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« Paris au temps du Bal nègre », sur France 5 : havre dansant des Antillais

Dans son film documentaire, davantage film que documentaire, Martine Delumeau revient sur le dancing de la rue Blomet où se mêlèrent Blancs et Noirs.

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Publié le 26 mai 2024 à 18h30

Temps de Lecture 1 min.

Image extraite du documentaire « Paris au temps du Bal nègre », de Martine Delumeau.

FRANCE 5 – DIMANCHE 26 MAI À 23 H 25 – DOCUMENTAIRE

Comme le récent Un mois chez les filles (2023), d’Audrey Gordon, Paris au temps du Bal nègre, de Martine Delumeau, a choisi la voie aujourd’hui très fréquentée du film documentaire qui se veut davantage film que documentaire : les deux réalisations mêlent images d’archives et scènes reconstituées. Mais, là où Audrey Gordon s’appuyait sur des textes publiés, Martine Delumeau semble les inventer.

Les lettres à leurs proches de trois jeunes Antillais venus en métropole constituent l’épine dorsale de Paris au temps du Bal nègre : Jeanne, employée de maison ; Arsène, musicien ; Gaston, étudiant. Ont-ils réellement existé ? Rien n’indique qu’il s’agisse de correspondances répertoriées. Le procédé rappelle en tout cas celui du romancier Raphaël Confiant dans Le Bal de la rue Blomet (Mercure de France, 2023), qui invente également trois personnages témoins.

Ce qui n’empêche pas de goûter un récit habilement troussé qui a pour cadre principal un dancing né des rencontres qu’organise, en 1924, le candidat martiniquais (mais blanc, un béké) à la députation Jean Rézard des Wouves dans l’arrière-salle d’un bar-tabac, au 33, de la rue Blomet, dans le quartier Montparnasse.

« Libérés de tous préjugés »

Les airs créoles qu’il joue au piano attirent plus que ses discours. L’endroit se transforme bientôt en « Bal colonial » puis est rebaptisé « Bal nègre » – probablement par le poète surréaliste Robert Desnos (1900-1945). Car, ainsi que dans les clubs de la Harlem Renaissance, à New York, à la même époque, les Blancs sont admis au « 33 », où les corps exultent et se mélangent.

« Au point de vue mœurs, filles et garçons étaient libérés de tous préjugés », dit un autre surréaliste, Philippe Soupault (1897-1990), dans une archive de 1963. Mais, une fois revenus à la vie de tous les jours, les danseurs s’interrogent sur leurs racines : « Les Noirs américains ont compris que les leurs sont en Afrique ; nous, nous cherchons toujours, écrit l’un des épistoliers. Mais nous nous définissions d’abord comme Noirs. » Quoi qu’il en soit, les Antillais de métropole vivent dans une « société française tiraillée entre négrophilie et négrophobie ».

Le « Bal nègre » traverse l’entre-deux-guerres, des Années folles à l’avènement des nazis. Il rouvrira après-guerre sous le nom de « Bal Blomet », mais il perdra son effervescence première et ses attaches antillaises. A son rachat, en 2017, son nouveau propriétaire voulut lui redonner le nom de « Bal nègre ». Mais le Conseil représentatif des associations noires s’y est opposé, faisant valoir que « le terme qui, autrefois, n’était pas péjoratif, est aujourd’hui chargé de connotations insultantes ».

Paris au temps du Bal nègre, documentaire de Martine Delumeau (Fr., 2024, 52 min). Disponible sur France.tv jusqu’au 12 mars 2025.

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