Jinmu
Jinmu Tennō | |
Jinmu représenté sur une œuvre de 1891. | |
Titre | |
---|---|
1er empereur du Japon | |
– (75 ans) |
|
Prédécesseur | Nouvelle fonction |
Successeur | Suizei |
Biographie | |
Dynastie | Lignée Yamato |
Date de naissance | |
Date de décès | (à 126 ans) |
Lieu de décès | Japon |
Conjoints | Ahiratsu-hime (en), Himetataraisuzu-hime |
Enfants | Tagishimimi (en), Kisumimi (en), Kamuyaimimi, Hikoyai (en), Suizei |
|
|
Empereurs du Japon | |
modifier |
L'empereur Jinmu ou Jimmu (
Tradition
[modifier | modifier le code]Selon la tradition décrite dans le Kojiki (Récit des faits anciens, ouvrage considéré comme le tout premier écrit du Japon) et le Nihon shoki, Jinmu est né le , meurt le et fonde l'empire du Japon le [1]. Comme les autres premiers empereurs du Japon, son existence historique n'est pas attestée et sa vie relève surtout de la mythologie. Jinmu, qui signifie « puissance divine », est un nom posthume, de forme chinoise et d'inspiration bouddhiste, attribué au VIIIe siècle à Kamu Yamato Iware Hiko no Mikoto lors de la compilation des légendes Yamato dans le Kojiki. D'autres appellations existent, notamment : Kamu Yamato Iware Hiko no Sumera-Mikoto (Nihongi) et Kamu Yamato Iware Hiko Ho Ho Demi Tennō (Nihon ōdai ichiran).
Ascendance
[modifier | modifier le code]Selon la croyance shinto, Jinmu est considéré comme un arrière-arrière-arrière-petit-fils de la déesse du soleil Amaterasu. Celle-ci avait un fils nommé Ame-no-oshihomimi et à travers lui un petit-fils, Ninigi-no-Mikoto. Elle envoie son petit-fils dans l'archipel japonais où il épouse la princesse Konohana-no-Sakuya. L'un de leurs trois enfants est Hikohohodemi no Mikoto, aussi appelé Yamasachihiko, qui épouse la princesse Toyo-tama, fille d'Owatatsumi, dieu de la mer et frère d'Amaterasu. Ils ont un fils nommé Hikonagisa Takeugaya Fukiaezu no Mikoto. L'enfant, abandonné par ses parents à la naissance, est élevé par la princesse Tamayori, la jeune sœur de sa mère Tamayori-bime. Ils finissent par se marier et ont quatre enfants, dont le dernier devient l'empereur Jinmu.
Migration
[modifier | modifier le code]Toujours selon le Kojiki et le Nihon shoki (dont les récits diffèrent cependant en de nombreux points), les frères de Jinmu, nés à Takachiho (au sud de Kyūshū, dans l'actuelle préfecture de Miyazaki), émigrent dans l'est pour trouver un meilleur endroit où s'implanter afin de régner sur la région. Itsuse no Mikoto, frère aîné de Jinmu, est le dirigeant initial de la migration, et ils traversent la mer intérieure de Seto avec l'aide du chef tribal local Sao Netsuhiko. Alors qu'ils atteignent Naniwa (l'actuelle Osaka), ils rencontrent une farouche résistance de la part d'un autre chef local, Nagasunehiko (« Homme aux longues jambes ») et Itsuse est tué dans la bataille. Jinmu, considérant qu'ils avaient perdu car ils avaient combattu vers l'est, contre le soleil, décide par conséquent de débarquer à l'est de la péninsule de Kii et de combattre tourné vers l'ouest. Ils atteignent Kumano, et guidés par Yatagarasu (
Selon une autre légende, un milan d'or se pose sur l'arc de Jinmu, et dardant des rayons de lumière éblouissante sur les ennemis des Amatsukami, perce le brouillard qui s'était appesanti sur le champ de bataille. Jinmu saisit l'occasion pour remporter la victoire. Cette bataille décisive aurait eu lieu le 4e jour du 12e mois du calendrier japonais traditionnel, sur le site d'un village nommé Tobi-no-Mura en l'honneur du milan d'or. Cette victoire miraculeuse est représentée dans nombre d'œuvres d'art, notamment des peintures de l'ère Shōwa et des statues de parade de Jinmu. Elle est aussi commémorée par l'Ordre du Milan d'or, qui sous l'Empire récompensait les faits d'armes.
