Kumarajiva
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Père |
Kumārāyana (en) |
Mère |
Jīvaka (en) |
Mouvements |
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Kumārajīva ou Kumarajiva (sanskrit : कुमारजीव; chinois traditionnel :
Origine
[modifier | modifier le code]Les informations concernant Kumārajīva se basent essentiellement sur les biographies chinoises de moines éminents, non exemptes de détails légendaires. Il serait né à Koutcha, alors capitale d’un petit royaume tokharien, d’une princesse locale et d’un père brahmane originaire du Cachemire. Son grand-père paternel, Jiūmódáduō (
Début des études bouddhistes
[modifier | modifier le code]Alors que Kumārajīva avait sept ans, Jīva aurait décidé de devenir nonne. Il la suivit et débuta sous la direction de Buddhasvāmin l’étude des textes de l’école Sarvastivada. À neuf ans, âge où sa mère décida de l’emmener poursuivre son apprentissage au Cachemire, il aurait déjà appris l’Abhidharma par cœur. Là-bas, il aurait étudié le Dīrghāgama et le Madhyāgama et manifesté pour la première fois son aptitude au débat. Son maître était Bandhudatta, cousin du roi. Deux ans plus tard, il reprit avec sa mère le chemin de Koutcha. En route, il aurait rencontré un arhat qui lui aurait prédit un brillant futur de missionnaire. La mère et le fils passèrent par Kashgar où ils séjournèrent un an. C’est là que Kumārajīva se serait tourné vers le mahayana sous l’influence de Sutyasoma, fils du roi de Yarkand. Il entreprit l’étude du Śataśāstra (cent traités) et du Madhyāmakaśāstra (Traité du milieu), tout en continuant celle de l’ Abhidharma avec le cachemirien Buddhayaśa. Son programme comprenait aussi les quatre Vedas, les cinq sciences, les textes brahmaniques et l’astronomie. À douze ans il partit, toujours avec sa mère, pour l'important centre bouddhique de Tourfan, et brilla de nouveau dans des débats.
Retour à Koutcha
[modifier | modifier le code]Impressionné par le prestige de Kumārajīva, le roi de Koutcha vint lui demander d'enseigner les soutras Mahāsannipata et Mahāvaipulya à une de ses filles devenue nonne. C’est ainsi que la mère et le fils seraient revenus dans leur pays natal. Jīva partit bientôt poursuivre sa carrière de moniale vers l’Inde ou le Cachemire. À l’âge de vingt ans, Kumārajīva fut ordonné moine. Il vivait alors au monastère de Queli (
Destin chinois
[modifier | modifier le code]L’occupation
[modifier | modifier le code]Les souverains des royaumes du nord de la Chine appréciaient les personnalités religieuses bouddhistes ou taoïstes dont ils attendaient, semble-t-il, autant des conseils politiques et militaires, des miracles et des protections surnaturelles que des conseils spirituels. Ils patronnaient dans la foulée la rédaction et la traduction de textes. Fu Jian (苻堅), souverain des Qin antérieurs, avait ainsi ramené de Xianyang capturée en 379 le maître Dao'an (
Traducteur
[modifier | modifier le code]En 401, Yao Xing (姚興), empereur des Qin postérieurs, put enfin récupérer Koutcha et en faire ramener Kumārajīva, qui arriva à Chang'an l’année suivante, âgé de presque soixante ans. Il aurait commencé son travail de traduction sur l’invitation du moine Sengrui (
Les catalogues chinois attribuent à l’équipe la traduction de soixante-quatorze ouvrages ou 384 fascicules. Une centaine de textes différents ont au cours des siècles été attribués au traducteur ; bien que vingt-quatre seulement aient pu être authentifiés, ils comptent parmi les plus importants du bouddhisme chinois, comme le Sutra du Lotus, le Sutra du Diamant, le Sutra de Vimalakirti, le Sutra d'Amitabha, la Mūlamadhyamakakārikā et le Mahāprajñāpāramitā śāstra. Yao Xing assistait souvent, dit-on, aux séances de traduction qui se déroulaient en grande assemblée. Inspiré par ces séances, le souverain aurait d'ailleurs rédigé lui-même un traité, le Tongsanshilun (《
Les traductions dirigées par Kumārajīva furent d’emblée reconnues comme beaucoup plus satisfaisantes que les précédentes, et prirent le pas sur les éventuelles versions antérieures. En effet, elles sont rédigées dans une langue fluide évitant le mot à mot, où le sens apparait plus clairement. Les premières traductions en chinois de traités et soutras étaient très imprégnées de vocabulaire et concepts taoïstes. Les traducteurs cherchèrent bientôt à s’en libérer pour exprimer plus exactement les concepts bouddhiques, mais produisirent trop souvent des traductions littérales dont le sens général reste assez obscur.
Influence
[modifier | modifier le code]Kumārajīva attira de nombreux disciples, dont Daosheng, Sengzhao, Daorong (
Kumārajīva est considéré comme le fondateur en Chine de l’école Sanlun (
Œuvre
[modifier | modifier le code]Kumārajīva se serait plaint plusieurs fois de ne pas être en mesure de rédiger des traités et commentaires comme il l’aurait préféré, par manque de temps et du fait que le milieu bouddhiste chinois ne lui semblait pas encore assez mûr. Il serait néanmoins l'auteur d'un Shixianglun (《
Principales traductions
[modifier | modifier le code]- Satyasiddhi Shastra, Traité de la vérité complète, 20 fascicules (402-412)
- Chengshi lun (《
成 實 論 》)
- Chengshi lun (《
- Mahaprajnaparamita upadesha, Traité de la prajnaparamita, 100 fascicules (402-405)
- Dazhidu lun (《
大智 度 論 》)
- Dazhidu lun (《
- Panchavimshati sahasrika prajnaparamita sutra, Prajnaparamita en vingt-cinq-mille vers, 27 fascicules (404), dont le Sutra du Cœur est un condensé
- Weimo jing (《維摩
經 》)
- Weimo jing (《維摩
- Karunikaraja prajnaparamita sutra, 2 fascicules
- Renwang borepoluomiduo jing (《
仁王 般若 波羅蜜 經 》)
- Renwang borepoluomiduo jing (《
- Astasahasrika prajnaparamita sutra, Prajnaparamita courte, 10 fascicules (408)
- Xiaopin borepoluomi jing (《
小品 般若 波羅蜜 經 》)
- Xiaopin borepoluomi jing (《
- Vajracchedika prajnaparamita sutra, Sūtra du Diamant, 1 fascicule (402-412)
- Jingang jing (《
金 剛 經 》)
- Jingang jing (《
- Saddharmapundarika sutra, Sūtra du Lotus (《
妙法 蓮華 経 》) (Myōhō Renge Kyō en japonais), 8 fascicules (401-406)- Fahua jing (《
法華經 》)
- Fahua jing (《
- Petit Sukhavati vyuha, Sūtra d'Amitābha, 1 fascicule (402)
- Amituo jing (《
阿彌陀 經 》)
- Amituo jing (《
- Shatika shastra, Traité en cent vers, 2 fascicules (404)
- Bailun (《
百 論 》) - Moheborepoluomiduo xin jing (《
摩 訶般若 波羅蜜 多 心 經 》)
- Bailun (《
- Vinaya Sarvastivadin, Vinaya en dix catégories, 61 fascicules (404-409)
- Shisonglü (《
十 誦律》) - Bailun (《
百 論 》)
- Shisonglü (《
- Vimalakirti nirdesha sutra, Sūtra de Vimalakirti (《维摩
所 诘说经》 / 《維摩詰所 說經 》), 3 fascicules (406)- Fahua jing (《
法華經 》)
- Fahua jing (《
- Madhyamaka-shastra, Traité de la voie moyenne, 4 fascicules (409)
- Zhonglun (《
中 論 》)
- Zhonglun (《
- Dvadashamukha shastra, Traité des douze portes, 1 fascicule (409)
- Shiermen lun (《
十 二 門 論 》)
- Shiermen lun (《
- Maitreyavyakarana sutra, 1 fascicule
- Mile chengfo jing (《
彌勒 成佛 經 》)
- Mile chengfo jing (《
- Brahmajala Sutra, Sutra du filet de Brahma, 2 fascicules[3]
- Fanwang jing (《梵網
經 》)
- Fanwang jing (《梵網
- Dasabhumikavibhasa, 17 fascicules
- Shizhu piposha lun (《
十 住 毗婆沙 論 》)
- Shizhu piposha lun (《
Légendes et anecdotes
[modifier | modifier le code]- Sa mère, déjà tournée vers le bouddhisme, aurait ressenti pour la première fois l’appel de la vocation monastique pendant la grossesse, durant laquelle elle aurait miraculeusement su parler le sanscrit.
- Lors d'une visite dans un temple de Kashgar, Kumārajīva aurait soulevé un très lourd brûle-parfum. Alors qu’il le tenait à bout de bras, il prit soudain conscience du fait qu’il n’était qu’un enfant et s’étonna de sa force. Aussitôt, le brûle-parfum s’abattit à terre. Il réalisa alors le rôle de la discrimination mentale.
- L’empereur des Qin postérieurs Yao Xing, estimant sans doute que le travail de traducteur-conseiller pouvait être héréditaire, aurait forcé Kumārajīva à quitter son monastère pour emménager dans une demeure habitée par dix jeunes femmes investies de la mission de le séduire, dans l’espoir qu’une progéniture s’ensuivrait. Le moine aurait dû par la suite laver sa réputation lors de prêches, répétant que « Si le lotus pousse dans la boue, il faut quand même s’efforcer de le cueillir sans se souiller. ». Les langues allant néanmoins bon train et certains disciples ayant commencé à l’imiter, il les convoqua pour avaler devant eux un bol de clous, disant : « Ne vous avisez pas de vivre comme je vis tant que vous ne serez pas capable de faire ce que je viens de faire. »
- Sa fin proche, il aurait dit à ses disciples : « Si mes paroles ont été justes, ma langue ne brûlera pas sur le bûcher funéraire. ». Et ils la retrouvèrent intacte.
- Le temple Caotang (
草堂 寺 ) est un bâtiment construit sous les Qin postérieurs à côté du Xiaoyaoyuan pour servir de local au travail de traduction ; les successeurs de Kumārajīva y firent ériger une pagode à sa mémoire. Situé au nord du mont Guifeng (圭 峰 ), comté de Huxian (戶 縣 ), région de Xi'an, il fut entretenu et restauré jusqu’au XVIIIe siècle et reçut la visite d’autres moines éminents. Il a été reconstruit en 1981 à l’emplacement originel. Un symposium rassemblant une centaine de moines chinois et japonais s’y est tenu 1660 ans après sa naissance. - À son arrivée à Dunhuang en 384, son cheval blanc tomba malade. Une nuit, il rêva que le cheval lui disait qu'il était en fait le dragon blanc de la Mer de l'Ouest et qu'il avait fait ce voyage avec lui car il (Kumārajīva) s'était donné la tâche de propager le bouddhisme. Maintenant que la route ne présentait plus de danger, il ne l'accompagnerait pas plus loin. À son réveil, Kumārajīva apprit la mort de son cheval. Le cœur déchiré il l'enterra et construisit la pagode du Cheval Blanc (Bai Ma Ta) sur sa tombe. Elle est située au sud-ouest de Dunhuang, à environ 40 minutes à pied de la ville.
Dans les œuvres de fiction
[modifier | modifier le code]Le roman La Perle du Dragon de Patrick Carré (Albin Michel, 1999) met en scène Kumārajīva et ses démêlés avec l'empereur Yao Xing et avec les adversaires du Grand Véhicule.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Autres transcriptions de chinois en caractères romains : [ Kiu-kiu-lo ], [ Kiu-mo-lo-che ], [ Kiu-mo-to-tche-po ], [ Tang-cheu ] ; cette dernière provient d’une traduction proposée pour son nom : Tóngshòu (
童 壽 ), de [ kumara ], jeune homme célibataire ou garçon (童 ), et [ jiva ], vie (壽 ) . Autres transcriptions de sanscrit en chinois : [ Jiūmóluóshípó ] (鳩 摩 羅 什婆 ou鳩 摩 羅 耆婆) ; abréviations : (羅 什, ) ou 什, - (en) Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr, The Princeton dictionary of buddhism, Princeton (N.J.), Princeton University Press, , 452-453 p. (ISBN 978-0-691-15786-3 et 0-691-15786-3, lire en ligne)
- Cette traduction est cependant contestée: le sutra serait en fait un apocryphe chinois du Ve siècle. (Eunsu CHO, « Fanwang jing » in Robert E. Buswell Jr. (Ed.), Encyclopedia of Buddhism, New York, Macmillan, 2004, p. 281-282)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]An Shigao | Dao'an | Faxian | Yijing | Xuanzang