Koinè (grec)
Koinè κοινή | |
Période | fin IVe siècle av. J.-C. – IVe siècle apr. J.-C./Ve siècle apr. J.-C. |
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Langues filles | Grec de la koinè |
Région | Méditerranée orientale |
Typologie | SOV, SVO[1], flexionnelle, accusative, à accent de hauteur |
Classification par famille | |
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Codes de langue | |
IETF | grc
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ISO 639-2 | grc
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ISO 639-3 | grc
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Étendue | Langue individuelle |
Type | Langue historique |
Glottolog | anci1242
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La koinè ou koinê (en grec ancien : κοινή / koinḗ, « la (langue) commune » — l’appellation complète étant
Elle est principalement issue du grec ionien-attique dans lequel ont pénétré des formes d'autres dialectes[3]. Elle s'imposa comme langue administrative et véhiculaire dans les zones sous influence hellénistique en concurrence, par la suite, avec le latin.
Par extension, ce terme est parfois aussi utilisé pour désigner les langues véhiculaires en général.
Histoire
[modifier | modifier le code]La koinè s'est développée comme dialecte commun entre les armées d'Alexandre le Grand, différents dialectes plus ou moins inter-compréhensibles étant utilisés jusqu'alors.
À la fin des conquêtes macédoniennes, le nouveau dialecte était donc parlé depuis l'Égypte jusqu'aux frontières de l'Inde. Bien que les éléments de la koinè grecque aient pris forme durant la fin de l'ère classique, la période postclassique des Grecs date de la mort d'Alexandre le Grand, en 323 av. J.-C.
On date la période suivante, celle du grec médiéval, de la fondation de Constantinople par Constantin Ier en 330 apr. J.-C., alors qu'il s'agit en fait d'une évolution progressive de la koinè.
La période postclassique de la Grèce se réfère donc à la création et à l'évolution de la koinè grecque pendant toute l'ère hellénistique et romaine de l'histoire grecque, jusqu'à l'antiquité tardive incluse, le grec médiéval commençant au début du Moyen Âge. À son tour le grec médiéval (μεσαιωνική - mesaioniki) a évolué en formes liturgiques (ἀκολουθιακές - akolouthiakès) et laïques (ἑλλαδική - « helladique » en Grèce, autour de la mer Égée et à Constantinople, κατωιταλιώτικη (katoitaliotiki) - « italique » en Calabre et Sicile, ποντική - « pontique » autour de la Mer Noire, νοτική (notiki) - « méridional » en Cyrénaïque et Égypte, ἀνατολική (anatoliki) - « oriental » en Asie Mineure intérieure, Anatolie et au Proche-Orient et γεβανική - yévanique chez les juifs helléniques) dont certaines sont à l'origine des cinq langues helléniques actuelles (grec moderne, tsakonien, griko, pontique et cappadocien)[4].
Utilisation du terme
[modifier | modifier le code]Ce terme signifie « commun ». Il a précédemment servi aux anciens érudits pour qualifier plusieurs formes du parler grec. Une école d'érudits, comme Apollonios Dyscole et Aelius Herodianus, a maintenu le terme de koinè pour se référer au proto-grec tandis que d'autres l'emploient pour parler de toute forme vernaculaire du grec, distincte de la langue littéraire. Quand la koinè est progressivement devenue une langue de lettrés, certaines personnes ont alors distingué deux formes : l'hellénique comme la forme littéraire postclassique et la koinè comme la forme du parler populaire.
D'autres ont choisi de lier la koinè au dialecte alexandrin (
Origines
[modifier | modifier le code]Les origines linguistiques de la koinè sont floues depuis les premiers temps. Pendant l'âge hellénique, la plupart des savants pensaient qu'elle était le résultat d'un mélange des quatre principaux dialectes grecs, conséquemment nommée « ἡ ἐ
À cet égard, les idiomes de la koinè parlés dans les colonies ioniennes de l'Asie Mineure et de Chypre auraient des traits non attiques plus marquées que les autres. De plus, la koinè littéraire de la période hellénistique ressemble tellement au parler attique qu'elle est souvent mentionnée comme de l'attique commun.
