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Robert Musil

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Robert Musil en 1900

Robert Musil, né à Klagenfurt, en Carinthie, en 1880 et mort en 1942 à Genève, est un ingénieur, écrivain, essayiste et dramaturge autrichien.

Journaux (Tagebücher), 1899-1941

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Tome I

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Tome II

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Cahier 19, 1919-1921

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Il vole, mais il ne sait plus marcher, il nage sous l'eau mais ne peut plus respirer dans l'air. Ce qui est chez un homme vraiment grand destin personnel, cheminement entravé par les objections qu'il s'adresse à lui-même, devient chez le révolutionnaire un style. L'homme créateur, devant la question de la vie et de la mort par exemple, juge que les deux plateaux de la balance sont lourdement chargés et qu'il suffit d'un rien pour emporter la décision ; l'ultra, lui, ou bien prend feu pour affirmer que l'on ne doit pas toucher à un cheveu humain, ou en condamne à mort des milliers d'un trait de plume. Son radicalisme singe celui de l'homme créateur ; il est à celui-ci ce qu'est la criaillerie à la résolution muette → un petit roquet à la masse de la planète ←. Flaubert l'a décrit dans Madame Bovary, Hamsun ici ou là.←


La lourde hypothèque morale de la politique radicale, c'est la certitude qu'elle est incapable de bâtir après l'effondrement. On peut s'indigner autant qu'on voudra du côté bourgeois des socialistes du gouvernement et de certains de leurs crimes ; on doit leur laisser une chose : ils ont regardé au fond de l'abîme.


Cahier 21, 1920-1926

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Que la vie humaine ne soit pas le moins du monde sacrée, voilà une conviction qui choque aussi bien Gaetano qu'Annina. Ma génération était anti-morale ou amorale parce que nos pères n'avaient que la morale à la bouche tout en agissant en petits-bourgeois immoraux. Les pères de l'actuelle génération n'avaient à la bouche que l'amoralité (de la guerre) et agissaient en petits-bourgeois moraux (coude à coude). C'est donc la même opposition qu'alors qui rend les enfants d'aujourd'hui moraux ; mais ils voudraient que ce fût sérieux.


Éternité, ô mot tonnant,
Ô glaive qui l'âme vous perce,
O commencement qui ne cesse,
Éternité, ô temps sans temps,
Si profonde est ma tristesse
Que je ne sais où me tourner.

Tout ce que voit l'œil est changement:
Le jour devient le couchant,
L'air même la peur n'ignore,
Toute chose implique la mort.
En nos vies se glisse douleur
En tapinois comme un voleur,
Tout homme doit se séparer
De ce qu'il a le plus aimé.

Un jour dit au jour suivant,
Ma vie est en mouvement
Vers la grande éternité.
Ô éternité, ô beauté,
Que mon cœur à toi s'habitue,
Il n'est pas d'ici, mon salut.


La volupté bornée au pur sexuel est une limitation. Il y aussi une volupté de la victoire, du triomphe, de la cruauté. La volupté sexuelle comporte aussi quelque chose de l'état érotique. Le sexe est un instinct qui pousse non à la volupté, mais à l'accouplement. L'éros n'est pas un instinct, mais un « état complet » ; de plus, non un état de besoin, mais un état d'accomplissement « en soi »... Totalement libre de toute visée ; il ne doit donc pas être confondu avec l'amour et le sentiment, qui comportent une visée. C'est une sorte d'extase, une extase voluptueuse de l'âme. Aucune félicité (spirituelle ou sensuelle) ne peut avoir le caractère d'un assouvissement (d'un désir ou d'un instinct). Tout assouvissement se réduit à l'instant du passage de la non-possession à la possession, auquel succède le vide. L'assouvissement sexuel, dans la mesure où il participe de l'éros, est volupté ; pour le reste, il est satisfaction d'un instinct et d'une volonté.
  • Extrait partiellement commenté « De l'Éros cosmogonique » (Vom kosmogonischen Eros) de Ludwig Klages qui influencera, avec de nombreuses réserves, la réflexion de Musil sur « l'autre état », état mystique ou utopique vers lequel tend « L'homme sans qualités ».


Les distances qui séparent les corps, si grandes soient-elles, ne sont pas éloignement, lointain en soi ; lequel est vu immédiatement, préconceptuellement, dans la contemplation de l'image. Pourquoi lointain du passé et non de l'avenir ? Dans la réalité, il n'y a pas d'avenir lointain. L'espace et le temps sont liés par une relation polaire. Spatialement, il n'y a qu'une proximité (tangibilité) et qu'un lointain dans toutes les directions, donc temporellement aussi. Le caractère de lointain du point de fuite situé en avant de moi dans le temps n'est pas différent de nature de celui situé derrière moi. Il n'y a donc pas deux lointains temporels. C'est-à-dire que l'avenir est quelque chose qui n'a d'existence que pensée, alors que le passé est du réel advenu. On ne peut plus l'effacer du monde, alors que l'avenir perdrait tout sens si les êtres pensants, tout à coup, disparaissaient. L'avenir n'est pas une propriété du temps réel, mais un simple concept. Qu'un événement à venir, même conforme aux lois naturelles, ne se produise pas, n'est pas impensable ; qu'un événement passé ne soit pas advenu est impossible à penser. L'avenir est peuplé de désirs et d'espérances, le passé plein jusqu'au bord de réalité.
  • Extrait partiellement commenté « De l'Éros cosmogonique » (Vom kosmogonischen Eros) de Ludwig Klages qui influencera, avec quelques réserves, la réflexion de Musil sur « l'autre état », état mystique ou utopique vers lequel tend « L'homme sans qualités ».


Cahier 25, 1921-1923?

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L'homme de la génération qui précède la notre ne se donnait même plus la peine de haïr l'Église. « Tout au plus s'étonnait-il qu'il y eût encore des gens pour fréquenter effectivement les offices. » Les formes de la religiosité lui apparaissaient comme des marottes.

« L'homme des grandes villes, déraciné, sans patrie et presque sans famille, aborde ou assimile des choses auxquelles il pourrait tout aussi bien en substituer d'autres. Avant et après, ces choses restent dans le meilleur des cas étrangères à la vraie substance de sa vie, pour autant que cette vie en ait encore une. »

Pour l'éthique sociale, le plus urgent est une « foi en l'avenir. » C'est, pour ainsi dire, la conscience de soi de l'espèce ou, tout simplement, sa conscience. L'humanité qui en est privée perd la raison. Selon Honigsheim, l'Église aussi impliquait une foi en l'avenir.


Cahier 26, 1921-1923?

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Ce que Hume écrivait voilà bientôt 200 ans dans sa préface à son Traité de la nature humaine reste étrangement actuel : « Les discussions se multipient comme s'il n'y avait qu'incertitutde. Dans toute cette agitation, ce n'est pas la raison qui remporte le prix, c'est l'éloquence ; et nul ne doit jamais désespérer de trouver des prosélytes à l'hypothèse la plus extravagante, s'il est assez habile pour la peindre sous des couleurs favorables. La victoire n'est pas gagnée par des soldats en armes, qui manient la pique et l'épée, elle l'est par les trompettes, les tambours et les musiciens de l'armée. » Ainsi, de nos jours, pourrait-on faire passer sans scrupules ce que l'on ne sait pas pour vérité objective, et compter, à condition d'avoir la manière, sur plus de succès que les pointilleux. D'autre part, comme l'Allemagne cultive l'idéal d'une philosophie spécialisée, à l'abri de tout contact avec les peines et les joies bienheureusement bavardes de la vie, on ne doit pas trop s'indigner du développement parallèle que connaît une sorte de philosophie journalistique et revuistique, une philosophie du « jour favorable » où voltige, entre les mains de littéraires jongleurs, à peu près tout ce qui peut tomber des volumes d'une bibliothèque internationale de philosophie quand on en coupe les pages.


Car ce même homme se transforme peu après non seulement en héros, mais en bête fauve.

La dépense d'héroïsme provoquée par la guerre - même si l'on fait abstraction de l'héroïsme passif, suspect, de l'homme-machine, pour se borner aux exploits réels de l'héroïsme au sens originel - fut sans précédent. Le déploiement de la bestialité rivalisa avec les pires exemples antérieurs. [...]

Cet homme moyen a donc vécu une expérience mystérieuse et n'a pas pu la prolonger, il a traversé une des phases les plus héroïques de l'histoire universelle et ne s'est pas trouvé le moins du monde changé. Il était, avant, un bourgeois industrieux ; il est devenu, après... mais c'est comme s'il n'avait rien vécu du tout.


Cahier 30, Environ mars 1929 - novembre 1941 ou plus tard

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La guillotine. Il est pensable qu'un instant après la séparation, des fonctions du moi subsistent dans la tête comme dans le corps (subcorticales). Un : « Qu'est-ce qui m'arrive ? » Alors, l'homme est vraiment double.

Conclusion : la conscience du moi est fonction d'une totalité relativement autonome. Elle n'a pas l'importance qu'elle s'arroge. De là transition vers le bourgeonnement et, enfin, vers l'engendrement.

