Les bases aériennes belges sont-elles à l’origine de pollutions locales aux PFAS ? L’enquête d’Investigation et de Décrypte révèle des niveaux élevés de contamination dans le sol et les eaux de certains quartiers militaires, mais aussi dans les puits et les robinets de civils. C'est le cas à Beauvechain où la teneur en PFAS dans l'eau potable est dix fois au-dessus des recommandations sanitaires.
"On m’aurait parlé de PFAS il y a un an, [je n’étais] pas du tout au courant du problème, comme la majorité de la population". David Dupuis, commandant de la base militaire de Beauvechain, a appris l’existence des substances per et polyfluoroalkylées lors des révélations la RTBF en novembre 2023. Nul doute cependant qu’il ait côtoyé, sans le savoir, ces composés chimiques depuis ses débuts dans l’Aviation légère de la Force terrestre belge.
Pour cause : toutes les bases aériennes belges disposent de terrains d’exercice anti-incendie. Là où des mousses extinctrices, fortement chargées en PFAS, étaient utilisées jusqu’en 2021. Reliés à plusieurs cancers, à des troubles cardiovasculaires et thyroïdiens, ou encore à des altérations du système immunitaire, ces "polluants éternels", très persistants dans l’environnement, ont alors contaminé le sol et l’eau souterraine de ces bases. Plus inquiétant, ils se retrouvent aussi dans l’eau potable provenant des captages de la seule base où des mesures ont été faites : celle de Beauvechain.
Pour connaître l’ampleur de cette contamination tant dans les sous-sols de ces quartiers militaires que chez leurs riverains, les équipes d’Investigation et de Décrypte de la RTBF ont mené l’enquête. Elles ont collecté des analyses inédites de La Défense et ont effectué leurs propres prélèvements.