coucher
Étymologie
modifier- (XIIe siècle) De l’ancien français couchier, colchier, dérivé [1] du latin collocare (« placer dans »), avec le préfixe con-, de locare (« placer »), dérivé de locus (« lieu »).
Verbe
modifiercoucher \ku.ʃe\ 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se coucher)
- (Transitif) Étendre de son long sur la terre, sur un lit, etc., mettre quelque chose en position horizontale.
Elle était couchée auprès de moi. Elle se retourna sans aucun dessein de me proposer une posture ; […].
— (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre IV)Je demeurai couché sur le dos, les yeux grands ouverts, fixant le plafond.
— (Henry Miller, L’ancien combattant alcoolique au crâne en planche à lessive, dans Max et les Phagocytes, traduit par Jean-Claude Lefaure, éditions du Chêne, 1947)Le vent couchait les arbres.
On coucha le blessé sur un matelas.
Saint Louis en mourant voulut qu’on le couchât sur la cendre.
Il le coucha sur l’herbe.
Coucher une statue par terre.
Coucher une armoire, une chaise, une poutre, une échelle, etc.
Les chevaux, les vaches et les girafes dorment tous en position couchée. Les chevaux peuvent dormir debout, mais ils n'atteignent le sommeil paradoxal que lorsqu'ils sont couchés.
— (Les chevaux, les vaches et les girafes dorment-ils vraiment tout le temps debout? Quora, Slate, 13 avril 2024)
- (Réfléchi) (Pronominal) S’allonger sur le sol. Se mettre en position horizontale.
- J’ai dû me coucher pour entrer dans ce souterrain.
Il s’est couché par terre.
Se coucher sur un lit, sur un sofa.
Se coucher sur le ventre, sur le dos, etc.
- (Transitif) Mettre quelqu’un au lit, le déshabiller, l’aider à se mettre au lit.
As-tu couché les enfants ?
- (Réfléchi) (Pronominal) Se mettre au lit, s’endormir.
Comme aux longs jours, on s’était couché tard pour se lever matin, […].
— (Jean Rogissart, Mervale, Éditions Denoël, Paris, 1937, page 17)Il se couche de bonne heure. On dit plaisamment dans ce sens : un couche-tôt.
Ils se sont couchés fort tard.
Allez vous coucher.
- (Par euphémisme) (Intransitif) (Familier) (Sexualité) Faire l’amour ; passer une nuit d’amour.
Ancien vainqueur de l’Alma, décoré dans les tranchées de Sébastopol, cet aride et coriace troupier qui n’avait jamais couché, disait-on, qu’avec la consigne, et qui ne connut d’autre Sinaï que le cheval de son colonel, semblait avoir été engendré par les vindictes sociales, en de mécaniques transports, tout exprès pour devenir, à la fin, le plus admirable instrument des lois.
— (Léon Bloy, Le bon Gendarme dans Sueur de sang, 1893)Si vous avez envie de coucher avec un monsieur qui passe, ne le lui demandez pas vous-même. Faites-lui parler par votre bonne.
— (Pierre Louÿs, Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation, 1926)Pour le cocuage, c'est plus sérieux. Il s'agit, pour employer la langue moderne, d'un traumatisme. L'enfant a quinze ans, et s'aperçoit brutalement que sa mère couche avec son précepteur.
— (Hubert Juin, Un grand poète romantique, en préface de Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines (1853-1855), éd. numérique de l'UQAC, 2004)— Vous avez… couché ensemble ?
— (Colette, La Retraite sentimentale, 1907)
— Couché… c’est beaucoup trop dire. Il n’avait même pas de chaise longue chez lui : rien qu’une table, des chaises et un fauteuil Voltaire.
— Et pas de lit ?
— Oh ! le lit ! Tout valait mieux que le lit, Claudine ! C’est encore le fauteuil Voltaire qui semblait le plus confortable… Alors, je trouve qu’il serait plus juste de dire que Rusinol et moi nous… nous sommes assis ensemble…Hormis les cas – rares – de nymphomanie suraiguë, et ceux – moins rares – d’intérêt, les femmes ne couchent pas avec les hommes sans éprouver à tout le moins pour eux un « petit quelque chose » qui peut aller jusqu’au paroxysme de l’amour mais passe par maints degrés, camaraderie, gentillesse, tendresse, affection, tous sentiments capables de tiédeur aux yeux d’une jalousie perspicace.
