b « Israeli killed in Beersheva bus station attack », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b Isabel Kershner, « Killing of Eritrean Migrant Shakes Israeli Confidence Amid Surge of Violence », The New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ] Accès limité, consulté le )
  10. (en-US) « Eritrean killed in Beersheba ineligible for terror victim status », sur Times of Israel (consulté le )
  11. Ruth Eglash et William Booth, « Sunday stabbing and shooting attack in Negev desert leaves two dead », The Washington Post,‎ (lire en ligne [archive du ] Accès limité, consulté le )
  12. Inna Lazareva, « Israel bus station attack: 'Palestinian gunman' opens fire in Beersheba », The Daily Telegraph,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  13. Paul Goldman, Yael Factor et Cassandra Vinograd, « Beersheba Attack: Eritrean Mistaken for Terrorist Is Shot, Beaten », NBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Ben Hartman et Yaakov Lappin, « Terrorist kills soldier, wounds several others in attack at Beersheba bus station », The Jerusalem Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Ron Boker, « Prison officer who took part in lynching in Beer Sheva: 'I'm not sorry' », Ynetnews,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. a et b « 2 Israel Prisons Service employees face disciplinary hearing in beating of Eritrean man », JTA,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. « Soldier injured in Beersheba attack was shot by police », The Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Adam Chandler, « A Shooting Attack in Southern Israel », The Atlantic,‎ (lire en ligne [archive du ] Accès payant, consulté le )
  19. « Beersheba shooting may not have been 'lone wolf' attack, top defense official says », The Jerusalem Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. Amos Harel, « Be'er Sheva Attack Indicates Calm Is Still Far Away », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. a et b Isabel Kershner, « Israel Says Bedouin Arab Citizen Carried Out Bus Attack That Killed Soldier », The New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ] Accès limité, consulté le )
  22. Almog Ben Zikri, « Police: Be'er Sheva Terrorist Was in Contact With Hamas », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. a et b « Beersheba terrorist 'believed in the Islamic State' », The Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. Almog Ben Zikri, « Slain Eritrean Asylum Seeker Was Also Shot by Border Policeman, Police Say », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. « Brother of Palestinian prisoner indicted », The Palestinian Information Center,‎ (lire en ligne)
  26. « Lax security blamed in Beersheba attack », The Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. a et b (en) Almog Ben Zikri, « Israeli State's Attorney Offers Community Service to Asylum Seeker's Lynchers », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. « Israel Prison Service Postpones Decision on Be'er Sheva Lynch Suspect Till Next Week », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  29. Ilana Curiel, « Israeli gets lenient sentence after taking part in lynch of Eritrean », Ynetnews,‎ (lire en ligne)
  30. « Court acquits men who lynched Eritrean migrant they mistook for terrorist », sur The Times of Israel
  31. a et b Raoul Wootliff, « Weinstein recommends compensation for family of lynch victim », The Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. Rory Jones, « Israelis Urged to Show Restraint in Face of Escalating Violence », The Wall Street Journal,‎ (lire en ligne, consulté le )
  33. Michael Schwartz et Ben Brumfield, « Netanyahu after mob beating: 'No one will take law into his own hands' », CNN,‎ (lire en ligne, consulté le )
  34. Jonathan Lis, « Israeli Arab Lawmaker: Bedouin Slain After Be'er Sheva Terror Attack Was Innocent », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  35. Pincus Inbari, « Why the Palestinian Authority Hesitated to Honor Israeli Arab Terrorist as a "Martyr" », Jerusalem Center for Public Affairs,‎ (lire en ligne, consulté le )
  36. Ben Sales, « African Immigrants Say Killing Reflects Discrimination in Israel », The Forward,‎ (lire en ligne)
  37. Adam Taylor, « In Israel's chaotic violence, cases of mistaken identity can be deadly », The Washington Post,‎ (lire en ligne [archive du ] Accès limité, consulté le )
  38. Dave McNary, « Megan Ellison-Mark Boal Terrorism Documentary 'Death in the Terminal' Lands at Topic », sur Variety, (consulté le )
  39. (he) Amir Bogan, « הזוכה בדוקאביב: סרט על הלינץ' בבאר שבע », ynet,‎ (lire en ligne, consulté le )