Sources
[modifier | modifier le code]Les premiers érudits à étudier la koinè, à l'époque alexandrine et contemporaine, sont des philologues dont le prototype de réflexion est la langue attique de la période classique, qui désapprouvent ainsi toute autre forme du parler grec. La koinè est donc alors vue comme indigne d'attention car trop détériorée, « corrompue » par rapport à l'attique. L'importance historique et linguistique de la koinè n'est reconsidérée qu'au début du XIXe siècle, où des savants de renom dirigent une série d'études sur l'évolution de la koinè sur toute la période hellénistique et romaine qu'elle recouvrait. Les sources étudiées de la koinè sont nombreuses et d'une fiabilité inégale.
Les plus signifiantes sont les inscriptions de la période post-classique et des papyrus car ils possèdent un contenu authentique et peuvent être directement étudiés. D'autres sources majeures sont la Septante, la version grecque de l'Ancien Testament. L'enseignement de ce dernier visait en effet les couches populaires et employait pour cette raison le parler le plus répandu de l'époque. D'autres informations peuvent aussi être tirées des savants de l'Attique durant les mêmes périodes. Ces derniers, par souci de combattre l'évolution de la langue, ont en effet publié des travaux, enrichis d'exemples, où ils comparent la langue attique supposément « correcte » et celle de la koinè, jugée « dissidente ». Phrynichus Arabius écrit ainsi au IIe siècle apr. J.-C. :
- Βασίλισσα
ο ὐδείςτ ῶν Ἀρχαίωνε ἶπ ε ν , ἀλ λ ὰ βασίλεια ἢ βασιλίς.- « Basilissa (Reine) les Anciens ne l'emploient aucunement, préférez Basileia ou Basilis ».
- Διωρία ἑσχάτως ἀδόκιμον, ἀ
ν τ ’α υ τ ο ῦδ ὲ προθεσμίαν ἐρ ε ῖς.- « Dioria (délai) est impropre, utilisez à la place prothesmia ».
- Πάντοτε
μ ὴ λέγε, ἀλ λ ὰ ἑκάστοτεκ α ὶδ ι ὰ παντός.- « Ne dites pas Pantoté (toujours), mais hékastoté et dia pantos ».
D'autres sources peuvent émaner de découvertes variées comme des inscriptions sur les tessons faites par des peintres populaires :
- « Καλήμερον, ἦλθες; — Bono die, venisti? » (Belle journée, tu sortais ?).
- « Ἐὰ
ν θέλεις, ἐλ θ ὲμ ε θ ’ ἡμ ῶν . — Si vis, veni mecum. » (Si tu veux, viens avec moi).
- «
Π ο ῦ; — Ubi? » (Où ?).
- «
Π ρ ὸς φίλον ἡμέτερον Λεύκιον. — Ad amicum nostrum Lucium. » (À notre ami Lucius).
- « Ἀρρωστεῖ. — Aegrotat. » (Il est malade).
Évolution depuis le grec ancien
[modifier | modifier le code]L'étude de toutes les sources symboliquement couvertes par la koinè sur six siècles révèle des changements linguistiques depuis le grec ancien sur la phonologie, la morphologie, la syntaxe, le vocabulaire et d'autres éléments du langage parlé. La plupart des nouvelles formes apparaissent avec une certaine rareté, puis deviennent graduellement de plus en plus fréquentes jusqu'à ce qu'elles s'établissent totalement. Malgré les changements linguistiques de la koinè, celle-ci a conservé une telle ressemblance avec ses successeurs médiévaux et modernes que presque toutes les caractéristiques du grec moderne peuvent être retracées dans les textes de la koinè qui nous sont parvenus. Comme la plupart des changements entre le grec ancien et moderne furent introduits par la koinè, la koinè grecque d'aujourd'hui est largement compréhensible par la plupart des Grecs modernes.
Phonologie
[modifier | modifier le code]La koinè grecque est une période de transition phonologique : au début, le langage était pratiquement identique au grec ancien, tandis que vers la fin il avait plus de parenté avec le grec moderne.
Les trois changements les plus significatifs durant cette période furent la perte de la quantité vocalique, la substitution de l'accent de hauteur par l'accent d'intensité et le remplacement de la plupart des diphtongues par des monophtongues.
Les transformations remarquables sont les suivantes :
Lettre / digramme | Prononciation en grec classique | Prononciation en koinè (IIe siècle de notre ère) | Prononciation en grec moderne | Prononciation en Living Koine[5] |
---|---|---|---|---|
[b] | [ |
[v] | [v] | |
[g] | [ɣ], [j] devant [i] et [ɛ] | [ɣ], [ʝ] devant [i] et [ɛ] | [g] | |
[d] | [d] | [ð] | [ð] | |
[e] | [ |
[ |
[ | |
[zd] | [z] | [z] | [z] | |
[ |
[eː] | [i] | [ | |
[tʰ] | [tʰ] | [ |
[tʰ] | |
[pʰ] | [ɸ] | [f] | [pʰ] | |
[kʰ] | [kʰ] | [x], [ç] devant [i] et [ɛ] | [kʰ] | |
[o] | [ɔ] | [ɔ] | [ɔ] | |
[y] | [y] | [i] | [i] | |
[ɔː] | [ɔ] | [ɔ] | [ɔ] | |
[ai] | [ |
[ |
[ | |
[au] | [a |
[av] devant une consonne sonore, [af] devant une consonne sourde | ||
[eː] | [i] | [i] | [i] | |
[eu] | [ |
[ |
||
[ɛːj] | [i] | [i] | ||
[oi] | [y] | [i] | [y][réf. nécessaire] | |
[oː] | [uː] | [u] | [oː] | |
[yː] | [i] | [i] | [i] |
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Créole
- Époque hellénistique
- Langue liturgique
- Langue véhiculaire
- Langue vernaculaire
- Pidgin
- Sabir
- linguistique
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Antoine Meillet, Aperçu d'une histoire de la langue grecque : Avec bibliographie mise à jour et complétée par Olivier Masson, Paris, Klincksieck, coll. « Études et Commentaires », , 8e éd. (1re éd. 1913), 346 p.
- (en) Walter Bauer et Frederick William Danker, A Greek-English Lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature, University of Chicago Press, , 3e éd., 1188 p.
- Henri Tonnet, Histoire du grec moderne : La formation d’une langue, Paris, L’Asiathèque, coll. « Poches, Langues INALCO », , 3e éd., 296 p., p. 41 à 133.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Polis Koine Article sur le grec koinè, présentation d'une méthode d'apprentissage et vidéo d'un cours. (site fermé)
- Bibliques.com[6] Cours français gratuit sur internet
- http://www.biblicallanguagecenter.com quelques cours gratuit en vidéo avec une méthode d'apprentissage innovante.
- http://www.lexilogos.com d'excellentes ressources dont des dictionnaires gratuit en ligne.
Références
[modifier | modifier le code]- Ann Taylor, « The change from SOV to SVO in Ancient Greek », Cambridge University Press, (DOI 10.1017/S0954394500001563)
- Antoine Meillet 1975, p. 253.
- Informations lexicographiques et étymologiques de « koinè » (sens A. 1.) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- Francis T. Gignac, The Koine is the direct ancestor of medieval and Modern Greek, Oxford University Press Inc. 1993.
- (en-US) « Learning Biblical Languages Just Got Easier », sur biblicallanguagecenter.com (consulté le ).
- Isabelle Lieutaud, « Bibliques : Le coin de la recherche : cours de grec », sur www.bibliques.com (consulté le )