Le moi ne se partage pas, ne s'éteint pas, ne surgit pas ; il est donné avec.
  • Journaux (1955-1976), Robert Musil (trad. Philippe Jaccottet), éd. Éditions du Seuil, 1981  (ISBN 978-2-02-005948-0), t. 2, partie Cahier 30, Environ mars 1929 - novembre 1941 ou plus tard, p. 229-230


En lisant un tract : cette façon effrenée d'invectiver l'adversaire est une forme de saturnales. Chacun, à part soi, vitupère de la sorte et souhaite la mort de son adversaire. C'est aujourd'hui, dans la vie sociale, comme un torrent non endigué. On peut dire en gros : quand les affects ne sont plus censurés, comme dans le rêve, ils suscitent des images radicales. L'homme qui vous a irrité doit mourir, etc. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui en politique. La victoire des partis gouvernementaux exprime (compte non tenu de la propagande électorale) le malaise latent qu'a sucité l'image d'une Allemagne soviétisée. Beaucoup de ceux qui y inclinaient par raison abréagissent maintenant avec soudaineté.
  • Journaux (1955-1976), Robert Musil (trad. Philippe Jaccottet), éd. Éditions du Seuil, 1981  (ISBN 978-2-02-005948-0), t. 2, partie Cahier 30, Environ mars 1929 - novembre 1941 ou plus tard, p. 231-232


Impression inquiétante : tard le soir, une voiture de police avec fanions à croix gammée et schupos chantant descend à toute allure Kurfürstendamm. L'allemand d'aujourd'hui manque terriblement de sens du réel. Le jour des Victimes de guerre, nombreuses autos avec délégations, drapeaux, étudiants en grande tenue. Atmosphère d'ivresse et de triomphe, quand on est au commencement d'un travail. La littérature de magazine n'a pas non plus le sens du réel.
  • Journaux (1955-1976), Robert Musil (trad. Philippe Jaccottet), éd. Éditions du Seuil, 1981  (ISBN 978-2-02-005948-0), t. 2, partie Cahier 30, Environ mars 1929 - novembre 1941 ou plus tard, p. 233


L'insincérité de Stendhal à ses débuts, s'essayant à plusieurs rôles sous divers pseudonymes, se faisant passer, sur une page de titre, pour un ancien officier de cavalerie de Napoléon, etc., est-ce du même ordre que les mensonges, les œuvres fictives, etc., de Borchardt ? Vouloir être quelque chose et feindre divers personnages avant d'être quoi que ce soit. Beyle a utilisé sans scrupules l'œuvre d'autrui en se contentant d'y glisser du sien, avant de devenir, presque sans le vouloir, Stendhael, l'écrivain.
  • Journaux (1955-1976), Robert Musil (trad. Philippe Jaccottet), éd. Éditions du Seuil, 1981  (ISBN 978-2-02-005948-0), t. 2, partie Cahier 30, Environ mars 1929 - novembre 1941 ou plus tard, p. 248


Penser à une jeune fille qui se montre d'abord prude ; tout, chez l'homme qui lui fait la cour, lui semble ridicule. Qu'elle sente naître la sympathie, les mêmes traits deviennent dignes d'intérêt à ses yeux, elle lui trouve sans cesse de nouvelles qualités. Ainsi juge-t-on aujourd'hui odieux ce que l'on admirera demain. Un barbare grotesque qui bouleverse brutalement les relations les plus simples devient un homme qui a raison en tout et que guide un sûr instinct du nécessaire. C'est la preuve qu'avant tout jugement et tout sentiment et les enveloppant, existe une sorte de réglage de base sur le oui ou le non. C'est ainsi que tout se passe également « dans la réalité », bien qu'il soit difficile de démontrer ce qui se passe. Penser aussi aux inversions optiques, l'escalier par exemple. Le tout passe avant les détails. Ainsi l'affect précéderait-il le jugement. L'affect se cherche des raisons. Nous le savions ; ce qui surprend ici, ce sont les proportions. La satisfaction ou l'insatisfaction quant à notre situation serait-elle donc la première de toutes les données psychiques ? Le percée de la volonté-d-être-satisfait !