Au Yamato, Nigihayahi no Mikoto, qui clame aussi être un descendant des dieux de Takama-ga-hara, est le protégé de Nagasunehiko, et utilise un arc et des flèches pour démontrer sa légitimité. Cependant, quand Nigihayahi rencontre Jinmu, il accepte sa légitimité, et Jinmu est couronné empereur au palais de Kashihara. Nagasunehiko est quant à lui exécuté sur décret impérial, parce qu'il complote une reprise des hostilités en dépit du fait d'avoir accepté la supériorité des reliques de Jinmu (Sanshu no Jingi, Futsunushi no Tsurugi, l'arc et les flèches de Jinmu...) prouvant sa légitimité de monarque de droit divin, sur celles de Nigihayahi (un arc et des flèches, ainsi que les témoignages oculaires d'êtres descendus sur terre sur Ame no Iwa Bune, une barque voguant dans les airs). Les descendants de Nigihayahi acceptent de servir loyalement, et auraient formés le clan Mononobe, prestigieux dans le Japon archaïque, et qui a plus ou moins subsisté jusqu'à l'époque moderne malgré des revers de fortune.
Le jour de l'an du calendrier luni-solaire japonais est traditionnellement célébré comme le début du règne de l'empereur Jinmu. En 1872, le gouvernement de Meiji proclame que le jour de la fondation du Japon est le du calendrier grégorien. Cette date mythique est commémorée par le jour férié Kigensetsu (« jour de l'ère ») de 1872 à 1948, puis sous celui de Kenkoku kinen no hi (« jour de la fondation nationale ») depuis 1966.
Légende
[modifier | modifier le code]Jinmu aurait reçu d'Amaterasu trois objets extraordinaires : le Yata no Kagami, un miroir magique lui permettant de voir toutes les îles du Pacifique, le Magatama, un bijou et le Kusanagi-no-tsurugi, une épée. Ces trois objets seraient, de nos jours encore, cachés dans trois sanctuaires différents au Japon.
L'empereur et la propagande Shōwa
[modifier | modifier le code]Dès 1928, l'empereur Shōwa devint associé au renouveau du principe du Hakkō ichi'u, les huit coins du monde sous un seul toit. Cette expression avait été employée selon le Nihon shoki par Jinmu pour décrire son destin « d'unifier le monde sous sa gouverne bienveillante[2] » et devint le fondement de l'expansionnisme du Japon Shōwa[3].
En 1940, le Japon célébra en grande pompe le Kigensetsu, coïncidant avec le 2600e anniversaire de la fondation mythique de la nation[4].
Sujin
[modifier | modifier le code]Le dixième empereur, Sujin, est comme Jinmu désigné sous le nom de Hatsu Kuni Shirasu no Mikoto, « premier souverain gouvernant le pays », et les deux peuvent donc être identifiés l'un à l'autre, ce qui placerait sa vie au IIIe siècle[réf. nécessaire].
Arbre généalogique
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Il existe deux manières de transcrire ce nom : « Ika-gashiko-me » est utilisé par Tsutomu Ujiya, tandis que « Ika-shiko-me » est utilisé par William George Aston..[35]
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Emperor Jimmu » (voir la liste des auteurs).
- Pour des explications supplémentaires à propos de ces dates, se reporter à l'article Datation traditionnelle du Japon.
- (en) David C. Earhart, Certain Victory, p. 63, 2007.
- (en) Herbert Bix, Hirohito and the Making of Modern Japan, p. 201, 2001.
- (en) John Brownlee, Japanese Historians and the National Myths, 1600-1945: The Age of the Gods, pp. 136, 180-185.
- (en) Donald L. Philippi, Kojiki, Princeton University Press, , 104–112 p.
