Tōrō
Au Japon, les tōrō (
Histoire[modifier | modifier le code]
Comme beaucoup d'autres éléments de l'architecture traditionnelle japonaise, ces lanternes sont originaires de Chine, quoiqu'il n'en subsiste que de très rares exemplaires dans ce pays et qu'elles ne sont pas aussi répandues en Corée qu'elles le sont au Japon[1]. Au Japon, les tōrō sont à l'origine employés seulement dans les temples bouddhistes où ils sont alignés et éclairent les chemins. Les lanternes allumées sont alors considérées comme une offrande à Bouddha[2]. Durant l'époque de Heian (794-1185) cependant, ils commencent à être utilisés dans les sanctuaires shinto et les résidences privées[3].
Les plus anciennes lanternes de bronze et de pierre existantes se trouvent à Nara. Taima-ji possède une lanterne en pierre façonnée à l'époque de Nara, tandis que celle de Kasuga-taisha date de l'époque de Heian[4]. Durant l'époque Azuchi Momoyama (1568-1600), les lanternes de pierre sont rendues populaires par les maîtres du thé qui les utilisent comme décoration dans les jardins[1]. Bientôt ils commencent à développer de nouveaux types en fonction de la nécessité. Dans les jardins modernes, ils ont une fonction purement ornementale et sont disposés le long des chemins, près de l'eau ou à côté d'un bâtiment[2].
Description[modifier | modifier le code]
Les tōrō peuvent être classés en deux types principaux, les tsuri-dōrō (
Dans sa forme originale complète (certains de ses éléments peuvent être manquants ou bien avoir des ajouts), comme le gorintō et la pagode, le dai-dōrō représente les cinq éléments de la cosmologie bouddhiste[5]. La partie la plus basse et qui touche le sol, représente chi, « la terre », la partie suivante représente sui, « l'eau » ; ka, « le feu », est représenté par la partie recouvrant la lumière ou la flamme de la lanterne, tandis que fū, « l'air », et kū, « le vide ou l'esprit », sont représentés par les deux dernières parties les plus hautes et dirigées vers le ciel. Les segments expriment l'idée qu'après la mort, nos corps physiques retournent à leur forme élémentaire originale.
Lanternes suspendues[modifier | modifier le code]
Également appelées kaitomoshi (掻灯 ), les lanternes suspendues tsuri-dōrō sont petites, possèdent quatre à six côtés et sont faites de métal (cuivre) ou de bois. Introduites à l'origine en provenance de Chine via la Corée au cours de l'époque de Nara, elles sont initialement utilisées dans les palais impériaux[6].
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Lanterne suspendue votive.
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Lanterne suspendue hexagonale.
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Lanterne suspendue au Fushimi Inari-taisha.
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Lanternes suspendues au Kasuga-taisha.
Lanternes en bronze[modifier | modifier le code]
Les lanternes en bronze, ou kondō-dōrō (
Nombre d'entre elles sont classées bien culturel important par l'agence pour les Affaires culturelles. Celle située en face du daibutsuden du Tōdai-ji par exemple est classée trésor national japonais[7]. Dans son musée, Kōfuku-ji en possède une fabriquée en 816 qui est aussi classée trésor national.
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Lanterne en bronze au Hōryū-ji.
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Lanterne en bronze au Tōdai-ji (trésor national japonais).
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Lanterne en bronze au Nikkō Tōshō-gū.
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Lanterne en bronze au Itsukushima-jinja.
Lanternes de pierre[modifier | modifier le code]
Un dai-dōrō est le plus souvent fait de pierre, et dans ce cas est appelé ishi-dōrō (
Structure d'une lanterne de pierre[modifier | modifier le code]
Les éléments traditionnels d'une lanterne en pierre (ou en bronze) sont, de haut en bas[3] :
- hōju ou hōshu (
宝珠 , lit. « joyau ») : la partie en forme d'oignon au sommet du faîteau ; - ukebana (請花 , lit. « fleur de réception ») : le support en forme de lotus du hōshu ;
- kasa (
笠 , lit. « parapluie ») : le parapluie conique ou pyramidal couvrant le foyer. Les coins peuvent se recourber vers le haut pour former ce qu'on appelle warabide (蕨 手 ) ; - hibukuro (
火袋 , lit. « sac à feu ») : le foyer où est allumé le feu ; - chūdai (
中台 , lit. « plateforme centrale ») : la partie sur laquelle repose le foyer ; - sao (
竿 , lit. « poteau ») : le poteau, souvent absent ou remplacé par des pieds ; - kiso (
基礎 , lit. « fondation » ) : la base, généralement arrondie ou hexagonale, et absente dans un ikekomi-dōrō (voir ci-dessous) ; - kidan (
基壇 , lit. « plateforme de base »)[6] : une dalle de pierre aux formes variées parfois présente sous la base.
Comme indiqué ci-dessus, la structure de la lanterne est destinée à symboliser les cinq éléments de la cosmologie bouddhiste. À la seule exception du foyer, des pièces peuvent être absentes. Par exemple, un oki-dōrō, ou lanterne mobile (voir ci-dessous), ne dispose pas de poteau et repose directement sur le sol. Il peut aussi manquer un parapluie.
