(Translated by https://www.hiragana.jp/)
San qing — Wikipédia Aller au contenu

San qing

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Trois Puretés, Trois Purs

Statue de Daode tianzun, temple Changchun, Wuhan

Les Trois Puretés ou les Trois Clartés (chinois : 三清さんきょう ; pinyin : sān qīng ; Wade : San Ch'ing ; EFEO : San Ts'ing) ou en japonais Sansei (三清さんきょう?) désignaient à l’origine les trois cieux supérieurs du taoïsme, nommés

  • Yuqing たまきよし « Pureté de jade »
  • Shangqing うえきよし « Haute Pureté »
  • Taiqing ふときよし « Pureté suprême »

situés immédiatement dessous le Daluo tian (だい罗天), la « Grande Voute céleste »[1]. Dans ces trois cieux, résident des divinités et des immortels chargés de la garde des écritures taoïstes et d’instructions sacrées, révélées à l’occasion au bénéfice de l’humanité souffrante.

À partir du IIIe siècle, le terme de sanqing 三清さんきょう désigna principalement les trois dieux principaux du panthéon taoïste. On traduira alors le terme par les « Trois Purs ».

Cette présentation ternaire des cieux, des divinités, des Écritures et de divers autres concepts n’appartient pas à un courant doctrinal particulier mais correspond à une volonté de présentation synthétique de la multiplicité des pratiques et doctrines taoïstes développées à l’époque des Six dynasties. La volonté de syncrétisme présente dans le taoïsme s’est particulièrement affirmée à l’époque de la dynastie Tang[2].

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Les Chinois des premiers siècles de notre ère vivaient dans un monde enchanté par une multitude d’esprits, de fantômes et de divinités. Tous ces êtres spirituels résidaient un peu partout dans l'univers, dans le corps humains et dans les cieux.

Les Maîtres célestes sous les Han[modifier | modifier le code]

La fondation de la Voie des Maîtres célestes au milieu du IIe siècle av. J.-C. marque le début de ce qui sera appelé plus tard le « taoïsme religieux ». Les fondateurs de cette doctrine vont tenter de mettre un peu d’ordre dans la floraison des innombrables dieux engendrés par l’imagination populaire. Ils vont opérer une véritable révolution dans la manière d’appréhender le corps dans sa dimension de temple sacré habité par les dieux et les démons[3].

L’organisation religieuse des Maîtres célestes de l’époque Han prit pour modèle l’organisation administrative de l’empire. Les premiers maîtres célestes fabriquent comme les empereurs des talismans ( fu) et des registres (籙 lu) de même style que les leurs qu’ils utilisent comme des sortes de lettres d’introduction dans le monde surnaturel. Toutes les écoles taoïstes du Moyen Âge emploieront de tels talismans pour les rituels d’exorcisme, de purifications et de guérisons.

Selon la cosmologie des Maîtres célestes

« Le Dao confère vie au moyen de souffles subtils de trois couleurs qui sont les souffles Xuan, Yuan, et Shi (げん元始げんし是也これや). Le souffle Xuan (« obscur, mystérieux ») est vert et forme le Ciel, le souffle Shi (« originel ») est jaune et forme la Terre, le souffle Yuan est blanc et forme le Dao » (DZ 789, 9b)

Ces trois souffles en relation avec les trois cieux, Qingwei, Yuyu et Dache, engendrent chacun trois autres souffles.

Ces principes de cosmologie comme de nombreux autres éléments doctrinaux seront reçus en héritage des courants taoïstes des siècles suivants.

Les courants taoïstes durant les Six dynasties[modifier | modifier le code]

Durant la période des Six dynasties (de 220 à 589) qui suivit l’éclatement de l’empire Han, se forment plusieurs nouveaux courants de pensée taoïste qui seront dénommés plus tard le Shangqing, le Taiqing et le Lingbao. Ces courants doctrinaux se constituent en intégrant différentes formes de pensées et de pratiques religieuses.

Le Shangqing うえきよし réalise un syncrétisme harmonieux[2] de la cosmologie de l’époque Han, d’élément empruntés aux Maîtres Célestes, et de l’usage des termes wu 无 « non-être » et you ゆう « être » fait par Wang Bi. Les textes sacrés associés au ciel Shangqing, sont ceux du courant taoïste révélé à Yang Xi par des divinités et des esprits entre 364 et 370. La révélation Shangqing promettait à ses adeptes l’accès à un ciel d’un rang élevé, le Ciel du Shangqing de la « Haute Pureté », et apportait des écrits sacrés et des méthodes plus éminentes que celles des Maîtres célestes.

Le terme Shangqing[4] désigna par la suite le courant taoïste dont le véritable fondateur est le grand théoricien Tao Hongjing (456-536), qui reprit et annota les révélations de Yang xi[5]. Pour atteindre l’immortalité, la méditation, la visualisation, l’extase, les techniques de respiration et de gymnastique daoyin sont préférées à l’alchimie. Il néglige les rituels collectifs et les talismans.

À l’origine le terme Taiqing ふときよし désignait un état spirituel interne de l’adepte. Puis à partir des IIIe – IVe siècle, il en vint à désigner le ciel Taiqing de « la Pureté suprême » associé à la révélation des doctrines et écritures alchimiques et par extension à la tradition principale du waidan そと de « l’alchimie externe ». Quand, au début du VIe siècle, le Canon taoïste fut étendu par Quatre Suppléments, un d’eux s’intitulait taiqing et était consacré au waidan[6].

L’école Lingbao 靈寶れいほう tira une grande partie de son inspiration de Ge Hong, du Shangqing et des Maîtres célestes ainsi que d’une certaine tradition confucéenne[2]. On peut noter aussi une réelle influence bouddhiste pour la première fois dans le taoïsme, en particulier avec la notion de salut (pudu ). Le panthéon et la cosmologie Lingbao sont adaptés du bouddhisme et du premier taoïsme.

Harmonisation du taoïsme, confucianisme et bouddhisme sous les Tang[modifier | modifier le code]

La période des Tang témoigne du développement de relations étroites entre le taoïsme, confucianisme et bouddhisme et d’efforts conscients pour harmoniser les Trois enseignements[2]. Les textes taoïstes commencent à incorporer la dialectique Madhyamaka.

Des éléments de l’enseignement du bouddhisme furent adoptés pour expliquer la profusion des doctrines, des écoles et des dieux. Cette multiplicité n’est en fait que la réalisation sous des formes différentes de la Vérité ultime sans forme ou du Corps de la Loi (fashen ほう, darmakaya) qui ne peut être vue ; tous les dieux sont des avatars du Dao ou de Yuanshi tianzun, qui prennent des formes adaptées aux circonstances et aux croyants. Des listes de divinités furent créées pour synthétiser le panthéon du Shangqing et du Lingbao.

C’est dans ce contexte qu’apparaît le premier témoignage textuel de la triade divine dans le Fengdao kejie たてまつみち戒 « Codes et préceptes pour adorer le Dao » qui va faire l’objet des sections suivantes.

Association des Cieux avec des Écritures et des divinités[modifier | modifier le code]

Les trois cieux de « Pureté » Yuqing, Shangqing et Taiqing furent par la suite associés avec les trois dieux les plus élevés du taoïsme et avec trois ensembles d’Écritures connus comme les Trois Cavernes (sandong 三洞さんぼら). Le premier texte effectuant cette association est le « Livre des esprits donnant la vie » (shengshen jing 生神うるかみ经), datant du début du IIIe siècle.