- Kadoya Atsushi et Yumiyama Tatsuya, « Ōkuninushi », Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
- (en) J. Herbert, Shinto: At the Fountainhead of Japan, Taylor & Francis, coll. « Routledge Library Editions: Japan », (ISBN 978-1-136-90376-2, lire en ligne), p. 402
- Kadoya Atsushi, « Ōnamuchi », Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
- The Emperor's Clans: The Way of the Descendants, Aogaki Publishing, 2018.
- (en) Varley, H. Paul., Jinnō Shōtōki: A Chronicle of Gods and Sovereigns, Columbia University Press, (ISBN 9780231049405, lire en ligne), p. 89
- Kadoya Atsushi, « Kotoshironushi », Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
- Sendai Kuji Hongi, Book 4 (
先代 舊 事 本紀 巻 第 四 ), in (en) Kokushi-taikei, vol. 7 (国史 大系 第 7巻 ), Keizai Zasshisha, , 243–244 p. (lire en ligne) - Chamberlain (1882). Section XXIV.—The Wooing of the Deity-of-Eight-Thousand-Spears.
- Tanigawa Ken'ichi (de) 『
日本 の神 々神社 と聖地 7山陰 』(新装 復刊 ) 2000年 白水 社 (ISBN 978-4-560-02507-9) - Nishioka Kazuhiko, « Isukeyorihime » [archive du ], Encyclopedia of Shinto, (consulté le )
- 『
神話 の中 のヒメたち もうひとつの古事記 』p94-97「初代 皇后 は「神 の御子 」」 - (ja) デジタル
版 日本人 名 大 辞典 +Plus, «日子 八 井 命 とは », sur コトバンク (consulté le ) - Maral ANDASSOVA, « Emperor Jinmu in the Kojiki », Japan Review, no 32, , p. 5–16 (ISSN 0915-0986, JSTOR 26652947, lire en ligne)
- (en) « Visit Kusakabeyoshimi Shrine on your trip to Takamori-machi or Japan », sur trips.klarna.com (consulté le )
- (en) Nussbaum, Louis-Frédéric (en), Japan Encyclopedia, Harvard University Press, (ISBN 9780674017535, lire en ligne), p. 32
- (en) Ponsonby-Fane, Richard, The Imperial House of Japan, Ponsonby Memorial Society, (lire en ligne), p. 29 & 418
- (en) Brown, Delmer M. (en) and Ichirō Ishida, A Translation and Study of the Gukanshō, an Interpretative History of Japan Written in 1219, University of California Press, (ISBN 9780520034600, lire en ligne), p. 251
- 『
図説 歴代 天 皇紀 』p42-43「綏靖天皇 」 - Anston, p. 144 (Vol. 1)
- (en) Allan G. Grapard, The Protocol of the Gods: A Study of the Kasuga Cult in Japanese History, University of California Press, (ISBN 978-0-520-91036-2, lire en ligne)
- (en) Tenri Journal of Religion, Tenri University Press, (lire en ligne)
- (en) Tomoaki Takano et Hiroaki Uchimura, History and Festivals of the Aso Shrine, Aso Shrine, Ichinomiya, Aso City., Aso Shrine,
- Anston, p. 143 (Vol. 1)
- Anston, p. 144 (Vol. 1)
- (ja) Masatada Watase, Nihon Koten Bungaku Daijiten (en), vol. 1, Tokyo, Iwanami Shoten, , 586–588 p. (OCLC 11917421), « Kakinomoto no Hitomaro »
- (en) Aston, William George., Nihongi: Chronicles of Japan from the Earliest Times to A.D. 697, Volume 2, The Japan Society London, , 150–164 p. (ISBN 9780524053478, lire en ligne)
- (en-GB) « Kuwashi Hime • . A History . . of Japan .
日本 歴史 », sur . A History . . of Japan .日本 歴史 (consulté le ) - Anston, p. 149 (Vol. 1)
- Louis-Frédéric, "Kibitsu-hiko no Mikoto" in Japan Encyclopedia, p. 513.