— (René Fallet, Paris au mois d’août, Denoël, 1964, Le Livre de Poche, pages 173-174)En rentrant du dîner, j’ai couché avec Seb dans sa Maserati, mais je n'étais pas comblée, alors, j'ai rappelé N. Il n'a pas décroché et n'a pas répondu à mon sexto non plus. Je suis dépitée et frustrée.
— (Rose Émilien, Les Michetonneuses, Éditions Don Quichotte, 2016)
- (Militaire) Tuer ; blesser.
À peine les hommes étaient-ils sortis de la tranchée que le feu des mitrailleuses en coucha cinquante sur le sol.
Plus de vingt mille hommes étaient couchés sur le champ de bataille.
- (Par extension) Coucher en joue, ajuster son fusil et viser, pour tirer sur quelqu’un, sur quelque chose.
- Inscrire, écrire, enregistrer sur un support.
Les devins sont fréquemment consultés sur l'emplacement le plus favorable pour le cercueil d'un Chinois, qui couche alors la réponse du Destin dans son testament.
— (Émile Bard, Les Chinois chez eux, Paris : A. Colin et Cie, 1899)Pour la première fois depuis sa prise de poste, le dirigeant britannique a couché noir sur blanc une position de négociation, considérée comme inacceptable, voire fantaisiste par les Vingt-Sept.
— (Cécile Ducourtieux, Brexit : Boris Johnson prépare l’UE et le Royaume-Uni à un « no deal », Le Monde. Mis en ligne le 21 août 2019)- Coucher quelqu’un sur l’état des pensions, sur une liste, etc., l’inscrire sur l’état des pensions, sur une liste, etc.
- Coucher par écrit, mettre par écrit.
Il ne suffit pas de faire cette promesse verbalement, il faut la coucher par écrit.
Coucher une clause, un article dans un acte, dans un contrat.
- Coucher un article en recette, en dépense, employer un article sur l’état de la recette, de la dépense.
- (Sens figuré) Descendre sous l’horizon au sujet du soleil et des astres.
La navigation cesse aussitôt que le soleil est couché et à bord des bateaux amarrés le long des rives, les mariniers éteignent leurs falots à l'heure où jadis on sonnait le couvre-feu.
— (Fortuné du Boisgobey, Double-Blanc, tome 2, Paris : chez Plon & Nourrit, 1889, p. 111)Au même moment le soleil se couchait derrière les hautes montagnes pour se lever presque aussitôt, il incendia la côte Nord du Sund et colora d’un rose tendre et féerique la splendide ligne des glaciers de la rive Sud.
— (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
- Courber, incliner ce qui est naturellement droit. Pencher.
Couchez un peu votre papier, vous écrirez plus commodément.
La grêle, la pluie et le vent couchent les blés, les herbes.
Coucher un sarment, un cep de vigne.
Coucher les branches d’un arbuste en terre pour faire des nouveaux plants.
Coucher le poil d’un chapeau, d’une étoffe.
Le vaisseau s’est couché sur le flanc.
- (Intransitif) Être étendu pour prendre son repos.
Coucher dans un lit, dans des draps, entre deux draps.
Coucher sur un matelas, sur la plume, mollement, durement.
Coucher sur la dure, sur une paillasse, sur la terre, à terre, sur le ventre, sur le dos, sur le côté.
Coucher tout habillé.
Quand nous arrivâmes, tout le monde était couché.
- (Intransitif) Loger la nuit en quelque endroit en y prenant du repos.
[…], et le page, après avoir vu entrer paisiblement son seigneur dans le Louvre, […], s’alla coucher, enveloppé dans son manteau, sur l’herbe du fossé et à l’ombre de la muraille.
— (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre II)Le 24 avril 1917, de Tascher tente de s'évader. Un feldwebel couche dans la pièce voisine de la sienne et un petit guichet permet de voir ce qui se passe.
— (Jacques Mortane, La guerre des airs : Traqués par l’ennemi, Baudinière, 1929, page 134)Coucher dehors, en ville, à l’hôtel.
Le mauvais temps ne leur ayant pas permis d’aborder, ils couchèrent dans le bateau.