À partir de cette époque, le terme Sanqing 三清さんきょう, désigna principalement les trois dieux dits les « Trois Purs » associés aux Trois Cavernes, correspondant à trois écoles religieuses. Ces dieux sont :

  • Le Vénérable céleste de l’origine (Yuanshi tianzun 元始げんしてんみこと)
  • Le Vénérable céleste du Joyau numineux (Lingbao tianzun 灵宝てんみこと)
  • Le Vénérable céleste de la Voie et de sa Vertu (Daode tianzun 道德どうとくてんみこと)

Ces trois divinités furent par la suite comprises comme une seule symbolisation du Dao. On peut donc les décrire plutôt comme une trinité qu’une triade[1]. Car ces Purs (ces Vénérables ou Tianzun) sont d’une nature radicalement différente de celle des autres divinités chinoise. Un Pur n’est pas une personne, mais une hypostase, un des nombreux aspects par lequel le Dao peut se rapprocher de l’humanité (Anna Seidel[7]).

Associations des Trois Puretés, d'après la table 18 de Kohn[1]
TROIS PURETÉS
Cieux : sanqing三清さんきょう
Pureté de jade
Yuqing だまきよし
Haute Pureté
Shangqingうえきよし
Pureté suprême
Taiqing ふとしきよし
TROIS ORIGINES
Sanyuan さんげん
Caverne chaotique
hundong こんほら
Chaos rouge
chihun あかこん
Sombre et silencieux
mingji めいさび
TROIS CIEUX
santian さんてん
Ciel pur et ténu
qingwei tian きよしほろてん
Ciel des restes de Yu
Yuyu tian 禹余てん
Ciel grand écarlate
dachi tian だいあかてん
TROIS SOUFFLES
san qi さん
Inaugural, vert
はじめあお
D’origine, jaune
yuanhuang もと
Mystérieux, blanc
xuanbai 玄白げんぱく
TROIS CAVERNES
sandong さんほら
Réel
dongzhen ほらしん
Mystérieux
dongxuan ほらげん
Spirituel
dongshen ほらしん
TROIS VÉNÉRABLES CÉLESTES
santian zun さんてんみこと
Commencement original
yuanshi 元始げんし
Trésor numineux
lingbao 灵宝
Voie et vertu
daode 道德どうとく

Parmi ces triades, celle des Trois cavernes joue un rôle doctrinal important. Dénotant à l’origine le qi des Trois souverains (sanhuang さんすめらぎ, maître du Ciel, de la Terre et de l’Humanité), les « cavernes » représentent les trois courants doctrinaux du taoïsme durant les Six dynasties (les 369 années allant 220 à 589). Le nom de sanhuang est dérivé du Sanhuang wen さんすめらぎぶん (Écriture des Trois souverains), considéré comme le texte le plus représentatif de la tradition du sud, avant la création du Shangqing et du Lingbao. Les trois composantes du Canon taoïste sont le Dongzhen « la Caverne de la perfection », le Dongxuan « la Caverne du Mystère », et le Dongshen « la Caverne de l’esprit »[8].

La Triade divine[modifier | modifier le code]

Triade taoïste

Le Vénérable céleste du Commencement primordial (Yuanshi tianzun 元始げんしてんみこと)[modifier | modifier le code]

Yuanshi tianzun représente l’aspect cosmique et créatif du Dao. Il est représenté au centre de la triade et porte les attributs de la royauté.

Il est apparu la première fois vers l’année 485 dans les commentaires du Duren jing じん经 l’« Écrit du salut » par Yan Dong 严东. Il porte plusieurs autres noms : yuqing yuanshi tianzun だま清元きよもとはじめてんみこと « Vénérable céleste de l’origine pureté de jade », yuqing dadi だまきよし大帝たいてい « Grand Empereur de pureté de jade » etc.[n 1].

Le titre de tianzun てんみこと « Vénérable céleste » est une adaptation d’une épithète du Bouddha, qualifié de shizun 世尊せそん « Vénérable du monde »[1].

Le Vénérable céleste du Joyau numineux (Lingbao tianzun 灵宝てんみこと)[modifier | modifier le code]

Lingbao tianzun joue le rôle de révélateur des écritures sacrées. Il se tient à la gauche du Vénérable céleste du Commencement et lui sert de porte-parole. Il est aussi connu sous les noms de Taishang daojun ふとし上道じょうとうくん « Le plus grand Seigneur de la Voie » ou plus simplement Taishang ふとしじょう « Le plus grand ».

Il apparaît avec une biographie développée dans les Écritures Lingbao 灵宝[n 2] comme un disciple et un messager du Vénérable céleste du Commencement. Les relations entre ces deux divinités sont pensées comme celles que l’on trouve dans le bouddhisme Mahayana, avec le Vénérable céleste résidant au-dessus de l’univers connu et le Seigneur de la Voie, son disciple cherchant des instructions pour soulager l’humanité souffrante.

Le Vénérable céleste de la Voie et de sa Vertu (Daode tianzun 道德どうとくてんみこと)[modifier | modifier le code]

Le troisième dieux situé à droite de la divinité centrale, est « Le Vénérable céleste de la Voie et de sa Vertu » Taishang laojun ふとしじょうろうくん, autrement dit Laozi. Il est décrit comme le disciple du Seigneur du Dao qui l’aida à devenir un Parfait. Sa fonction principale est de maintenir des contacts étroits avec l’humanité.

Là encore, il fait écho à un modèle bouddhiste, dans lequel la troisième divinité est le bodhisattva sauveur[1].

De nombreuses stèles représentant la triade du panthéon taoïste, décrites comme les Trois Vénérables, sanzun さんみこと, datent du VIe siècle. La première datant de 508 a été trouvée au Monastère de l’étang de pierre, Shihong si せき泓寺, à Fuzhou (Fujian) suivies d’autres datant de 515, 521, 567 et 572 et de l’époque Tang.

Le premier témoignage textuel de la triade divine se trouve dans le Fengdao kejie たてまつみち戒 « Codes et préceptes pour adorer le Dao » du début des Tang.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. ainsi que : 天宝てんぽうきみきょすめらぎどうくんぜんしょうだまきよし圣境きょ自然しぜん原始げんしてんみこと
  2. comme le Lingbao wufu jing 灵宝经 dont certains passages sont cités dans le Baopuzi de Ge Hong

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Livia Kohn, « sanqing 三清さんきょう Three Clarity ; Three Purities; Three Pure Ones », dans Fabrizio Pregadio (ed.), The Routledge Encyclopedia of Taoism, vol I and II, London et New York, Routledge,‎ 2008, 2011
  2. a b c et d Isabelle Robinet, « Syncretism », dans Fabrizio Pregadio (ed.), The Routledge Encyclopedia of Taoism, London et New York, Routledge, 2008, 2011
  3. Pierre-Henry de Bruyn, Le taoïsme, Chemins de découverte, CNRS éditions, Paris, , 282 p.
  4. Isabelle Robinet, « Shangqing うえきよし Highest Clarity », dans Fabrizio Pregadio (ed.), The Routledge Encyclopedia of Taoism, vol I and II, London et New York, Routledge,‎ 2008, 2011
  5. Isabelle Robinet, Histoire du taoïsme des origines au XIVe siècle, Cerf, , 270 p.
  6. Fabrizio Pregadio, « Taiqing ふとししん Great Clarity », dans Fabrizio Pregadio (ed.), The Routledge Encyclopedia of Taoism, London et New York, Routledge,‎ 2008, 2011
  7. Anna Seidel, « Taoïsme – Religion non officielle de la Chine - », Cahiers d’Extrême-Asie, vol. 8,‎ , p. 1-39 (lire en ligne)
  8. Fabrizio Pregadio, Great Clarity : Daoism And Alchemy In Early Medieval China, Stanford University Press,

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Fabrizio Pregadio (ed.), The Routledge Encyclopedia of Taoism, Vol I and II, Routledge, 2008, 2011
  • Père Henri Doré, Recherches sur les Superstitions en Chine, le Panthéon Chinois (éditions You Feng, 1995) Vol. 6
  • Jacques Pimpaneau Chine Mythes et Dieux de la Religion Populaire (éditions Philippe Picquier, 1999)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]