Types de lanterne en pierre[modifier | modifier le code]
Les lanternes de pierre peuvent être classées en cinq groupes de base, chacun possédant de nombreuses variantes.
Lanternes sur pied[modifier | modifier le code]
Les tachidōrō (
- Kasuga-dōrō (
春日 灯籠 ). Nommé d'après Kasuga-taisha, il est très commun dans les temples et les sanctuaires. Le parapluie est petit et présente soit six ou huit faces avec un warabite dans les coins. Le foyer est soit hexagonal soit carré, avec des sculptures représentant des cerfs, le Soleil ou la Lune. Grand et mince, il est souvent trouvé près du deuxième torii d'un sanctuaire[3]. - Yūnoki-dōrō (
柚ノ木 灯篭 ). La deuxième plus ancienne lanterne de pierre au Japon, qui se trouve au sanctuaire Kasuga, est un yūnoki-dōrō ou lanterne de pierre de cédratier[9]. Ce style remonte au moins à l'époque de Heian. Le poteau a des anneaux sculptés en bas, au milieu et en haut, et la base hexagonale et la plate-forme du milieu sont sculptées avec des lotus. Le parapluie est simple et n'a ni warabite ni ukebana[1]. Le yunoki semble provenir d'un cédratier qui se dressait près de la lanterne du sanctuaire de Kasuga[9]. Ce type de lanterne est devenu populaire dans les jardins des maisons de thé durant l'époque d'Edo.
Lanternes enfouies[modifier | modifier le code]
Les ikekomi-dōrō (
- Oribe-dōrō (
織部 灯籠 ). Ce type commun est nommé d'après Furuta Shigenari, un noble connu sous le nom « Oribe », qui l'a conçu pour être utilisé dans les jardins[10]. Le foyer est un cube avec une fenêtre de chaque côté : l'avant et l'arrière sont de forme carrée, la droite et à gauche sont respectivement en forme de croissant de lune et de pleine lune. Le parapluie est petit et possède quatre faces. - Kirishitan-dōrō (キリシタン
灯籠 ). C'est en fait un oribe-dōrō avec des symboles chrétiens cachés. Ce style est né pendant la persécution de la religion chrétienne au Japon, où beaucoup ont continué à pratiquer leur foi en secret[10],[note 2]. - Mizubotaru-dōrō (
水 蛍 燈籠 ). Il s'agit d'un ikekomi-dōrō typique, son foyer comporte des ouvertures carrées sur deux côtés opposés et des ouvertures à double triangle sur les deux autres côtés. Ce type de lanterne est utilisé à la villa impériale de Katsura à Kyoto. Le toit est de forme carrée et arrondie[10].
Lanternes mobiles[modifier | modifier le code]
Les oki-dōrō (
Sankō-dōrō (
Nozura-dōrō[modifier | modifier le code]
Les nozura-dōrō (
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Tachi-dōrō du type kasuga-dōrō.
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Un kirishitan-dōrō.
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Ikekomi-dōrō du type kirishitan-dōrō.
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Un oki-dōrō.
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Un nozura-dōrō.
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Un kaku-dōrō (
角 灯籠 , « lanterne carrée »). -
Lanterne en pierre en Corée.
Yukimi-dōrō[modifier | modifier le code]
Les yukimi-dōrō (
Ce type de lanterne a probablement été développé au cours de l'époque Azuchi Momoyama, mais les plus anciens exemples existants — qui se trouvent à la villa impériale de Katsura à Kyoto —, ne remontent qu'aux débuts de l'époque d'Edo au XVIIe siècle[8].
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Yukimi-dōrō à quatre pieds.
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Yukimi-dōrō à trois pieds. Un pied repose à terre, les deux autres dans l'eau.
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Yukimi-dōrō à deux pieds.
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Yukimi-dōrō à un pied.
Lanternes en porcelaine[modifier | modifier le code]
Notes et références[modifier | modifier le code]
Notes[modifier | modifier le code]
- «
灯篭 » est juste une forme simplifiée de «灯籠 ». - Pour plus de détails, voir l'article Kakure Kirishitan.
Références[modifier | modifier le code]
- (ja) « Teien no Go-annai - Tōrō », Kuwayama Museum (consulté le ).
- « Japanese Stone Lanterns », The Huntington, Library, Art Collections and Botanical Gardens (consulté le ).
- Iwanami Kōjien (
広辞苑 ) Japanese Dictionary, 6e édition, 2008, version DVD . - (ja) « Tōrō »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Shogakukan Encyclopedia on line, Yahoo! Japan (consulté le ).
- « Five Element Pagodas, Stupas, Steles, Gravestones », Onmark Productions (consulté le ).
- « Tōrō », JAANUS (consulté le ).
- (ja) « Kokuhō Jūyō Bunkazai -
金銅 燈籠 », Kōfuku-ji (consulté le ). - (ja) « Onrain Tenjijō »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Yamamoto Sekigei (consulté le ).
- « Glossary », Japanese Gardens (consulté le ).
- « Japanese Lanterns », Japanese Gardening (consulté le ).