- (Cuisine) Dresser un aliment sur une plaque.
- (Industrie) Appliquer un enduit, une couche de produit, sur un support.
Coucher de la pâte blanche sur un carton de pâte brute.
- (Pronominal) Passer sous l’horizon de l’ouest, en parlant des astres.
Le crépuscule a partout la même transparence : on ne peut deviner de quel côté s’est couché le soleil, et l’armée française, qui sait si mal s’orienter, n’en a point ce soir le désavantage.
— (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)Ils accusèrent donc Zadig d'avoir des sentiments erronés sur l'armée céleste ; ils déposèrent contre lui et jurèrent qu'ils lui avaient entendu dire que les étoiles ne se couchaient pas dans la mer.
— (Voltaire, Zadig ou la Destinée, XIII. Les rendez-vous, 1748)
- (Cartes à jouer) Se retirer de la partie.
Alors, tu te couches ou tu joues ?
Synonymes
modifierDérivés
modifier- à coucher dehors
- accouchée
- accouchement
- accoucher
- avoir couché avec une grenade
- avoir un nom à coucher dehors
- avoir un nom à coucher dehors avec un billet de logement
- chambre à coucher
- couchable
- couchage
- couchant
- couche
- couche-tôt
- couche-tard
- coucher à la belle étoile (coucher dehors)
- coucher les pouces (finir par céder)
- coucher des couleurs (étendre des couleurs avec le pinceau l’une à côté de l’autre, avant de les fondre)
- coucher sur le papier
- coucherie
- coucheur
- découcher
- incouchable
- Marie-couche-toi-là
- papier couché (papier qui a reçu une couche de plâtre ou de kaolin pour le rendre plus sensible à l’impression)
- recoucher
- se coucher avec les poules, se coucher comme les poules (se mettre au lit de très bonne heure)
- se coucher moins niaiseux
- tige couchée (tige qui ne s’élève pas, qui reste étendue sur la terre)
- vivement ce soir, qu’on se couche
Proverbes et phrases toutes faites
modifier- comme on fait son lit, on se couche (il faut s’attendre au bien ou au mal qu’on s’est préparé par la conduite qu’on a tenue, par les mesures qu’on a prises)
Traductions
modifierSe mettre en position horizontale (2)
- Anglais : lie (en), go to bed (en)
- Corse : chjinassi (co), stracquassi (co)
- Espagnol : acostarse (es)
- Espéranto : enlitigi (eo), kuŝiĝi (eo)
- Japonais :
寝 る (ja) neru,寝転 がる (ja) nekorogaru,寝転 ぶ (ja) nekorobu - Kazakh : жату (kk) jatuw
- Kotava : senyá (*)
- Néerlandais : liggen (nl), gaan liggen (nl)
- Normand : se couchier (*), se jouquier (*), s'accroupiouner (*)
- Occitan : se colcar (oc), se jaire (oc)
- Palenquero : akotá (*)
- Portugais : deitar-se (pt)
- Roumain : se culca (ro)
- Russe : ложиться спать (ru) ložitʹsja spatʹ
- Shingazidja : ulala (*)
- Suédois : lägga sig (sv)
- Turc : yatmak (tr)
Mettre quelqu’un au lit (3)
- Allemand : legen (de)
- Anglais : lay (en), put to bed (en)
- Basque : eratzan (eu)
- Catalan : ajeure (ca)
- Corse : chjinà (co), stracquà (co)
- Danois : lægge (da)
- Espagnol : acostar (es), colocar (es), poner (es)
- Espéranto : kuŝigi (eo), enlitigi (eo)
- Féroïen : leggja (fo)
- Frison : lizze (fy)
- Grec : συνουσιάζομαι (el) sinusiázome (3)
- Ido : kushar (io)
- Islandais : leggja (is)
- Italien : coricare (it), collocare (it), adagiare (it), sdraiare (it)
- Japonais :
寝 かす (ja) nekasu - Kazakh : жатқызу (kk) jatqızuw
- Koyukon : -dzet (*) (3)
- Kotava : ilá (*)
- Kurde : raketin (ku) (1), razan (ku) (1), ava bûn (ku) (7)
- Néerlandais : leggen (nl), neerleggen (nl), vlijen (nl), in bed stoppen (nl), naar bed brengen (nl)
- Normand : couchier (*), jouquier (*), juquier (*), élongier (*), allongier (*), acclicoter (*)
- Norvégien : legge (no)
- Occitan : colcar (oc), jaire (oc)
- Palenquero : akotá (*)
- Portugais : deitar (pt), estender (pt), pôr (pt)
- Roumain : așeza (ro)
- Russe : укладывать спать (ru) ukladyvatʹ spatʹ
- Shingazidja : ulaza (*)
- Suédois : lägga (sv)
- Wallon : coûtchî (wa)
Faire l’amour (5)
- Anglais : sleep (en)
- Corse : chjavà (co)
- Espagnol : acostarse (es)
- Espéranto : sekskuniĝi (eo), seksumi (eo)
- Grec ancien : κατακλίνω (*) kataklinô, καθεύδω (*) katheudô, συγκαθεύδω (*) sunkatheudô
- Japonais :
寝 る (ja) neru - Kotava : ilagí (*)
- Néerlandais : slapen (nl)
- Normand : cauquier (*), housser (*)
- Polonais : spać (pl)
- Portugais : transar (pt), foder (pt)
- Russe : спать (ru) spatʹ
- Shimaoré : ulala (*)
- Shingazidja : utsanganyiha (*)
- Suédois : ligga (sv)
- Turc : yatmak (tr)
Nom commun
modifierSingulier | Pluriel |
---|---|
coucher | couchers |
\ku.ʃe\ |
coucher \ku.ʃe\ masculin
- Action de se mettre au lit pour dormir.
Pendant le moment où Modeste s’absenta, vers neuf heures, afin d’aller préparer le coucher de sa mère, madame Mignon et ses amis purent causer à cœur ouvert ; […].
— (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
- Moment quand on se couche.
Prendre un médicament au coucher.
- Le coucher du roi (Par ellipse) le coucher, moment que le roi réservait à l’entretien avec des gentilshommes de la cour ou d’autres personnes désignées par lui, avant de se retirer pour la nuit dans ses appartements.
- Façon dont on est couché.
Un bon, un mauvais coucher.
Il est très exigeant sur le coucher.
- Usage du lit et du logement en général.
- […] ; mais sa manière de vivre lui avait été indiquée une fois pour toutes ; en tant que coucher, une paillasse étendue sur des ais de bois ; en guise de nourriture un régime champêtre et monacal comme elle, du lait, du miel et du pain […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
- Moment de la disparition d’un astre sous l’horizon.
- Levers et couchers du soleil, de la lune et des autres astres peuvent résulter respectivement d’une inflammation et d’une extinction, […]. — (Épicure, Lettre à Pythoclès, traduction anonyme.)
Le coucher de soleil est d’un gris inquiétant et de gros nuages noirs s’accumulent vers l’occident.
— (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
Dérivés
modifierTraductions
modifierFaçon dont on est couché (3)
- Kotava : senyerinda (*)
- Shingazidja : mlalo (*)
Moment de la disparition d’un astre sous l’horizon (5)
- Allemand : Untergang (de) masculin
- Anglais : setting (en)
- Bachkir : байыу (*)
- Corse : u calà di u sole (co)
- Espagnol : puesta (es), ocaso (es) masculin
- Espéranto : subiro (eo)
- Iakoute : киирии (*)
- Karatchaï-balkar : батыу (*)
- Kazakh : бату (kk) batuw
- Koumyk : артылыв (*), батыв (*)
- Nogaï : батув (*)
- Shingazidja : mtso (*)
- Suédois : nedgång (sv) commun
- Tatar de Crimée : qonuv (*)
- Tchouvache : ларăш (*)
Prononciation
modifier- \ku.ʃe\
- France : écouter « coucher [ku.ʃe] »
- France (Toulouse) : écouter « coucher [Prononciation ?] »
- France (Lyon) : écouter « coucher [Prononciation ?] »
- Cornimont (France) : écouter « coucher [Prononciation ?] »
- Vosges (France) : écouter « coucher [Prononciation ?] »
- Lausanne (Suisse) : écouter « coucher [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « coucher [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
modifier- coucher sur Wikipédia
Références
modifier- [1] « coucher », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
- [2] Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage (colchier)