Impératrice du Japon
L'impératrice du Japon (
L'impératrice actuelle, née Masako Owada, est l'épouse de l'empereur Naruhito. Elle est la deuxième à ne pas être issue de l'aristocratie, après sa belle-mère l'impératrice Michiko.
Titulature
[modifier | modifier le code]L'impératrice du Japon n'est jamais, de son vivant, désignée sous son prénom de naissance, à l'instar de l'empereur. Elle est donc désignée généralement comme Sa Majesté l'Impératrice du Japon (
Si elle devient veuve, elle prend alors le titre d'impératrice douairière (
Histoire
[modifier | modifier le code]Historique du nom
[modifier | modifier le code]À l'origine, l'épouse du souverain du Japon était désigné sous le terme de Kisaki (
L'utilisation des kanji
En 1000, le régent Fujiwara no Michinaga (966 – 1027), pour assurer son pouvoir, marie sa fille Shosi à l'empereur Ichijō (980 – 1011 ; empereur de 986 à 1011). Or, l'empereur a déjà une impératrice en titre Kōgō (
Toutefois, de la fin du XIVe siècle jusqu'à 1607, le titre d'impératrice n'est plus donné à aucune épouse des empereurs qui sont toutes donc désignées sous l'appellation informelle de « Concubines » (
Il est à noter que les dix impératrices régnantes ont porté le titre de leur équivalent masculin, à savoir Tennō (
Histoire des stratégies matrimoniales
[modifier | modifier le code]Les souverains précédant l’empereur Taishō (1912 – 1926) avaient plusieurs épouses et concubines d’origine noble, dont en principe une (ou plus rarement deux) impératrice(s) en titre. Le choix de ces femmes ainsi que leur rang étaient déterminés selon leur famille de naissance. Il semble qu’à l’origine les impératrices provenaient du clan impérial lui-même. Par la suite, elles furent le plus souvent choisies dans le clan allié le plus puissant, qui fut tout d'abord les Soga aux VIe/VIIe siècle. Le relais fut pris au début du VIIIe siècle (empereur Shomu) par les Fujiwara. L'habitude de choisir l'impératrice dans le clan impérial ou le principal clan allié faisait qu'une relation consanguine existait entre les conjoints impériaux, très rapprochés parfois, surtout dans les premiers siècles (demi-frère et sœur ou oncle et nièce). Le beau-père de l’empereur, qui était souvent son oncle maternel, exerçait un pouvoir important. Les Fujiwara, en particulier, s’attribuèrent de façon héréditaire les positions de régents (sesshō et kanpaku) et dominèrent la politique durant la période Heian (794-1185). Cette importance d'être le père de l'impératrice se retrouve dans la création par Fujiwara no Michinaga du titre de Chūgū en 1000 pour sa fille Shosi.
Même après l’ascension des shoguns Minamoto, Taira et Ashikaga, les cinq branches de sekke (classe supérieure de l'aristocratie de cour japonaise) du clan Fujiwara (Ichijō, Kujō, Nijō, Konoe et Takatsukasa) continuèrent de fournir l'essentiel des impératrices. Ce fait fut entériné officiellement lors de la restauration de Meiji (1889) : les filles des cinq grandes branches Fujiwara furent dans un premier temps désignées comme les seules aptes à accéder au statut d'impératrice. La dernière impératrice Fujiwara fut Teimei, née princesse Sadako dans le clan Kujō, épouse de l'empereur Taishō. L’impératrice Kōjun, femme de l'empereur Shōwa, venait d'une branche cadette de la famille impériale, et cette union a été en son temps combattue par plusieurs traditionalistes au sein de la cour, dont le prince Aritomo Yamagata. Son fils Akihito fut le premier à épouser une femme qui ne venait pas de la noblesse (impératrice Michiko).
Rôle
[modifier | modifier le code]Le rôle originel de l'impératrice était avant tout d'assurer un lien entre la fonction impériale et l'aristocratie et de permettre à la seconde de mieux contrôler la première. Toutefois, depuis l'abandon de la polygamie au début du XXe siècle, l'impératrice a perdu l'essentiel de son rôle social et est seule chargée désormais d'assurer la descendance de l'empereur. Une forte pression est exercée alors sur les épouses impériales de la part des membres de l'Agence impériale, pression tellement forte qu'elle a poussé deux épouses successives de princes héritiers à entrer en dépression : l'actuelle impératrice honoraire Michiko, alors qu'elle n'était encore que princesse héritière (et qui a encore connu dans les années 2000 et 2010 des problèmes de santé chroniques en raison du stress, jusqu'à l'abdication de son mari le ), et l'épouse de l'actuel empereur Naruhito, l'impératrice Masako.
Les fonctions officielles de l'impératrice sont celles de tous les conjoints de souverain : seconder et accompagner son époux. Les impératrices sont impliquées également depuis la révolution Meiji dans des œuvres de bienfaisance, notamment en prenant la présidence d'honneur de la Croix-Rouge japonaise. Elle a également des obligations traditionnelles et rituelles, notamment celle de s'occuper du Momijiyama Imperial Cocoonery, une ferme séricicole située dans le parc du palais impérial. Elle participe ainsi à la cérémonie annuelle de récolte de la soie, nourrit personnellement les vers à soie avec des feuilles de mûrier et est chargée de s'occuper de ces animaux, des bâtiments et du personnel de la ferme. Depuis 1994, une partie de la soie récoltée est donnée par l'impératrice au dépôt Shôsô-in du temple bouddhique Tōdai-ji à Nara.
Résidences
[modifier | modifier le code]Les trois impératrices (actuelle, douairière et grande douairière) habitaient donc à l'origine dans un palais qui leur était propre, dénommé initialement Chūgū. Désormais, l'impératrice réside avec son époux dans le Kyūden au sein du Kōkyo à Tokyo.
Les résidences des impératrices douairières, situées — généralement — également dans le Kōkyo, portent traditionnellement le nom d'Ōmiya (
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Japan Encyclopedia, Louis-Frédéric, 2002