- (en) Ujiya, Tsutomu, Nihon shoki, Grove Press, (ISBN 978-0-8021-5058-5), p. 121
- (en) Aston, William George., Nihongi: Chronicles of Japan from the Earliest Times to A.D. 697, Volume 2, The Japan Society London, (ISBN 9780524053478, lire en ligne), p. 109 & 149–150
- Shimazu Norifumi, « Takeshiuchi no Sukune », eos.kokugakuin.ac.jp, (consulté le )
- (en) Asakawa, Kan'ichi, The Early Institutional Life of Japan, Tokyo Shueisha, (ISBN 9780722225394, lire en ligne), p. 140
- (en) Brown, Delmer M. (en) and Ichirō Ishida, A Translation and Study of the Gukanshō, an Interpretative History of Japan Written in 1219, University of California Press, (ISBN 9780520034600, lire en ligne), p. 248 & 253
- (en) Kenneth Henshall, Historical Dictionary of Japan to 1945, Scarecrow Press, (ISBN 978-0-8108-7872-3, lire en ligne)
- (en-GB) « Mimakihime • . A History . . of Japan .
日本 歴史 », sur . A History . . of Japan .日本 歴史 (consulté le ) - (en) Brown, Delmer M. (en) and Ichirō Ishida, A Translation and Study of the Gukanshō, an Interpretative History of Japan Written in 1219, University of California Press, (ISBN 9780520034600, lire en ligne), p. 248 & 253–254
- (en) Kenneth Henshall, Historical Dictionary of Japan to 1945, Scarecrow Press, (ISBN 978-0-8108-7872-3, lire en ligne)
- (en-GB) « Sahobime • . A History . . of Japan .
日本 歴史 », sur . A History . . of Japan .日本 歴史 (consulté le ) - Memoirs of the Research Department of the Toyo Bunko (the Oriental Library), Issues 32-34. Toyo Bunko. 1974. p. 63. Retrieved July 30, 2019.
- (en-GB) « Yasakairihime • . A History . . of Japan .
日本 歴史 », sur . A History . . of Japan .日本 歴史 (consulté le ) - (en) Kenneth Henshall, Historical Dictionary of Japan to 1945, Scarecrow Press, (ISBN 9780810878723, lire en ligne), p. 487
- (en) Memoirs of the Research Department of the Toyo Bunko (the Oriental Library), Issues 32-34, Toyo Bunko, , 63–64 p. (lire en ligne)
- « Saigū |
國學院大學 デジタルミュージアム », sur web.archive.org, (consulté le ) - Brown Delmer et al. (1979). Gukanshō, p. 253; Varley, H. Paul. (1980). Jinnō Shōtōki, pp. 95-96; Titsingh, Isaac. (1834). Annales des empereurs du japon, p. 10.
- (en) Kidder, Jonathan E., Himiko and Japan's Elusive Chiefdom of Yamatai: Archaeology, History, and Mythology, University of Hawaii Press, (ISBN 9780824830359, lire en ligne), p. 344
- (en) Packard, Jerrold M., Sons of Heaven: A Portrait of the Japanese Monarchy, FireWord Publishing, Incorporated, (ISBN 9781930782013, lire en ligne), p. 45
- (en) Xinzhong, Yao (en), Confucianism O - Z, Taylor & Francis US, (ISBN 9780415306539, lire en ligne), p. 467
- Aston, William George. (1998). Nihongi, p. 254–271.
- Aston, William. (1998). Nihongi, Vol. 1, pp. 224–253.
- (ja)
文也 , «仲 姫 命 とはどんな人 ? », sur歴史 好 きブログ, (consulté le ) - (ja)
朝 日 日本 歴史 人物 事典 ,デジタル版 日本人 名 大 辞典 +Plus, «仲 姫 命 (なかつひめのみこと)とは?意味 や使 い方 », sur コトバンク (consulté le ) - (en-GB) « Nunasoko Nakatsuhime • . A History . . of Japan .
日本 歴史 », sur . A History . . of Japan .日本 歴史 (consulté le ) - Aston, William. (1998). Nihongi, Vol. 1, pp. 254–271.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Louis Frédéric, Le Japon, dictionnaire et civilisation, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1419 p. [détail des éditions] (ISBN 2-221-06764-9)
Liens internes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :