Qilin
Autres noms |
(zh) qílín (ko) kirin (ja) kirin (vi) kỳ lân |
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Groupe | créature mythologique |
Origines | mythologie chinoise |
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Région | Chine et d'autres pays d'Asie de l'Est de la sphère culturelle chinoise |
Le qilin, k'ilin, kiling ou kirin (chinois :
Terminologie
[modifier | modifier le code]Le nom k'i-lin dérive d'une racine signifiant « cervidé »[1]. En mandarin, il est appelé qilin (chinois :
Description
[modifier | modifier le code]Selon le Shuowen (说文
Il porte au milieu du front une corne charnue, ou deux (notamment sur les sculptures[4]) voire trois, parfois des bois de cerf, ce qui l'éloigne radicalement de la licorne médiévale occidentale : son aspect unicorne n'est pas considéré comme une caractéristique importante[5]. Peut être les mâles étaient-ils seuls à porter des cornes[4]. Duan Yucai (
Le qilin est l’incarnation même de l’harmonie : sa démarche est régulière, il ne fait pas un pas sans avoir regardé auparavant où il va mettre le pied et ne détruit rien sous son sabot, pas même les brins d’herbe[4],[5]. Il ne traverse que les bons endroits et couche en terrain plat. Végétarien, il ne mange rien qui ne soit parfait, aucun animal ne craint ses traces invisibles mais il est souvent seul et peut marcher sur l'eau comme sur terre[4]. Nommé « bête bienveillante » (
Selon certains, le cri du mâle présage l’apparition d’un sage, celui de la femelle le retour à la paix. Le cri d’été est favorable à la croissance des enfants, celui d’automne restitue les forces. Malgré son tempérament pacifique, le qilin peut, pour lutter contre le mal, cracher des flammes et rugir d’une voix de tonnerre.
Les anciens érudits chinois s'accordaient à dire que l'espèce des qilins semblait éteinte[4]. D'après eux, ses apparitions se raréfiaient déjà après la période de Confucius, et il était possible que cet animal considérât qu'il y avait trop d'hommes malhonnêtes et de gouvernements pervertis, ou bien peinât à trouver l'harmonie qui lui était nécessaire[5]. Sa figure a néanmoins été adoptée par les bouddhistes, qui l'assimilent au lion gardien et lui font porter les livres de la loi[4].
Origine et symbolique
[modifier | modifier le code]Selon Francesca Yvonne Caroutch, la plus ancienne apparition d'un qilin en Chine remonterait à 2697 av. J.-C. ; elle est mentionnée dans les Annales de bambou[6]. La créature serait apparue dans le jardin de l'Empereur jaune pour témoigner de son bon gouvernement[3]. Trois siècles plus tard, un couple de qilins se serait de nouveau manifesté dans la capitale de l'empereur Yao.
Selon la tradition chinoise, le qilin serait né de la conjonction de deux étoiles ou d'un croisement entre une vache et un dragon[4]. Comme le dragon et le phénix chinois, le qilin est un animal mythique et composite probablement issu de la haute antiquité, mais son mythe s'est beaucoup moins bien préservé que ceux des deux animaux précédents. Les mythes concernant le qilin semblent avoir des symboliques différentes les unes des autres puisqu'il s'agit à la fois d'un animal cosmogonique, d'un symbole du triomphe de la justice, de la monture du comte des vents (qui chevauchait un qilin noir) et du présage de la naissance de garçons promis à un grand avenir. Par la suite, il est associé à toutes les manifestations bénéfiques : longévité, grandeur, félicité, administration sage, ère de paix et justice bienveillante mais ferme.
Roi des animaux
[modifier | modifier le code]Selon le Livre des rites, les quatre animaux sacrés sont le tigre blanc de l'ouest, le phénix rouge du sud, le dragon vert de l'est et la tortue noire du nord, qui apparurent en même temps que le géant Pangu (
Les quatre animaux de la tradition taoïste gèrent les quatre énergies (eau, bois, feu, métal) et le qilin gère l'élément Terre, associé à la rate, à l'estomac et au pancréas.[réf. nécessaire]
Gage de paix et de félicité
[modifier | modifier le code]Dans la tradition chinoise, le qilin est associé à la sérénité et à l'harmonie : c'est pourquoi l'apparition d'un qilin est un bon signe pour la région, présage d'un bon gouvernement et d'une ère de prospérité sous la conduite d'un sage[4] (sagesse et bon gouvernement étant indissociables dans la pensée chinoise). L’apparition d’un qilin est donc un motif de réjouissances. Un qilin blanc serait apparu durant le règne de Han Wudi, ce qui l'aurait conduit à proclamer une nouvelle ère, celle du « grand commencement » (
À l'inverse, la disparition d'un qilin est toujours un mauvais signe. Selon les Entretiens familiers de Confucius (
Confucius
[modifier | modifier le code]La symbolique la plus classique du qilin est celle de la « licorne donneuse d'enfants », dont l'origine semble remonter à la légende dorée de Confucius[4].
Il en existe plusieurs versions. Selon l'une d'elles[4], un qilin apparut en rêve à Yan Zhengzai (
Selon le Zuo Zhuan (Tso Tchouan, -482), seul Confucius est capable de reconnaître un qilin[4] :
« Au printemps, dans une chasse à l'ouest, l'intendant des voitures (...) prit un qilin. Croyant que c'était un animal de mauvais augure, il le donna à l'inspecteur des forêts. Confucius le vit et déclara que c'était un qilin femelle (...) Alors, elle fut recueillie. »
La tradition rapporte que lorsque Confucius travaillait à la rédaction des Annales de Lu vers la fin de ses jours, on annonça qu’un qilin avait été tué par un chasseur à l’ouest de la capitale[4] (ou, selon une autre version, blessé par un conducteur de char[3]). Il comprit alors que le roi Ai n’en avait plus pour longtemps et déclara : « Mon travail est fini. » Les Annales sont parfois appelées Livre du qilin (麟經 ou 麟史) en référence à cette légende. Selon une autre version, le philosophe, repérant sur le qilin le ruban que sa mère avait noué à sa corne lors de sa rencontre avec la créature, longtemps auparavant, y vit une préfiguration de sa propre mort[5].
Donneur d'enfants
[modifier | modifier le code]Le Classique des vers utilise l’expression « trace du qilin » (麟趾) pour désigner les descendants du roi Wen des Zhou et vanter leurs talents. Le qilin était réputé comme présage d'une prestigieuse descendance appelée à devenir illustre, et l'on formait le vœu « que le qilin apporte de nobles fils ». Le thème de la licorne donneuse d’un fils promis à une belle carrière (
Symbole de justice
[modifier | modifier le code]Le qilin est aussi un symbole de justice ancien, se substituant peut-être à un bélier[4]. Les légendes évoquent sa capacité à séparer de sa corne les innocents des malfaiteurs[5]. L'emblème des justiciers était un cerf à corne unique, peint dans les tribunaux sous la dynastie Han[4]. L'écriture sinographique de ce qilin est toutefois légèrement différente puisqu'il contient la clé de la corne. Quand règne un souverain dont les châtiments sont justes, le qilin naît dans la cour du palais et châtie ceux qui ne sont pas droits. En raison de cette symbolique justicière, les personnes conscientes de ne pas être dans le droit chemin ne gardent jamais de statue de qilin chez elles[5].
Représentation
[modifier | modifier le code]Les sculptures de qilin le montrent avec le corps couvert d’écailles avec ou sans fourrure sur certaines parties du corps, des sabots, une queue de bœuf et, contrairement aux descriptions des textes, plus souvent une paire de cornes ou de bois plutôt qu’une corne unique comme celle des licornes occidentales telles que nous les connaissons. Sous les Ming, les cornes (ou la corne unique) sont en général couchées vers l’arrière suivant la crinière traitée à la façon de flammes. Du feu sort parfois de la bouche comme un dragon, ainsi qu’un livre comme dans la légende de Confucius, mais il s’agit ici d’un soutra. Sous les Qing (1644–1911), les cornes se dressent comme celles d’un cerf. La forme unicorne du qilin, quant à elle, a parfois une barbichette et souvent une queue de vache. Les kirins japonais sont très semblables aux qilins chinois des Qing. On trouve souvent les qilins aux abords des temples et des palais ; l’impératrice Wu Zetian (
Dans la culture
[modifier | modifier le code]Le kirin est bien connu de la culture japonaise, où il porte parfois le nom de
Kirin est aussi le nom japonais de la girafe, lointain souvenir de l'expédition de Zheng He, et celui de l'une des quatre plus grandes marques de bière japonaises, la Kirin Brewery Company, à laquelle il sert de logo.
Dans le jeu vidéo chinois Genshin Impact, Ganyu (chinois :
Supposée découverte
[modifier | modifier le code]En décembre 2012, la Corée du Nord affirme avoir découvert la tanière d'un kirin, appelée Kiringul, près du temple Yongmyong à Pyongyang. Dans un premier temps présenté comme une licorne par la presse occidentale à cause d'une erreur de traduction, il s'agirait en fait du kirin qu'aurait chevauché le roi légendaire Tongmyong. Ces déclarations sont analysées en Occident comme une opération de propagande menée afin de légitimer la dictature nord-coréenne[8] en revendiquant Pyongyang comme capitale de l'ancien empire de Corée[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Maurice Louis Tournier, L'imaginaire et la symbolique dans la Chine ancienne, L'Harmattan, , 575 p. (ISBN 978-2-7384-0976-8, lire en ligne), p. 148
- Le terme sìbùxiàng peut désigner à la fois divers animaux fantastiques ou réels d'aspects composites et une espèce zoologique précise, le cerf du père David
- (en) « Qilin : Chinese mythology », sur Encyclopædia Britannica (consulté le )
- Maurice Louis Tournier, L'imaginaire et la symbolique dans la Chine ancienne, L'Harmattan, , 575 p. (ISBN 978-2-7384-0976-8, lire en ligne), p. 147-151
- Jean-Baptiste de Panafieu et Camille Renversade, Créatures fantastiques Deyrolle, Toulouse, Plume de carotte, , 128 p. (ISBN 978-2-36672-053-2), p. 42
- Francesca Yvonne Caroutch, La licorne : Symboles, Mythes et Réalités, Paris, éditions Pygmalion, , 365 p. (ISBN 978-2-85704-787-2), p. 8-9
- « Genshin Impact - L'aventure n'attend que vous en Teyvat », sur genshin.hoyoverse.com (consulté le )
- « Corée du Nord: en fait ce n'était pas une licorne », sur Le Huffington Post (consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Cerf du père David
- Dragon oriental
- Fenghuang
- Quatre animaux
- Xiezhi
- Danse du lion, devenue danse du qilin au Vietnam
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Maurice Louis Tournier, L'imaginaire et la symbolique dans la Chine ancienne, L'Harmattan, , 575 p. (ISBN 978-2-7384-0976-8, lire en ligne), p. 147-151
- Francesca Yvonne Caroutch, La licorne : Symboles, Mythes et Réalités, Paris, éditions Pygmalion, , 365 p. (ISBN 978-2-85704-787-2), p. 8-9
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :