La carabine tchécoslovaque VZ 24 Texte et photos : Luc Guillou Carabine VZ 24 et sa baïonnette vues du côté droit. Premier type de marquage de chambre rencontré sur les Mauser tchécoslovaques du type 1898/22. Embouchoir bien identifiable d’un VZ 24. 32 Gazette des armes n°457 En 1919 et 1920, la défaite des empires centraux est sanctionnée par trois traités de paix : ceux de Versailles (avec l’Allemagne), de Saint Germain en Laye et de Trianon (avec l’Empire Austro-hongrois et celui de Sèvres (avec l’Empire Ottoman), qui règlent les conditions d’un nouvel ordre mondial. Le traité de Saint Germain en Laye, démembre l’Empire Austro-hongrois en créant de nouvelles nations : Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne, Yougoslavie et Autriche. Ces créations, fondées sur le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, illustrent mieux que tout autre exemple la maxime qui veut que « l’enfer soit pavé de bonnes intentions ». Les vainqueurs estiment en effet que le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’a pas à s’appliquer aux nations vaincues. Les traités de paix vont donc inclure contre leur gré de nombreuses minorités allemandes dans des ensembles nationaux étrangers qui n’auront de cesse de les brimer au nom de l’assimilation. La république des Tchèques et des Slovaques Annexant les minorités allemandes de la région des Sudètes à la Tchécoslovaquie, les Allemands de Silésie et de Dantzig à la Pologne et refusant à l’Autriche, réduite à sa seule population germanique, son rattachement à l’Allemagne, les traités de 1919 engendrent donc des tensions qui portent en elles les germes de la Seconde Guerre Mondiale. Après qu’ait été créée, en octobre 1918, la République des Tchèques et des Slovaques (Tchécoslovaquie), le premier soin de la nouvelle république est de mettre sur pied une armée nationale susceptible de garantir son indépendance. La jeune armée tchécoslovaque se trouve tout d’abord équipée de fusils Mannlicher héritage de l’Empire Austro-hongrois, de fusils Lebel et Berthier fournis par la France au titre de l’aide militaire et de quelques Mauser abandonnés sur place au cours des mouvements des troupes allemandes. Cet armement hétéroclite usé demande à être remplacer au plus vite par un équipement homogène et moderne. Comme la plupart des nouvelles nations formées en Europe centrale après la Première Guerre Mondiale, la Tchécoslovaquie choisit de s’équiper de ce qui est considéré comme l’une des meilleures armes d’épaule du moment : le fusil Mauser modèle 1898, en choisissant une arme chambrée pour la cartouche allemande M.98 de 7,92x57 mm. Ce choix est conforté par la possibilité de récupérer au titre des dommages de guerre ou en les rachetant à bas prix aux manufactures allemandes en plein démantèlement, des machines outils et des stocks de pièces détachées de fusils Mauser. En outre nombre d’ouvriers, de techniciens et d’ingénieurs allemands, réduits à la misère par la fermeture des établissements d’armement qui les employaient jusqu’alors choisissent d’émigrer en Tchécoslovaquie où leur savoir faire est demandé. La Tchécoslovaquie possède elle aussi une riche tradition industrielle et le matériel ferroviaire ainsi que les pièces d’artillerie fabriquées par la firme Skoda étaient déjà réputées au début du XX e siècle pour leur grande qualité. En mars 1919 le gouvernement tchécoslovaque décide de créer en Bohême, dans la ville de de Brno une manufacture d’armes d’état appelée « Ceskoslovenske zavody na vyrobu zbrani » (Manufacture tchécoslovaque pour la fabrication des armes de Brno). |