Depuis les premiers salons académiques français du XVIIe siècle et les expositions universelles en Europe du XIXe siècle, jusqu’à l’explosion mondiale des musées et des biennales d’art contemporain, les expositions artistiques n’ont cessé de se multiplier jusqu’à nos jours, touchant désormais un très large public, mais rencontrant aussi désormais des limites économiques et écologiques. La première exposition d’artistes vivants est le Salon de Paris en 1667, organisé par l’Académie royale de peinture et de sculpture et inauguré par Louis XIV, dont la tenue deviendra régulière au XVIIIe siècle. Parallèlement, d’autres académies royales qui tiennent des expositions se créent un peu partout en Europe comme la Royal Academy de Londres (1768). À la Révolution, le salon de Paris passe sous l’égide de l’Académie des Beaux-Arts et s’ouvre à des artistes de toutes origines. Collectionneurs, critiques et badauds s’y pressent. En 1793, le musée central des arts de la République est créé au Louvre. Dès le milieu du XIXe siècle, des expositions universelles dans de grandes villes européennes, américaines ou australiennes mêlent innovations technologiques et arts visuels. Les critères trop classiques des jurys conduisent certains artistes comme Gustave Courbet en 1855 à Paris à exposer leurs œuvres en indépendant. En 1863, Napoléon III consent à la tenue d’un Salon des refusés. En 1874, ceux qu’on appellera bientôt les Impressionnistes commencent à organiser leurs propres expositions. Suivent le Salon des Indépendants (en 1884) et le Salon d’Automne (en 1903), émancipés eux aussi de la tutelle de l’Académie. En 1895, la création de la Biennale de Venise donne le coup d’envoi d’expositions internationales d’artistes vivants qui vont se développer au XXe siècle, mettant l’accent sur la scène artistique d’Amérique Latine avec la biennale de São Paulo au Brésil (dès 1951), ou sur des problématiques plus politiques avec la Documenta de Kassel en Allemagne (dès 1955). Parallèlement, la montée en puissance des grands musées occidentaux comme le Museum of modern art de New York (créé en 1929) va donner lieu à des expositions majeures, davantage ancrées dans une perspective historique. Ce phénomène s’amplifie après la Seconde guerre mondiale et rencontre un grand succès populaire, comme en 1967 à Paris où l’exposition Toutânkhamon attire ainsi 1,24 million de visiteurs. Des rétrospectives de mouvements artistiques majeurs ou d’artistes célèbres comme Vermeer ou Léonard de Vinci deviennent des pôles d’attraction cruciaux du public. Depuis les années 1990, avec la globalisation, l’ouverture de nombreux musées en Asie, en Amérique Latine, au Moyen-Orient et dans certains pays africains, associée à la multiplication de Biennales d’art contemporain dans le monde (il y en aurait aujourd’hui plus de 300) a mis en avant de nouvelles scènes artistiques, jusque-là minorées. La puissance économique de grands collectionneurs privés qui ouvrent leurs propres fondations ou lieux d’expositions vient aussi concurrencer les musées, en proie aujourd’hui à des restrictions budgétaires. Au point que des voix critiquent aujourd’hui la circulation accélérée des grands chefs-d’œuvre à travers la planète, le coût économique et surtout écologique des grandes expositions. Le développement des expositions virtuelles et des plateformes d’art en ligne tente de compenser en partie ces handicaps, mais sans pouvoir offrir aux amateurs l’expérience irremplaçable de la rencontre physique avec une œuvre.