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Migrants tunisiens: «Ça fait mal d'être reçus comme ça» - Libération
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Société 09/05/2011 à 16h18 (mise à jour à 18h28)

Migrants tunisiens: «Ça fait mal d'être reçus comme ça»

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Jeanne Ferney

Les «Tunisiens de Lampedusa» réclament un lieu où vivre et se réunir.

Les «Tunisiens de Lampedusa» réclament un lieu où vivre et se réunir. (Jeanne Ferney)

«J'étais tellement content d'arriver en France, ça fait mal d'être reçu comme ça», regrette Hakim, 23 ans. Posté devant le gymnase Fontaine-au-roi, occupé depuis trois jours, ce jeune Tunisien discute avec ceux qui, comme lui, ont quitté le pays après la chute de Ben Ali. Hakim, lui, est arrivé à Lampedusa en février, avec une centaine d'autres Tunisiens. Après trois jours de traversée, il reste un mois sur l'île italienne avant de gagner Paris, où un ami de son père l'héberge un temps. «Mais j'ai vite senti que je dérangeais. Je ne voulais pas m'imposer, alors je suis parti», raconte-t-il, un sourire aux lèvres.

Pour ne pas mettre son ami mal à l'aise, Hakim lui raconte qu'il a trouvé un autre «plan» chez une connaissance. En réalité, il part rejoindre d'autres «Tunisiens de Lampedusa», réfugiés au Parc de la Villette. Mais là encore, Hakim n'est pas le bienvenu. Après quelques semaines de camping, la police vient les déloger. C'est à ce moment-là qu'il atterrit à la Fontaine-au-roi. Epuisé, et surtout, «déçu par la France».

«Je sais que tout le monde se demande pourquoi les jeunes Tunisiens viennent en France alors qu'ils ont fait la révolution. En réalité, rien n'a changé là-bas. Ben Ali est tombé, mais le système, lui, est toujours là. Je voulais être libre, trouver un travail, c'est pour ça que je rêvais de venir en France», détaille Hakim.

1 700 euros la traversée

Originaire de Ben Bargane, près de la frontière libyenne, Hakim étudie pendant trois ans les sciences naturelles à l'université. Mais finit par se décourager: «Je savais très bien qu'il n'y aurait pas de travail au bout.» Pour économiser, le jeune homme travaille dans un magasin de vêtements. De quoi lui permettre de rémunérer un passeur. Prix du voyage: 1.700 euros. Il casse sa tirelire.

Depuis son départ, Hakim garde toujours son portable sur lui et appelle le plus souvent possible sa famille, qui a laissé partir l'aîné avec appréhension. A chaque coup de fil, il tâche de les rassurer. «Tout va bien, j'ai un logement, je mange, et je vais bientôt trouver un travail», leur ment-il.

Zouhier a, lui aussi, trouvé refuge au gymnase Fontaine-au-roi. Arrivé en France il y a trois mois, il fait partie des anciens «squatteurs» de l'avenue Bolivar dans le XIXe, expulsés par les forces de l'ordre mercredi dernier. Une occupation qui a valu au jeune homme vingt-quatre heures de garde à vue. «C'est ça la liberté en France», lâche-t-il, dégoûté. Assis sur un scooter, il enchaîne les cigarettes, angoissé par tant d'incertitudes. «Après ça, je ne sais pas où j'irai», confie-t-il.

Obtenir un lieu collectif

Hier, un représentant de la mairie s'est rendu sur place pour proposer une solution de relogement. «Il voulait nous proposer 90 places réparties dans deux endroits différents. Mais ce n'est pas assez pour tous nous loger!», explique Mohammed, 22 ans. Membre du Collectif pour les Tunisiens de Lampedusa, Mohammed se bat depuis des semaines pour obtenir de la mairie un lieu unique où les «Tunisiens de Lampedusa» pourraient se réunir et s'organiser. De quoi leur permettre de trouver un travail, et de commencer une nouvelle vie.

En attendant, tous ont reçu de la mairie l'autorisation de rester dans le gymnase jusqu'à demain. Aujourd'hui encore, les discussions se poursuivent. La mairie devrait formuler une nouvelle proposition d'ici la fin de la journée. «Quoi qu'il se passe, on ne va pas lâcher», assure Hakim. «Le courage, c'est bien la seule chose que Ben Ali ne nous a pas prise».

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