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François Hollande renonce à la déchéance de nationalité et au Congrès

Après quatre mois de controverse, le président de la République renonce à la réforme de la Constitution qu’il avait appelée de ses vœux après les attentats de novembre.

Le Monde

Publié le 30 mars 2016 à 13h51, modifié le 30 mars 2016 à 13h31

Temps de Lecture 4 min.

François Hollande a renoncĂ©, mercredi 30 mars, Ă  l’issue de quatre mois de controverse, Ă  la mesure qu’il avait appelĂ©e lui-mĂŞme de ses vĹ“ux face au Congrès rĂ©uni Ă  Versailles au lendemain des attentats du 13 novembre. « J’ai dĂ©cidĂ© de clore le dĂ©bat constitutionnel mais je ne dĂ©vierai pas des engagements que j’ai pris pour assurer la sĂ©curitĂ© du pays Â», a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident de la RĂ©publique. C’est donc l’abandon de l’extension de la dĂ©chĂ©ance de nationalitĂ© Ă  tous les binationaux et de la constitutionnalisation de l’état d’urgence.

Un renoncement dont le prĂ©sident a tentĂ© de faire porter la responsabilitĂ© Ă  l’opposition : « Une partie de l’opposition est hostile Ă  toute rĂ©vision constitutionnelle. Je dĂ©plore profondĂ©ment cette attitude. Â» Il a par ailleurs tenu Ă  rappeler « l’efficacitĂ© » de l’état d’urgence et les engagements qui ont Ă©tĂ© pris pour augmenter les moyens de la police, de la gendarmerie, de l’armĂ©e, de la police des douanes et des services pĂ©nitentiaires.

Pression des parlementaires

Depuis vingt-quatre heures, les diffĂ©rents acteurs parlementaires ont multipliĂ© les dĂ©clarations et enterrĂ© peu Ă  peu l’hypothèse d’une rĂ©union du Congrès, mĂŞme si la rĂ©vision Ă©tait rĂ©duite Ă  l’article 1 sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence, seul aspect de la mesure qui faisait consensus entre les parlementaires. EchauffĂ©s par une nouvelle attaque du premier secrĂ©taire du Parti socialiste, Jean-Christophe CambadĂ©lis – « la balle est dans le camp de la droite Â» –, les dirigeants du parti Les RĂ©publicains (LR) ont Ă©tĂ© Ă  la manĹ“uvre en rejetant toute la journĂ©e de mardi l’idĂ©e d’une rĂ©vision limitĂ©e. « Tout ça n’a pas de sens, l’état d’urgence fonctionne dĂ©jĂ  très bien, expliquait ainsi au Monde Bruno Retailleau après la rĂ©union des sĂ©nateurs LR. Nous mettons François Hollande face Ă  ses responsabilitĂ©s, c’est sa majoritĂ© qui s’est divisĂ©e, sa ministre qui a dĂ©missionnĂ©, ce n’est plus notre problème. Â» Son homologue Ă  l’AssemblĂ©e, Christian Jacob, a lui expliquĂ© qu’un « Congrès a minima ne prĂ©sente aucun intĂ©rĂŞt Â».

Histoire d’accentuer encore un peu plus la pression, GĂ©rard Larcher a, lui, envoyĂ© un courrier au prĂ©sident de la RĂ©publique pour lui demander de renoncer au Congrès ou d’engager une navette sur les deux articles tels qu’ils avaient Ă©tĂ© rĂ©Ă©crits par le SĂ©nat. Dans l’expectative, Bruno Le Roux a continuĂ© Ă  dĂ©fendre cette rĂ©vision tout en accusant la droite. « Oui, nous avons besoin de cette rĂ©vision constitutionnelle, a expliquĂ© le prĂ©sident du groupe socialiste Ă  l’AssemblĂ©e sur France Info avant d’accuser la droite. La raison qui peut bloquer aujourd’hui c’est qu’une partie, et je dis bien une partie, de la droite ne veut pas que le prĂ©sident de la RĂ©publique puisse se prĂ©valoir d’une rĂ©vision constitutionnelle, mĂŞme sur des questions qui sont des questions essentielles pour notre pays et des questions essentielles. Â»

François Hollande le 30 mars à l'Elysée.

Parcours chaotique

AnnoncĂ© lors du Congrès du 16 novembre par le prĂ©sident de la RĂ©publique, l’article 2 sur la dĂ©chĂ©ance de nationalitĂ© a subi dès son annonce la contestation d’une partie de la majoritĂ© socialiste. Une notion a irritĂ© en particulier. Dans le « projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation Â», prĂ©sentĂ© mercredi 23 dĂ©cembre au conseil des ministres, l’extension de la dĂ©chĂ©ance de nationalitĂ© ne concerne que les binationaux. Ce texte grave dans le marbre de la Constitution deux classes de Français, selon les opposants, notamment la ministre de la justice, Christiane Taubira, qui finit par dĂ©missionner, le 27 janvier. Le mĂŞme jour, mis sous pression, Manuel Valls est alors contraint de proposer une nouvelle rĂ©daction devant la commission des lois de l’AssemblĂ©e. Cette fois-ci, la dĂ©chĂ©ance peut concerner tous les Français et le gouvernement Ă©tend cette peine aux dĂ©lits. L’AssemblĂ©e nationale finit par adopter cette version par 317 voix pour, 199 contre et 51 abstentions, le 10 fĂ©vrier. La rĂ©Ă©criture a permis de ramener quelques dĂ©putĂ©s socialistes dans le camp du oui (165 pour, 83 contre, 36 abstentions). « Je ne doute pas un seul instant que le SĂ©nat fera preuve de la mĂŞme responsabilitĂ© Â», dĂ©clare après le vote M. Valls Ă  la presse.

C’était sans compter sur le dĂ©sir d’indĂ©pendance du SĂ©nat et de sa majoritĂ© de droite. A la manĹ“uvre, GĂ©rard Larcher, prĂ©sident du SĂ©nat, Bruno Retailleau, prĂ©sident du groupe LR, et Philippe Bas, prĂ©sident de la commission des lois, avaient rĂ©pĂ©tĂ© dans les mĂ©dias que la crĂ©ation d’apatrides est une « ligne rouge Â» Ă  ne pas franchir. En commission, les sĂ©nateurs rĂ©introduisent la notion de binationalitĂ© en Ă©crivant que la dĂ©chĂ©ance « ne peut concerner qu’une personne condamnĂ©e dĂ©finitivement pour un crime constituant une atteinte grave Ă  la vie de la Nation et disposant d’une autre nationalitĂ© que la nationalitĂ© française Â». Ce nouveau texte est adoptĂ©, mardi 22 mars, par 176 voix pour, 161 contre et 11 abstentions. Entre la majoritĂ© de l’AssemblĂ©e rĂ©tive Ă  la notion de binationalitĂ© et celle du SĂ©nat très attachĂ©e Ă  son texte qu’elle estime plus proche du discours de François Hollande fait devant le Congrès, la synthèse Ă©tait donc impossible.

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