Mandchous
Les Mandchous (en mandchou « horizontalisé » : ᠮᠠᠨᠵᡠ, manju ; chinois : 满洲
Les Mandchous constituent l'une des cinquante-six nationalités de la république populaire de Chine.
Démographie
[modifier | modifier le code]La population s'élevait à 10 682 262 personnes en 2000 pour la Chine, ainsi qu'à 12 000 à Taïwan, 1 000 à Hong Kong et 1 000 au Japon[1]. Les Mandchous représentent 0,77 % de la population chinoise et 9,28 % des minorités ethniques en Chine. Ils sont présents dans 31 provinces du pays, la moitié des Mandchous ethniques habitant le Liaoning et 20 % le Hebei.
Culture
[modifier | modifier le code]La culture mandchoue se distingue de la Han chinoise par ses origines nomades ainsi qu'une langue et un mode de vie différents.
Après la conquête de la Chine au XVIIe siècle, ils imposent un certain nombre de leurs attributs culturels tel l'usage du mandchou à la cour impériale ou certains codes vestimentaires tel la qipao[2].
Langue
[modifier | modifier le code]La langue mandchoue (en chinois : 满语 /
Selon l'UNESCO, elle ne comptait plus en 2010 que dix locuteurs natifs.
Religion
[modifier | modifier le code]Comme les Mongols, les Toungouses sont traditionnellement chamanistes. Cependant, Altan Khan (1502-1582), créateur du titre de dalaï-lama, a poussé les Mongols à se convertir au bouddhisme tibétain, afin de prendre le pouvoir sur les Gengiskhanides qui pratiquaient dans le tengrisme un culte à Gengis Khan. Lorsque les Mandchous sont arrivés au pouvoir en Chine, ils ont également appuyé le bouddhisme tibétain (bouddhisme vajrayāna) afin de renforcer leurs alliances avec les Mongols et chan (bouddhisme mahāyāna) afin de renforcer leur pouvoir central sur la chine, majoritairement bouddhiste.
Histoire
[modifier | modifier le code]Origines
[modifier | modifier le code]À l'origine, les Mandchous se nommaient Jürchen (
Sous le règne de Sejong le Grand (règne, 1418 – 1450) de la dynastie coréenne Joseon, ils se font repousser de la péninsule coréenne, jusqu'au fleuve Yalou.
Le nom de Mandchous a été officiellement adopté par Huang Taiji en 1635, mais il était utilisé au moins depuis 1605 du temps de Nurhaci . Huang Taiji fit interdir par la même occasion l'usage de l'ancien nom, les Jürchen. La signification originelle du terme n'est pas établie de façon certaine, mais il semble que c'est l'ancien nom Jianzhou des Jürchen. Une autre théorie avance que les Mandchous, comme de nombreux autres peuples toungouses, tirent leur nom du mot toungouse mangou, signifiant « grande rivière ». Enfin, certains estiment que le nom de Mandchous provient du bodhisattva Manjusri, dont Nurhaci se disait la réincarnation.
Jusqu'au XVIIe siècle, les Mandchous sont un peuple d'éleveurs nomades vivant de chasse, de cueillette et de pêche ; ils commencent l'élevage du porc et font quelques essais d'agriculture.
Organisation sociale et militaire des huit bannières
[modifier | modifier le code]Après l'unification par Nurhachi des tribus mandchoues, celui-ci mit en place les « Huit Bannières » (en mandchou : jakūn gūsa, en chinois :
Elles structuraient non seulement l'organisation militaire mandchoue, mais aussi l'ensemble de la société mandchoue[3] : en effet, tout Mandchou, homme ou femme, appartenait à une Bannière, et cette appartenance était héréditaire. Ce rôle se renforça encore après la conquête de la Chine, où le système des Bannières servit à la dynastie des Qing pour préserver l'identité mandchoue (en particulier par le système des « mariages dirigés »), tout en se dotant d'institutions civiles et militaires permettant de contrôler la Chine
La pièce élémentaire dont étaient constituées les Bannières était la compagnie (mandchou : niru ; chinois :
Au XVIIe siècle, les Mandchous envahissent la Chine. Le chef des Mandchous Nurhaci, dont quatre membres de sa famille sont tués quand ils attaquent le Nord-Est de la Chine ; il est aidé par le général Li Chengliang, qui lui fournit des matériels de survie et des armes et bat toutes les tribus mongoles et d'autres peuples nomades, sauf celui de Nurhachi. Après la mort de Li, Nurhachi dirige ces peuples, quelques dizaines de milliers d'hommes équipés de chevaux et d'armes, et ils attaquent les villes de Jinzhou, Ningyuan, Pidao, Shenyang, et le passage de Shanhai. Dans leurs écrits, il est dit : « lors de cette guerre nous avons volé 970 000 hommes et animaux ».
Après leur victoire, ils commettent de nombreux massacres dans les différentes régions de la Chine[4],[5],[6],[7],[8].
