San qing
Trois Puretés, Trois Purs
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Les Trois Puretés ou les Trois Clartés (chinois :
- Yuqing
玉 清 « Pureté de jade » - Shangqing
上 清 « Haute Pureté » - Taiqing
太 清 « Pureté suprême »
situés immédiatement dessous le Daluo tian (
À partir du IIIe siècle, le terme de sanqing
Cette présentation ternaire des cieux, des divinités, des Écritures et de divers autres concepts n’appartient pas à un courant doctrinal particulier mais correspond à une volonté de présentation synthétique de la multiplicité des pratiques et doctrines taoïstes développées à l’époque des Six dynasties. La volonté de syncrétisme présente dans le taoïsme s’est particulièrement affirmée à l’époque de la dynastie Tang[2].
Contexte historique[modifier | modifier le code]
Les Chinois des premiers siècles de notre ère vivaient dans un monde enchanté par une multitude d’esprits, de fantômes et de divinités. Tous ces êtres spirituels résidaient un peu partout dans l'univers, dans le corps humains et dans les cieux.
Les Maîtres célestes sous les Han[modifier | modifier le code]
La fondation de la Voie des Maîtres célestes au milieu du IIe siècle av. J.-C. marque le début de ce qui sera appelé plus tard le « taoïsme religieux ». Les fondateurs de cette doctrine vont tenter de mettre un peu d’ordre dans la floraison des innombrables dieux engendrés par l’imagination populaire. Ils vont opérer une véritable révolution dans la manière d’appréhender le corps dans sa dimension de temple sacré habité par les dieux et les démons[3].
L’organisation religieuse des Maîtres célestes de l’époque Han prit pour modèle l’organisation administrative de l’empire. Les premiers maîtres célestes fabriquent comme les empereurs des talismans (
Selon la cosmologie des Maîtres célestes
- « Le Dao confère vie au moyen de souffles subtils de trois couleurs qui sont les souffles Xuan, Yuan, et Shi (
玄 元始 气是也 ). Le souffle Xuan (« obscur, mystérieux ») est vert et forme le Ciel, le souffle Shi (« originel ») est jaune et forme la Terre, le souffle Yuan est blanc et forme le Dao » (DZ 789, 9b)
Ces trois souffles en relation avec les trois cieux, Qingwei, Yuyu et Dache, engendrent chacun trois autres souffles.
Ces principes de cosmologie comme de nombreux autres éléments doctrinaux seront reçus en héritage des courants taoïstes des siècles suivants.
Les courants taoïstes durant les Six dynasties[modifier | modifier le code]
Durant la période des Six dynasties (de 220 à 589) qui suivit l’éclatement de l’empire Han, se forment plusieurs nouveaux courants de pensée taoïste qui seront dénommés plus tard le Shangqing, le Taiqing et le Lingbao. Ces courants doctrinaux se constituent en intégrant différentes formes de pensées et de pratiques religieuses.
Le Shangqing
Le terme Shangqing[4] désigna par la suite le courant taoïste dont le véritable fondateur est le grand théoricien Tao Hongjing (456-536), qui reprit et annota les révélations de Yang xi[5]. Pour atteindre l’immortalité, la méditation, la visualisation, l’extase, les techniques de respiration et de gymnastique daoyin sont préférées à l’alchimie. Il néglige les rituels collectifs et les talismans.
À l’origine le terme Taiqing
L’école Lingbao
Harmonisation du taoïsme, confucianisme et bouddhisme sous les Tang[modifier | modifier le code]
La période des Tang témoigne du développement de relations étroites entre le taoïsme, confucianisme et bouddhisme et d’efforts conscients pour harmoniser les Trois enseignements[2]. Les textes taoïstes commencent à incorporer la dialectique Madhyamaka.
Des éléments de l’enseignement du bouddhisme furent adoptés pour expliquer la profusion des doctrines, des écoles et des dieux. Cette multiplicité n’est en fait que la réalisation sous des formes différentes de la Vérité ultime sans forme ou du Corps de la Loi (fashen
C’est dans ce contexte qu’apparaît le premier témoignage textuel de la triade divine dans le Fengdao kejie
Association des Cieux avec des Écritures et des divinités[modifier | modifier le code]
Les trois cieux de « Pureté » Yuqing, Shangqing et Taiqing furent par la suite associés avec les trois dieux les plus élevés du taoïsme et avec trois ensembles d’Écritures connus comme les Trois Cavernes (sandong
À partir de cette époque, le terme Sanqing
- Le Vénérable céleste de l’origine (Yuanshi tianzun
元始 天 尊 ) - Le Vénérable céleste du Joyau numineux (Lingbao tianzun 灵宝
天 尊 ) - Le Vénérable céleste de la Voie et de sa Vertu (Daode tianzun
道德 天 尊 )
Ces trois divinités furent par la suite comprises comme une seule symbolisation du Dao. On peut donc les décrire plutôt comme une trinité qu’une triade[1]. Car ces Purs (ces Vénérables ou Tianzun) sont d’une nature radicalement différente de celle des autres divinités chinoise. Un Pur n’est pas une personne, mais une hypostase, un des nombreux aspects par lequel le Dao peut se rapprocher de l’humanité (Anna Seidel[7]).
Associations des Trois Puretés, d'après la table 18 de Kohn[1] | |||
TROIS PURETÉS Cieux : sanqing |
Pureté de jade Yuqing |
Haute Pureté Shangqing |
Pureté suprême Taiqing |
TROIS ORIGINES Sanyuan |
Caverne chaotique hundong |
Chaos rouge chihun |
Sombre et silencieux mingji |
TROIS CIEUX santian |
Ciel pur et ténu qingwei tian |
Ciel des restes de Yu Yuyu tian 禹余 |
Ciel grand écarlate dachi tian |
TROIS SOUFFLES san qi |
Inaugural, vert |
D’origine, jaune yuanhuang |
Mystérieux, blanc xuanbai |
TROIS CAVERNES sandong |
Réel dongzhen |
Mystérieux dongxuan |
Spirituel dongshen |
TROIS VÉNÉRABLES CÉLESTES santian zun |
Commencement original yuanshi |
Trésor numineux lingbao 灵宝 |
Voie et vertu daode |
Parmi ces triades, celle des Trois cavernes joue un rôle doctrinal important. Dénotant à l’origine le qi des Trois souverains (sanhuang
La Triade divine[modifier | modifier le code]
![](https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b0/Taoist_Triad.jpg/220px-Taoist_Triad.jpg)
Le Vénérable céleste du Commencement primordial (Yuanshi tianzun 元始 天 尊 )[modifier | modifier le code]
Yuanshi tianzun représente l’aspect cosmique et créatif du Dao. Il est représenté au centre de la triade et porte les attributs de la royauté.
Il est apparu la première fois vers l’année 485 dans les commentaires du Duren jing
Le titre de tianzun
Le Vénérable céleste du Joyau numineux (Lingbao tianzun 灵宝天 尊 )[modifier | modifier le code]
Lingbao tianzun joue le rôle de révélateur des écritures sacrées. Il se tient à la gauche du Vénérable céleste du Commencement et lui sert de porte-parole. Il est aussi connu sous les noms de Taishang daojun
Il apparaît avec une biographie développée dans les Écritures Lingbao 灵宝[n 2] comme un disciple et un messager du Vénérable céleste du Commencement. Les relations entre ces deux divinités sont pensées comme celles que l’on trouve dans le bouddhisme Mahayana, avec le Vénérable céleste résidant au-dessus de l’univers connu et le Seigneur de la Voie, son disciple cherchant des instructions pour soulager l’humanité souffrante.
Le Vénérable céleste de la Voie et de sa Vertu (Daode tianzun 道德 天 尊 )[modifier | modifier le code]
Le troisième dieux situé à droite de la divinité centrale, est « Le Vénérable céleste de la Voie et de sa Vertu » Taishang laojun
Là encore, il fait écho à un modèle bouddhiste, dans lequel la troisième divinité est le bodhisattva sauveur[1].
De nombreuses stèles représentant la triade du panthéon taoïste, décrites comme les Trois Vénérables, sanzun
Le premier témoignage textuel de la triade divine se trouve dans le Fengdao kejie
Notes[modifier | modifier le code]
- ainsi que :
天宝 君 、虚 皇 道 君 ,全 称 玉 清 圣境虚 无自然 原始 天 尊 - comme le Lingbao wufu jing 灵宝
五 符 经 dont certains passages sont cités dans le Baopuzi de Ge Hong
Références[modifier | modifier le code]
- Livia Kohn, « sanqing
三清 Three Clarity ; Three Purities; Three Pure Ones », dans Fabrizio Pregadio (ed.), The Routledge Encyclopedia of Taoism, vol I and II, London et New York, Routledge, 2008, 2011 - Isabelle Robinet, « Syncretism », dans Fabrizio Pregadio (ed.), The Routledge Encyclopedia of Taoism, London et New York, Routledge, 2008, 2011
- Pierre-Henry de Bruyn, Le taoïsme, Chemins de découverte, CNRS éditions, Paris, , 282 p.
- Isabelle Robinet, « Shangqing
上 清 Highest Clarity », dans Fabrizio Pregadio (ed.), The Routledge Encyclopedia of Taoism, vol I and II, London et New York, Routledge, 2008, 2011 - Isabelle Robinet, Histoire du taoïsme des origines au XIVe siècle, Cerf, , 270 p.
- Fabrizio Pregadio, « Taiqing
太 清 Great Clarity », dans Fabrizio Pregadio (ed.), The Routledge Encyclopedia of Taoism, London et New York, Routledge, 2008, 2011 - Anna Seidel, « Taoïsme – Religion non officielle de la Chine - », Cahiers d’Extrême-Asie, vol. 8, , p. 1-39 (lire en ligne)
- Fabrizio Pregadio, Great Clarity : Daoism And Alchemy In Early Medieval China, Stanford University Press,
Annexes[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Fabrizio Pregadio (ed.), The Routledge Encyclopedia of Taoism, Vol I and II, Routledge, 2008, 2011
- Père Henri Doré, Recherches sur les Superstitions en Chine, le Panthéon Chinois (éditions You Feng, 1995) Vol. 6
- Jacques Pimpaneau Chine Mythes et Dieux de la Religion Populaire (éditions Philippe Picquier, 1999)