  • Journaux (1955-1976), Robert Musil (trad. Philippe Jaccottet), éd. Éditions du Seuil, 1981  (ISBN 978-2-02-005948-0), t. 2, partie Cahier 30, Environ mars 1929 - novembre 1941 ou plus tard, p. 249-250


Les désarrois de l'élève Törless (Die Verwirrungen des Zöglings Törless), 1906

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Noces (Vereinigungen), 1911

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Trois femmes (Drei Frauen), 1924

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Œuvres pré-posthumes (Nachlauss zu Lebzeiten), 1920-1929

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L'Homme sans qualités (Der Mann ohne Eigenschaften), 1930-1932

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Voir le recueil de citations : L'Homme sans qualités
Il m'a raconté une fois toute une histoire : que si l'on analyse la nature d'un millier d'individus, on les trouve composés de quelque deux douzaines de qualités, sensations, structures, types d'évolution, et ainsi de suite. Et que si l'on analyse notre corps, on ne trouve que de l'eau et quelques douzaines de petits amas de matière qui flottent dessus. L'eau monte en nous exactement comme dans les arbres ; les créatures animales, comme les nuages, sont formées d'eau. Je trouve cela charmant. Dès lors on ne sait plus très bien ce que l'on doit penser de soi. Ni ce que l'on doit faire.
  • L'Homme sans qualités (1930), Robert Musil (trad. Philippe Jaccottet), éd. du Seuil, coll. « Points », 1982  (ISBN 2-02-006073-6), t. 1, chap. 17 Influence d'un homme sans qualités sur un homme à qualités, p. 77


- J'aimerais qu'on en restât là, dit Ulrich calmement. Notre conception du monde qui nous entoure, mais de nous-mêmes aussi bien, change chaque jour. Nous vivons dans une époque de transition. Peut-être se prolongera-t-elle, si nous n'affrontons pas plus courageusement que jusqu'ici nos tâches essentielles. Néanmoins, quand on a été relégué dans l'obscurité, on n'a pas le droit de chanter de peur comme les enfants. C'est chanter de peur, précisément, que feindre de savoir comment on doit se comporter ici-bas : rugis à faire trembler les assises du monde, ce n'est jamais que de la peur. D'ailleurs, j'en suis convaincu, nous galopons ! Nous sommes encore loin des buts, ils ne s'approchent pas, nous ne les voyons même pas, nous nous tromperons encore souvent de route, nous devrons changer de chevaux souvent encore ; mais un jour, après-demain ou dans deux mille ans, l'horizon commencera à couler et se ruera sur nous en mugissant !
  • L'Homme sans qualités (1930), Robert Musil (trad. Philippe Jaccottet), éd. du Seuil, coll. « Points », 2004  (ISBN 978-2-7578-0368-4), t. 1, chap. 54. Dans une conversation avec Walter et Clarisse, Ulrich se montre réactionnaire., p. 299


Les tribunaux ressemblent à des caves où dort dans des bouteilles la sagesse de nos arrières-grands-pères ; on ouvre ces bouteilles, et l'on pleurerait presque à découvrir à quel point l'effort de précision de l'homme, lorsqu'il arrive au dernier degré de fermentation avant la perfection, est imbuvable. Il semble pourtant qu'il enivre ceux qui n'y sont pas endurcis. Il est bien connu que l'ange de la Médecine, lorsqu'il a assisté quelques temps au débat des hommes de loi, en oublie souvent sa propre mission. Il referme alors ses ailes avec un cliquetis, et l'on dirait, dans la salle du tribunal, l'ange de réserve de la Jurisprudence.
  • L'Homme sans qualités (1930), Robert Musil (trad. Philippe Jaccottet), éd. du Seuil, coll. « Points », 2004  (ISBN 978-2-7578-0368-4), t. 1, chap. 60. Excursion dans le royaume logico-moral., p. 336


« Le Moi ne saisit jamais ses impressions isolément, mais toujours dans un contexte, dans un accord réel ou imaginé, un rapport de ressemblance ou de dissemblance. Ainsi, tout ce qui porte un nom s'étaie mutuellement, forme des perspectives, des enfilades solidaires, traversées de tensions communes, à l'intérieur de vastes ensembles illimités. C'est aussi pourquoi » dit-il brusquement sur un autre ton « si, sous un quelconque prétexte, ces rapports se défont et qu'aucune des classifications internes ne peut s'appliquer, on se retrouve brusquement devant la création indescriptible, inhumaine, la création informe et condamnée. »
  • L'Homme sans qualités (1937-1938), Robert Musil (trad. Philippe Jaccottet), éd. du Seuil, coll. « Points », 2004  (ISBN 978-2-7578-0369-1), t. 2, chap. 46. Rayons de lune en plein jour., p. 517


De la bêtise, 1937

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Parler de la bêtise, par les temps qui courent, c’est aller au-devant de toutes sortes d’écueils ; certains y verront de la présomption, d’autres même une volonté de s’opposer à l’évolution contemporaine. Il y a de cela quelques années, j’avais moi-même écrit : "Si la bêtise ne ressemblait pas à s’y méprendre au progrès, au talent, à l’espoir ou au perfectionnement, personne ne voudrait être bête".
Signature

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