Fondation de la dynastie des Jīn postérieurs
[modifier | modifier le code]À partir de 1583, Nurhachi, après la mort de son père Taksi (en), commença son entreprise d'union des différentes tribus jürchen sous son autorité. En 1599, il réforma l'écriture mandchoue en adoptant un système dérivé de l'écriture mongole. En 1601, il entreprit une réforme de l'organisation socio-militaire des Mandchous en créant quatre bannières, chacune symbolisée par une couleur différente : le jaune, le rouge, le bleu et le blanc. En 1615, il ajouta quatre nouvelles bannières, instituant définitivement le système des Huit Bannières. L'année suivante, il fonda la dynastie des Jin postérieurs (
La dynastie Qing
[modifier | modifier le code]Durant la conquête mandchoue, ils envahirent la Chine et fondèrent la dynastie Qing, qui régna sur la Chine durant près de trois siècles jusqu’à ce qu’en 1911, Sun Yat-sen proclame la République. Durant la dynastie Qing, la Chine manqua la révolution industrielle et l'écart de niveau de vie avec les pays occidentaux s'accrut considérablement, alors qu'il était quasiment nul au XVIIIe siècle.
XXe siècle
[modifier | modifier le code]En 1931, l'empire du Japon envahit la Mandchourie ; l'année suivante, les Japonais créent l'État du Mandchoukouo (Nation de Mandchourie), à la tête duquel ils placent le dernier empereur Qing, Puyi, officiellement établi à Changchun. Dans les faits il ne servait que de représentant de leur contrôle sur la région. Conçu officiellement comme un État dirigé par l'ethnie mandchoue, le Mandchoukouo comptait cependant une majorité de Hans dans sa population. Cet État disparait à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en + zh) China Statistical Yearbook 2003, p. 48.
- (zh)
周 锡保,中国 古代 服 饰史, Pékin,中国 戏剧出版 社 , , 542 p. (ISBN 9787104003595), p. 542. - Mark C. Elliot, The Manchu way: The 8 Banners and ethnic identity in late imperial China, Stanford, Stanford University Press, 2001, Préface.
- 《
嘉 定 乙 酉 纪事》《明 清 档案》《江 变记略 》 《清 代 西人 见闻录》de杜 文 凯《在 联合省 的 东印度 公司 出 师中国 鞑靼大 汗 皇帝 朝廷 》de John Nieuhoff. - 《
在 联合省 的 东印度 公司 出 师中国 鞑靼大 汗 皇帝 朝廷 》de John Nieuhoff : « 鞑靼全 军入城 之 后 ,全 城 顿时是 一 片 凄惨 景 象 ,每 个士兵 开始破 坏,抢走?切 可 以到手 的 东西;妇女、儿童和 老人 哭声震 天 ;从11月 26日 到 12月15日 ,各 处街道 所 听到的 ,全 是 拷打、杀戮反 叛蛮子 的 声音 ;全 城 到 处是哀 号 、屠 杀、劫掠 ;凡有足 够财力 者 ,都 不 惜代价以赎命,然 后 逃脱这些惨 无人道的 屠 夫 之 手 。». - 《
李 朝 实录》(par les Coréens): « 时奴贼既得 辽阳,辽东八站军民不乐从胡者,多 至 江 边…… 其后,贼大至 ,义民不 肯剃头者,皆 投 鸭水(鸭绿江 )以死。 » traduction : Quand les barbares ont vaincu la ville de Liaoyang, les militaires et civils de 8 villes de l'Est de la province de Liaoning qui n'obéissent pas aux envahisseurs vont au bord du fleuve… Ensuite, quand les barbares arrivent, les gens qui ne veulent pas qu'on leur rase les cheveux sont tous jetés dans le fleuve de Yalujiang et meurent. - Écrits des Mandchous :
顺治
七 年 十二月 (date)清 宣 大山西 总督(titre)佟养亮 (nom) : «大同 、朔 州 、浑源三城 ,已 经王师屠戮,人民 不 存 »! trad : Les villes de Daton, de Shuozhou et de Hunyuan, sont déjà toutes passées par notre grande armée, aucune personne ne vit encore. 《明 清 档案》第 十 一 册 ,A11-20 et 《朔 州 志 》: «城 破 ,悉遭屠戮 » trad. : la ville {de Shuozhou} est assaillie, tous les habitants sont tués. - 《广州
市 志 》,《广东通 志 》,《鞑靼战纪》du missionnaire italien Martin Martini,1614~1661 : «大 屠 杀从11月 24日 一直进行到12月 5日 。他 们不论男女 老幼 一律残酷地杀死,他 们不说别的 ,只 说:‘杀!杀死这些反 叛的蛮子! » trad. : le massacre dure du 24 novembre jusqu'au 5 décembre, ils tuent de façon cruelle tous les habitants, des hommes, des femmes, ainsi que les enfants et aînés, ils ne disent que : « tuez ! tuez ces désobéissants ! ».
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Bai Lian, Evolving on-line empowerment: the Manchu identity revival since the 1980s, School of Law, University of Maryland, Baltimore, Md., 2008, 48 p. (ISBN 978-1-932330-25-0).
- (en) Pamela Kyle Crossley, The Manchus, Blackwell Publ., Oxford, 2002, 239 p. (ISBN 0-631-23591-4).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :